Au troisième étage du 28 boulevard Richard Lenoir, Courbon, à 19 heures, venait de rentrer. Il exerçait le noble métier d'agent immobilier. Et la chance aidant, son dernier client l'avait rapprochée de son domicile. Il savait aussi que Laetitia, son épouse, devait être rentrée des courses. Comme il avait réussi à arracher un compromis de vente, évènement rarissime en cette période, il avait l'âme accessible à toutes les fantaisies. Il grimpa quatre à quatre les marches le conduisant au troisième étage. Il ouvrit rapidement la porte.
- Laetitia, Laetitia, appela-t-il. Une voix claire et chaleureuse lui répondit.
- Je suis là, chéri...
Attiré par la voix, il se précipita vers le séjour où sa femme debout l'attendait devant le vaisselier. C'était une affolante rousse à la peau laiteuse, parsemée de taches de rousseur, l'habillée de noir à la Jeanne Mas. L'effet était saisissant de sensualité. Il se précipita sur elle, mais elle esquiva l'attaque.
- Tu es rapide ce soir, qu'est-ce qui te stimule ainsi ?
- Une heure d'avance sur mon horaire, une affaire conclue et une façon agréable de remplacer l'apéritif par du plus agréable.
- On joue ?
- Bof, à quoi ?
- Un strip poker, proposa Laetitia pensant calmer les ardeurs de son mari.
- Si tu veux aux dés.
- Tu triches à tous les coups, je préfère les cartes.
- Bon, annonce les règles, demanda Courbon toujours soumis à des pulsons internes.
- Sept vêtements à faire tomber.
- Si tu te crois en hiver, je peux vérifier ?
- Non, tu me fais confiance, et toi combien ?
- En comptant ma cravate sept aussi, tu ne m'as toujours pas annoncé les règles.
- La couleur sur une série cœur ou carreau, trèfle ou pique, choisis.
- Cœur.
- Je m'en serais douté, je peux rajouter une condition ?
- Je t'écoute.
- La bonne carte donne le droit au gagnant d'ôter à son partenaire le vêtement de son choix, à la condition expresse de son accessibilité.
- On commence.
Laetitia battait soigneusement les cartes pour bien les mélanger.
Satisfaite, elle posa le jeu sur la table.
- A toi de commencer ? fit-elle magnanime.
- Trèfle, pas de chance chérie, qu'est-ce que je peux bien t'enlever ?
Son hésitation feinte et momentanée ne dura pas longtemps et il fit tomber la jupe de sa femme. Le spectacle qu'il redécouvrit le ravit et augmenta d'un degré son excitation. Laetitia avait mis des bas noirs accrochés agréablement à un porte-jarretelle en dentelle. Sa petite culotte californienne moulait son sexe. L'échancrure sur les hanches dégageait deux demi-sphères lisses à la pureté d'albâtre, polies par des exercices physiques quotidiens.
- Cœur.
Laetitia frôla Denis et lui enleva sa cravate. Deux fois de suite il perdit et se retrouva en maillot de corps et slip.
Trèfle, Denis prolongea le suspense mais délivra sa femme de son corsage. Il évita de peu l'accident, les seins de son épouse lui jaillirent au visage, globes laiteux à peine retenus par un affriolant soutien-gorge pigeonnant. Les longues années conjugales, à cette vision sans cesse renouvelée n'avaient pas encore émoussé ses envies.
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Quai des Obsèques
Mystery / ThrillerCe livre est une histoire écrite par mon père pour présenter le concours du Quai des Orfèvres 1990, pour lequel il avait terminé parmi les 5 finalistes. Il est décédé le 27 mai dernier à l'âge de 86 ans. je lui rends hommage en vous faisant partager...