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Ils sont là, entrain de s'embrasser, et ils viennent de me remarquer.

– Pardon.. je murmure.

Je fais marche arrière pour sortir du bar, le cœur serré et une envie de me cacher sous terre. Je devrais m'enfuir, rentrer chez moi. Cette fille.. lui ressemblait tellement. Dans le style vestimentaire, dans son maquillage. Qu'est ce que j'étais entrain de m'imaginer ?

Je sors une cigarette, que je galère à allumer tellement je tremble. Je devrais plutôt m'éloigner à vélo, pour éviter qu'il ne me rattrape. Quoi qu'il n'a pas l'air d'en avoir quelque chose à faire puisqu'il - oh. Le voilà, sortant du bar, avec un air désemparé.

C'est comme si je revenais à moi, alors qu'il s'avance vers moi, je me mets à marcher dans la direction opposé pour retourner à mon vélo.

– Lila ! Lila, écoute ! Attend moi !

Je ne m'arrête pas. Ce n'est rien. Ce n'est pas grave. Qu'est ce que j'en ai à foutre ? Je m'en fiche, d'Eddie. C'est un ami. Rien de plus. C'était tout dans ma tête, alors que je me l'avouais à peine.

Je sens ce sentiment de jalousie et je me maudis. Je suis stupide.

– Lila je t'en supplie !

Il m'attrape par le bras et je me dégage.

– Lâche moi ! Je suis assez gênée par ce que je viens de voir et je ne voudrais pas interrompre quoi que ce soit entre vous. Bonne soirée. Tu as très bien joué. À lundi.

Je me remets à marcher, mais il se met devant moi, me barrant le passage.

– Ne pars pas, reste avec moi.. on va boire un verre ?

Je ris, hautaine.

– Rester avec toi ? Mais tu avais déjà de la compagnie, Eddie. Je ne vais pas gâcher ta soirée, ni ton coup.

– S'il te plait.. je t'expliquerai.

– Je ne veux pas d'explications et tu ne m'en dois rien. On est rien du tout.

Je me remets à avancer, mais il m'empêche encore d'avancer. Je soupire.

– On peut.. aller chez moi ? Passer la soirée ensemble ? Ou alors boire un verre puis je te dépose chez toi après ? continue-t-il.

Je soupire de désespoir. Il ne va pas me laisser tranquille. J'ai envie de hurler. Au lieu de ça, je prends une grande respiration.

– Quelques bières, un joint avec mes amis, et on rentre ?

Un joint.

– Tu n'as rien de plus fort ?

– Si, j'ai aussi plus fort.

L'envie me démange. Plus fort. Je suis énervée, j'ai ai bien besoin. Alors j'hoche la tête et je fais demi tour pour retourner au bar. Il me suit, un peu confus. On croise la fille, qui sort complètement enragée, fait un doigt d'honneur à Eddie au passage et grimpe dans sa voiture avant de quitter le parking à fond.

Aucun de nous deux ne relève. Il nous commande deux bières et on va s'installer avec ses amis musiciens. Je suis très effacée, je le sais. Parce que je ne pense qu'à la drogue qu'Eddie va finir par me donner. Un joint tourne. Je fume dessus mais ce n'est pas assez. Alors je fais un petit signe à Eddie.

– Tu as.. des cachets sur toi ?

Il hésite un instant avant de sortir un petit sachet. J'en récupère un, et l'avale avec ma bière. L'effet est rapide. Apaisant. Je me sens mieux, moins énervée. Je m'ouvre un peu à la discussion. Je finis même par discuter avec Eddie, à complimenter sa manière de jouer, d'être sur scène. Je me sens de plus en plus molle et je tiens de moins en moins bien sur ma chaise.

– On va rentrer peut-être Lila.

Il se fait tard et le bar ferme bientôt de toute façon. Alors tout le groupe d'Eddie sort, et nous avec. Ils récupèrent leurs instruments et ils se disent au revoir.

Sur le chemin du retour, je roule un joint et l'allume. J'ai l'impression d'être dans le canapé le plus confortable du monde, alors que je ne suis que dans la voiture d'Eddie.

Il m'aide à sortir de la voiture une fois arrivés et on s'installe sur les transats. Je ris un peu.

– Eddie.. on a oublié mon vélo là bas.

Il se décompose mais j'enchaine.

– C'est pas grave, il était trop vieux de toute façon.

Je tire encore une taffe.

– C'était qui cette nana ? Ta copine ? Pourtant la dernière fois qu'on a parlé tu as dis que tu n'avais personne.

Il baisse la tête.

– Je n'ai personne. C'est.. une fille que je connais, depuis longtemps. Rien d'incroyable.

– Ça avait l'air assez incroyable vu comme ta langue était enfoncée dans sa bouche. Je comprends mieux pourquoi tu ne voulais pas que je vienne. Vu qu'elle était là. Tu ne voulais pas faire tomber ton étiquette de prince charmant, de grand sauveur. Tu ne voulais pas qu'on se croise. Je comprends. C'est ton style de fille, c'est clair. Elle est très jolie.

Je sens mon coeur se serrer, encore. Je ferai mieux de me taire. Il reprend la parole.

– Elle l'est. Mais toi.. enfin, tu es.. sublime. Quand je t'ai vu.. je t'ai suivi. Elle m'a dit que tu m'avais regardé toute la soirée et que si je te suivais, je ne la reverrai plus jamais. Je me fiche de ne pas la revoir, Lila. Je t'ai suivi.

Je relève les yeux vers lui. Je me fiche de ce qu'il raconte.

– Je dois m'excuser d'avoir saboté.. quoi? Ton plan cul ? De plusieurs années ?

– Non.

Je le fixe. Je suis toujours énervée. Je suppose que la drogue m'aide à me calmer, actuellement. Je suis frustrée. Je suis.. jalouse, je crois que c'est le mot. J'ai envie de le frapper, de le pousser, de l'embrasser, tout de suite. C'est la drogue qui me fait cet effet. Sobre, ça ne m'arriverait pas.

Il se lève et vient s'agenouiller devant moi, en attrapant doucement mes mains.

– Ne me touche pas..

Je me débats fébrilement mais il me lâche, il se contente de juste me regarder. Avec ce visage, ce regard, j'ai envie de lui sauter dessus. Je ne peux pas.

– Ramène moi chez moi, Eddie.

Je murmure à peine, comme si je n'étais pas d'accord avec moi-même. Mais je n'ai pas envie d'être là. Je n'ai pas envie qu'il me regarde de cette manière là. Pas alors que je viens de l'attraper avec une autre fille.

– Je ne veux plus te voir.

Un autre murmure. Cette fois, il semble heurté et peiné. Je m'en fiche. La drogue redescend surement un peu.

– Comme tu veux.

Il attrape les clefs de sa voiture sans faire de commentaires.

I'll be back in the morningOù les histoires vivent. Découvrez maintenant