Chapitre 7

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Steve sourit béatement au jeune homme qui lui faisait face.

« - Oh ben tiens, Eddie Munson ! T'es là ! »

L'autre fronça les sourcils, se rendant compte de l'état d'ébriété dans lequel Steve se trouvait.

« - Oui, je suis là... et toi t'es bien bourré Harrington. T'as beaucoup bu ?

- Oh, juste une toute petite dizaine de verres » répondit Steve, tout sourire

Eddie soupira. Il ne savait pas vraiment comment agir face à un Steve dans cet état. Est ce qu'il devait le chasser de la chambre ? Le raccompagner chez lui ? Le mettre au lit ?
Steve, répondant aux interrogations muettes du jeune homme, se laissa tomber de tout son long dans le lit, tout près d'Eddie. Leurs genoux et leurs coudes se touchaient, mais ils ne bougeaient pas. L'ambiance était pesante dans la pièce.
Eddie brisa le silence le premier.

« - Tu sais, parfois je me demande si je fais tout ça pour rien. Te draguer, je veux dire. Et si je me faisais des films ? Et si en fait tu aimais seulement les filles, et si je ne t'intéressais absolument pas ? Dans ces moments là, je me dis que je devrais peut être te laisser tranquille.»

Il y eut un court silence, puis l'autre lâcha :

« - Tu m'avoues tout ça parce que je risque de ne pas m'en souvenir demain ?

- Oui. »

Steve ricana. Il ne savait plus vraiment ce qu'il faisait, ni même ce qu'il devait penser de la situation, mais ce qu'il savait c'est qu'il ne devait pas laisser Eddie s'éloigner. Il se tourna vers lui, puis attrapa maladroitement sa main.

« - Je suis attiré par toi, bien plus que tu ne pourrais l'imaginer. » avoua-t-il

Voyant que l'autre ne répondait rien, il ajouta :

« - En réalité, je pense que ça a commencé il y a bien plus longtemps, avant même que je ne croise ton regard à l'hôpital. Je refusais seulement de l'admettre. »

Eddie haussa les sourcils, étonné, mais ne dit rien, le laissant continuer.

« - La vérité c'est que j'ai peur. Peur de ce que pourraient penser les autres, peur de découvrir cette part de moi que je n'ai même pas osé regarder. Et ça me fait mal. Parfois, je te déteste pour ça. »

Voyant la lueur triste dans les yeux d'Eddie, Steve se rapprocha doucement de lui et écarta une mèche bouclée de ses yeux.

« - Mais je ne peux pas m'empêcher de te désirer, du plus profond de mon âme. Je ne le comprends pas et la plupart du temps je n'arrive pas même à l'admettre, mais tu habites mon corps tout entier. »

Il s'approcha plus près encore d'Eddie et ajouta :

« - L'idée de tes lèvres sur les miennes me hante. »

Puis, il souffla :

« - Et, là, maintenant, ça me paraît être une très bonne idée. »

Eddie esquissa un sourire en coin alors que Steve se penchait sur lui. À l'instant où leurs lèvres se touchèrent, un feu d'artifice explosa dans le cœur de Steve.
Les deux jeunes hommes s'engagèrent alors dans un lent ballet, rythmé par les battements de leurs cœurs affolés. Ils ne reprenaient même pas leur respiration, n'existant que pour le mouvement de leurs bouches l'une contre l'autre.
Quand enfin ils se détachèrent l'un de l'autre, le souffle court, les joues rouges, malgré la quantité de mots qui se bousculaient dans leurs esprits ils ne dirent rien, ne voulant pas briser ce silence si confortable qui les entourait. Ils rapprochèrent seulement un peu plus leurs corps brûlants, puis sombrèrent dans un sommeil agité.

Le lendemain, Steve se réveilla avec un affreux mal de tête.

« - J'ai trop bu... » grommela-t-il

Quand il sentit le corps d'Eddie collé contre le sien, toute la soirée lui revint en mémoire d'un coup. Au même moment, le jeune homme aux longs cheveux ouvrit les yeux, puis, voyant Steve toujours à ses côtés, il lui sourit.

« - Putain, ce sourire...je ferais n'importe quoi pour ce sourire. » songea Steve

Se rendant compte de ce qu'il venait de penser, il fronça les sourcils.

« - Je ne peux pas faire comme la dernière fois et tout mettre sur le dos de l'alcool. Je pensais chacun des mots que je lui ai dit, et je le voulais sincèrement quand je l'ai embrassé. Il faut que j'agisse comme une personne mature, pas comme un gros con. » se dit-il

Voyant que Steve fronçait les sourcils, Eddie baissa la tête.

« - Il a certainement tout oublié... » songea-t-il, dépité

Soudain, Steve lui attrapa le menton et plongea son regard dans le sien.

« - Eddie, écoute. Avant que tu ne dises quoi que ce soit, oui je me souviens de ce qu'il s'est passé hier soir, et non je ne le regrette pas. »

La lueur d'espoir qui logeait dans le cœur d'Eddie gonfla à ces mots, plus brillante que jamais.

« - Mais, ajouta Steve, je ne sais pas ce que je vais faire. J'ai besoin de temps pour réfléchir. »

« - Oh, d'accord. » répondit Eddie, déçu

Sur ces mots, Steve lui adressa un sourire désolé puis sortit de la chambre. Une fois sorti de chez les Wheeler, il se mit à marcher sans but dans les rues d'Hawkins.
Il erra pendant des heures, la tête pleine de pensées et de souvenirs. Il pensait à Eddie, mais aussi à tout le reste : à tout ce qui le dérangeait, tout ce qu'il voudrait changer, tout ce qu'il pourrait faire.
Quand sa montre afficha 18h, il n'avait toujours pas pris de décision. Cependant, ses pas le menèrent tout naturellement devant chez Eddie.
La réalisation frappa soudain le jeune homme : il était amoureux d'Eddie, et c'était aussi simple que ça. Pourquoi réfléchir plus longtemps et torturer celui qu'il aimait alors qu'il avait une si forte certitude ?

« - Quel idiot ! » soupira-t-il

Sans plus hésiter, il frappa trois coups à la porte du jeune homme. Celui-ci lui ouvrit, l'air étonné. Sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit, Steve déclara :

« - J'en ai assez d'avoir peur. »

Et il l'embrassa.

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