Juin | 𝒜𝓇𝑜𝓃𝑒

59 18 17
                                    

Juin 20XX

Arone était un jeune garçon aux cheveux bruns d'environ 16 ans. Il supportait le lycée, avait de mauvaises notes en maths, évitait de parler devant d'autres personnes mais surtout, et tel était sa différence,

il cohabitait.

Oui, Arone ne vivait pas, il cohabitait. Tout au fond de lui vivait une étrange créature dont il ignorait le nom.

Te souviens-tu, étant enfant, quand tu donnais un nom à tes peluches ?

Arone, lui, n'était plus un enfant. Il s'était toujours refusé à lui offrir un nom, il avait trop peur.


Peur de découvrir ce qu'était cette chose

Peur de devoir lui faire face

Peur de le rendre plus réel


Le jeune brun n'avait jamais cherché à comprendre s'il était seul puisqu'il s'était toujours refusé d'en parler. Arone n'avait conclu qu'une seule chose au fil des années ; cette étrange créature avait faim. Et elle adorait se nourrir de lui, de ses émotions, en quantité toujours plus grande. A chaque fois, elle lui laissait un grand vide intérieurement.

Arone pouvait désormais ressentir tout ce que cela lui procurait, dans les moindres détails.

Pour commencer les battements de son cœur s'accéléraient, les sons autour de lui étaient étouffés et une douleur intense s'écrasait sur son ventre. Et soudainement, plus rien. Son mal de tête avait disparu, ses tremblements aussi.

Il ne lui restait que le vide.


Le vide qui nous procure une sensation de manque, celui qui nous emplit de l'intérieur, celui qui nous laisse seul dans le noir de l'espoir.

Arone s'arrêtait là. Il ne cherchait pas plus loin.

Cette créature, bien que terrifiante, le soignait en échange de ses émotions. Pourtant, malgré sa peur de le nommer, cette petite chose avait bien un nom.

Un nom dangereux, triste ou nostalgique qui nous pousse à faire des choses dont on se croyait incapable.


Anxiété.


Tandis que le petit prince avait apprivoisé son renard, Arone ne faisait que cohabiter dans l'angoisse. Il avait laissé Anxiété dévorer ses émotions ravalant Colère, Tristesse et leur amie Rage. S'abandonnant aux douceurs du vide d'Anxiété, Arone délaissa Joie et observa s'éteindre les étincelles d'Amour.



L'Angoisse, atroce, despotique,

Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

- Charles Baudelaire


Mely

Carnet d'éternité - Ces gens-là


6

Ces gens-la ⊱ 𝘤𝘢𝘳𝘯𝘦𝘵 𝘥'é𝘵𝘦𝘳𝘯𝘪𝘵éOù les histoires vivent. Découvrez maintenant