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Je ne suis presque pas sorti du lit du week-end. Je me ressassais en boucle les événements de vendredi soir, avec déception, sans me souvenir de comment j'étais rentrée chez moi et jusque dans mon lit.

Lundi, Eddie n'est pas venu à l'école. Robin m'a informé le midi qu'il y avait eu une perquisition chez lui, qu'il allait sûrement être dans la merde avec toute la drogue et tout le liquide qui pouvait être trouvé chez lui. Mon coeur se pinça. Le pauvre. Quelqu'un avait du le balancer à la police.

Mardi soir, je décide d'aller jouer au piano dans la salle de musique. J'en ai besoin, et je n'ai pas joué depuis trop longtemps.

La musique est douce et m'apaise. Elle est aussi sombre, déchirante, triste à en mourir. Mais c'est ce que j'ai envie de jouer ce soir. Je ne suis pas d'humeur. J'ai parlé à Robin, que j'étais tombée sur Eddie et cette fille. Je n'arrête pas d'y penser. Il ne sort pas de mes pensées. Puis cette perquisition.. J'espère qu'ils ne l'ont pas envoyé en prison, ou mieux, qu'ils n'ont rien trouvé contre lui.

Je finis mon morceau, légèrement plus apaisée, et je souffle un bon coup. J'allais entamer un nouveau morceau avant d'entendre des applaudissements derrière moi. Je sursaute et me retourne.

Eddie.

Ma bouche s'ouvre en grand, crédule, avant de la refermer aussitôt.

– Tu.. tu, enfin.. Ça va ?

Je lui en veux toujours autant, mais je suis tellement choquée de le voir. J'avais tellement peur qu'il lui soit arrivé quelque chose.

– Ça va. Ils n'ont rien chopé mais ils m'ont gardé en garde à vue quand même, le temps de bien fouiller.

Je laisse échapper un soupir de soulagement. J'hoche la tête.

– Tant mieux, alors..

Je mords ma lèvre. J'ai.. j'ai presque envie de lui sauter dans les bras, mais je retiens aussi fort que possible.

– C'était magnifique, ce que tu jouais.

Je laisse échapper un sourire avant de regarder mon piano. Puis, j'essaie de me rappeler quelques notes de ce qu'il avait joué vendredi dernier. Je grimace un peu, c'est légèrement faux mais on reconnait l'air. Je finis par arrêter, parce qu'il est entrain de rire. J'hausse un sourcil en le regardant.

– Pardon, s'excuse-t-il. C'est mignon.

Je soupire. Je n'ai rien oublié. Je suis toujours énervée, et triste, mais je suis au moins soulagée de savoir qu'il ne s'est pas fait attraper.

– Merci de m'avoir ramener l'autre soir. Décidément, je me demande bien comment je rentrerais sans toi.

– C'est normal.

Le silence est gênant, pesant. Ce n'est pas le silence habituel entre nous. Je me sens toujours si bien à ses côtés, et j'ai juste envie de m'enfuir actuellement.

– On sort fumer ? me propose-t-il.

J'accepte en hochant la tête et je récupère mes affaires avant de m'installer sur les marches, à distance raisonnable d'Eddie.

Le silence est insoutenable, alors je me lance en première.

– Écoute, on oublie vendredi soir. Nous sommes amis. C'est tout, on ne va pas aller chercher plus loin. Je me suis emportée vendredi. Désolée d'avoir réagit si bizarrement.

Il me regarde avec une drôle de mine.

– J'ai réagi de la même manière quand tu as presque embrassé Steve. Pourtant tu ne l'as même pas fait..

Je fronce les sourcils. Je réfléchis à sa remarque. Et au fait qu'il avait sûrement ramené Robin et Dustin pour interrompre notre rencard.

– Parce que tu nous as interrompu.. tu as fais.. exprès ?

Il fixe ses chaussures avec beaucoup d'intérêt. Voici la confirmation dont j'avais peut-être besoin. Mon coeur s'emballe.

– Pourquoi as-tu réagit comme cela si toi.. tu embrasses des filles ?

Je me relève et continue.

– Je comprendrais que tu ne veuilles pas que j'embrasse Steve, que tu joues le mec jaloux. Mais si toi, tu te permets d'embrasser d'autres filles, ça veut dire que tu n'en as rien à faire de moi alors pourquoi tu tenais autant à nous interrompre ?

Il se lève brusquement et attrape mon visage entre ses mains.

– Tu as tellement tord. Je n'en ai pas rien à faire de toi. C'est tout l'inverse.

Sans crier gare, ses lèvres se posent sur les miennes avec envie et insistance. Je suis complètement happée par ce baiser. Je m'accroche à son t-shirt alors qu'il incline doucement ma tête. Je lui rends son baiser.

Mon coeur tambourine si fort dans ma poitrine et l'air commence à me manquer. C'est le même effet qu'une drogue. En meilleur, tellement meilleur. Personne ne m'a jamais embrassé comme cela. Je suis obligée de me reculer pour reprendre ma respiration, parce que j'ai tout simplement l'impression que je vais tomber dans les pommes entre le manque d'air et mes jambes qui tremblent.

– Doucement, murmure-t-il.

Je laisse échapper un rire, et je relève les yeux vers lui. La sonnerie nous interrompt et je recule d'un pas. Une seconde après, une foule d'élèves sortent du bâtiment principal, et Eddie sourit doucement.

– C'était moins une.

Je ris à sa réflexion avant de tomber sur Steve et Robin, qui se dirigent droit vers nous. Robin m'enlace avant de saluer Eddie. Elle me demande où j'étais passé et je lui explique que je jouais du piano. Puis d'un coup, elle réagit à la présence d'Eddie et lui saute presque dans les bras.

– Tu es là ! Mon dieu ! Tu vas bien ?

Eddie rit avant de la rassurer et de lui raconter que la police n'a rien trouvé de suspens chez lui. Personne ne lui pose de questions, il doit avoir une sacrée bonne planque.

– Je vous aurais bien proposé d'aller au lac pour fêter ça, mais avec Steve on a un devoir de chimie qui nous attend.

– Pas de problème. Bon courage, à demain!

Je leur fais un petit coucou et nous avançons avec Eddie vers sa voiture.

– On pourrait aller au lac, nous. On a pas de devoirs, affirme Eddie.

– Je suis presque sure qu'on en a. Mais soit. On pourrait y aller.

Durant toute la route, je ne peux m'empêcher de penser à mon envie de l'embrasser à nouveau.

Il se gare proche du lac, et nous descendons de la voiture. Soudainement, Eddie me porte et nous fait tomber par terre. Nous explosons de rire et rapidement je me trouve sous Eddie. Il ne lui faut pas plus de trois secondes à m'observer avant de venir m'embrasser de nouveau, plus doucement que la première fois. Je découvre ses lèvres avec envie. Je passe mes mains dans ses cheveux.

Il finit par se redresser légèrement. Il commence à me parler de lui, de son enfance, qu'il a perdu ses parents. Je n'ose rien dire, il est tellement lancé pour se confier, pour la première fois depuis que je le connais, que je n'ose pas l'interrompre. Il me raconte ses musiques préférées, me promet de lui jouer un jour, juste à moi.

Et soudainement, plus rien ne compte.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 14, 2022 ⏰

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I'll be back in the morningOù les histoires vivent. Découvrez maintenant