Après leur petite virée dans la nouvelle voiture de Robin, les amis étaient tous rentrés chez eux. Seul Steve était resté dehors : trop troublé pour dormir, il avait passé la nuit à réfléchir. Réfléchir à propos de tout ce qui l'avait chamboulé ces derniers jours ; ce « tout » se résumant d'ailleurs en un seul mot : Eddie. En seulement quatre jours, il avait balayé toutes les certitudes de Steve.
Quand le jeune homme rentra finalement à l'aube, épuisé, il se laissa tomber sur son lit, sans même se soucier de l'heure ou de sa journée de cours. Il voulait juste un moment de répit, où il pourrait oublier tous ses tracas, juste l'espace d'un instant.Steve se réveilla en sursaut, dérangé dans son sommeil par un bruit strident de sonnerie à sa porte. Encore groggy, il regarda l'heure et ouvrit de grands yeux : il était 18h30.
Le jeune homme s'extirpa tant bien que mal de son lit puis se dirigea vers la porte d'entrée pour l'ouvrir.« - Steve ! Enfin ! Ça fait cinq minutes que je sonne à ta porte ! » s'exclama Robin
Celui-ci soupira, puis, sans même lui adresser un regard, se laissa tomber dans le canapé.
Robin le regarda, l'air inquiet.« - Tu n'es pas venu en cours aujourd'hui... est ce que tu vas bien ? Je m'inquiète pour toi. »
Steve ne répondit rien et tourna la tête. Il n'avait pas envie de parler. Il voulait juste se morfondre un peu plus, tout au fond de son lit.
Cependant, Robin n'était pas vraiment en accord avec ses plans.« - Steve, tu m'écoutes ? »
Voyant qu'il ne répondait toujours pas, la jeune femme l'attrapa par les épaules et le tourna vers elle.
« - Laisse moi tranquille, grommela Steve
- Non, je ne vais pas te laisser tranquille, répondit-elle. Je veux savoir ce qu'il se passe Steve, tu me fais peur ! »
Au bord des larmes, celui-ci en avait marre. Pas de Robin en particulier, juste marre de tout. D'être aussi perdu et de ne rien pouvoir y faire, de ressentir des choses si contraires à ce qu'il était censé ressentir.
Steve était à bout.
Alors, il craqua.« - Il se passe, Robin, que je n'ai plus aucun contrôle sur rien ! Je suis en pleine putain de crise existentielle et je ne peux rien y faire ! Tout est tellement compliqué, tellement flou ! J'aimerais juste retourner en arrière, quand tout ça n'était pas encore arrivé, quand tout était facile, quand je ne me questionnais pas sur ma putain de sexualité ! »
Il essuya les larmes qui coulaient sur ses joues d'un geste rageur.
« - J'en ai juste marre, tellement marre... » hoqueta-t-il
Secouée par cet élan de sincérité, Robin souffla :
« - Oh, Steve... »
Et, sans rien ajouter, elle le prit dans ses bras. Steve fut d'abord surpris par ce contact soudain : ils n'avaient jamais été très tactiles l'un avec l'autre. Puis, reconnaissant, il se laissa aller à l'étreinte réconfortante de sa meilleure amie.
« - Ça va aller, je te le promets. On va traverser ça ensemble, d'accord ? Je suis là pour toi. » chuchota-t-elle
Robin connaissait mieux que personne ce sentiment si désagréable que ressentait Steve : elle l'avait vécu, et ça avait été très difficile au début. Maintenant, elle l'avait accepté et le vivait très bien, mais il lui avait fallu un long travail sur elle-même pour réaliser que, non, ce n'était pas « anormal » ; elle n'était pas un monstre parce qu'elle aimait les filles, et Steve n'en était pas un parce qu'il aimait les garçons.
La jeune femme essuya les larmes du visage de son meilleur ami, puis lâcha :
« - Bon, évite quand même de m'utiliser comme mouchoir, parce que là je suis à peu près sûre qu'il y a des traces de ta morve sur ma veste. »
Steve pouffa, puis répondit :
« - Oups, t'aurais dû dire ça plus tôt.. »
Robin lui sourit, puis l'attrapa par la main et le tira hors du canapé.
« - Allez, on se lève : tu ne vas certainement pas rester à te morfondre dans ce canapé toute la soirée ! On sort ! » lança-t-elle
Grommelant faussement, Steve la suivit hors de chez lui, réconforté par sa présence.
Dès qu'ils eurent posé un pied dehors, les deux amis entendirent un son de batterie résonner dans toute la ville. Plus ils se rapprochaient du centre d'Hawkins, plus ils l'entendaient.
« - Il doit y avoir un concert ! On y va ! » s'exclama Robin
Steve n'avait pas vraiment envie de se retrouver au milieu d'une foule, mais il hocha la tête à contrecœur. Après tout, peut être que ce concert pourrait lui faire penser à autre chose.
Au bout de quelques minutes de marche, ils repérèrent un petit groupe rassemblé autour d'une scène. Robin attrapa Steve par la main et se fraya un chemin à travers le public. Après avoir bousculé une dizaine de personnes, ils se retrouvèrent au premier rang.
Ils levèrent en même temps la tête vers les artistes qui jouait, et Robin afficha une grimace coupable quand elle découvrit Eddie sur scène, accompagné de son groupe.« - Merde, désolée, c'était pas prévu...tu veux qu'on aille ailleurs ? » demanda-t-elle à Steve
Mais celui-ci ne l'entendait plus. Il ne voyait plus qu'Eddie, n'entendait plus qu'Eddie.
Celui-ci n'avait pas encore remarqué leur présence : concentré sur sa guitare, il faisait bouger ses doigts sur les cordes, d'une manière si intime que Steve en perdait tout ses moyens.
Soudain, leurs regards se croisèrent. À ce moment-là, le monde entier cessa d'exister. Steve n'avait jamais rencontré un regard de cette intensité auparavant : il était brûlant, passionné, presque magnétique. Il ne parvenait pas à s'en détacher. Seuls les doigts du jeune homme, courant sur les cordes, pouvaient l'en distraire, mais pendant quelques secondes seulement ; leurs yeux finissaient toujours pas se retrouver.
Alors, la révélation s'imposa à Steve d'elle-même : il était, complètement et irrévocablement, tombé amoureux d'Eddie Munson.Le regard toujours plongé dans celui d'Eddie, le jeune homme lâcha :
« - Merde. »
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MY EVERYTHING
FanfictionAprès leur victoire contre Vecna, le groupe d'amis reprend une vie normale, comme ils l'ont toujours souhaité. Cependant, certaines choses ne seront plus jamais comme avant : les sentiments des uns et des autres changent, tout comme les relations. E...