Décembre 20XXMéliane, elle a fait quelques voyages avec moi.
Mais je n'ai jamais pu la rencontrer
Elle me semblait bien loin de moi, comme si l'océan nous séparait et que pourtant sa main me frôlait.
Méliane, même si elle se trouvait à côté de moi, elle était ailleurs.
Elle vivait dans l'entre monde situé entre le nôtre et celui qu'elle se créait. Parce qu'elle aimait s'imaginer un univers pour mieux supporter sa propre vie chaque jour.
Ainsi on ne savait jamais vraiment où elle se trouvait.
Alors je n'ai jamais voulu la déranger.
Méliane, elle semblait gentille, de loin. Elle était un peu banale, comme tous les gens que j'ai rencontrés des centaines de fois par jour.
Comme ces gens-là dont j'ai voulu conter l'histoire.
Alors finalement je me suis dit qu'elle avait peut-être sa place dans ce carnet...
Elle n'était pas très jolie, un peu difforme et ses vêtements ne lui allaient jamais très bien. Elle portait des lunettes qui ne cessaient de glisser sur son nez alors elle avait toujours une grimace idiote sur le visage.
Même moi, j'ai manqué de la louper.
Mais elle était toujours entourée de belles personnes et de jolies choses, alors mon regard a dérivé.
Des belles choses, la vie en regorge d'après Méliane, mais elle l'a oubliée quand elle les a créées.
Alors je n'ai jamais osé la perturber.
Elle semblait bien dans ses rêveries, à imaginer pleins d'histoires que la vie n'avait daigné lui offrir.
Mais Méliane, elle rêve, elle n'agit pas. Ça lui faisait trop peur de passer à l'action.
Parce qu'elle regrettait déjà chacun de mots, chacun de ses gestes et chaque seconde de son existence.
Cette pauvre fille, elle avait juste manqué le train de sa vie.
Elle était arrivée en retard le jour où elle devait embarquer pour des histoires merveilleuses. Depuis elle trainait sur la gare à regarder les gens partir.
Alors je n'ai jamais voulu lui rappeler l'heure.
Méliane avait beau être en avance sur tous ses rendez-vous, elle était en retard sur sa propre vie.
Elle ne pouvait faire autre chose que de l'observer défiler sans jamais pouvoir la rattraper.
Elle ne courait pas assez vite ainsi dans un geste désespéré, elle l'a fait dérailler.
Son train, ses passagers,
Sa vie, son entourage,
En un instant retournés.
Si elle avait su, elle aurait continué à regarder le temps couler entre ses doigts, à observer les autres monter vers leur propre histoire et à courir seule vers un objectif inatteignable.Parce que désormais son train à déraillé, elle n'a plus rien à rattraper.
Alors que voulez-vous qu'elle fasse Méliane ?
Elle s'est fait sa place sur le lieu de l'accident, et à décidé d'y installer ses pensées.
C'est de là-bas qu'elle tire son inspiration.
Mais quand elle s'y enfonce un peu trop, ses yeux se perdent dans le vide tandis qu'ils se remplissent de larmes.
Elle devient comme une statue fragile que l'on ose à peine toucher.
Alors Méliane a écrit tout ce qu'elle n'a jamais pu dire.
Elle a étalé ses sentiments à l'encre noire alors qu'elle rêvait de mots bleus.
Elle a gravi des montagnes de maux, elle a navigué sur des flots d'encre.
C'est en montant dans le même avion de papier qu'on s'était rencontré.
Elle m'a dit qu'elle voulait raconter les histoires de gens imparfaits alors elle a inventé des personnages imaginaires pour conter sa propre vie.
Parce que d'après elle, il n'existait rien de plus imparfait que soi-même.
Mais qui sait peut-être qu'un jour elle écrira sur elle ?
En attendant c'est moi qui le fait, de mes mots tremblants j'écris son histoire.Et j'ai beau la détester, la trouver idiote ou dérisoire, je dois bien avouer qu'elle a laissé sa trace dans ma mémoire.
Parce qu'elle est tous ces gens-là qu'on croise des centaines de fois par jour, Méliane,
C'est Elisabeth qui se déteste,
C'est le sourire de Lila,
C'est l'envie de détruire des boites comme Arlan,
C'est l'âme sœur enfantine que cherche Peter,
C'est le même vide que ressent Arone au creux de son ventre,
C'est le petit prince qui est parti trop tôt,
C'est quelqu'un qui ne croit en rien comme Jian,
C'est une enfant de l'eau qui remplit les océans avec Thaïs,
Ce sont les rêves cassés d'Eléa,
Ce sont les mots jamais prononcés de Marine.
C'est cette fille-là qu'on croise des milliers de fois par années sans jamais la regarder
Mais moi, je l'ai rencontré, je l'ai observé pendant des jours qui semblait des années,
Parce qu'avec elle mon temps paraissait s'étirer et, j'ai beau ne pas pouvoir la supporter,
Elle a laissé sa trace pour l'éternité.
Mely
Carnet d'éternité - Ces gens-là
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Ces gens-la ⊱ 𝘤𝘢𝘳𝘯𝘦𝘵 𝘥'é𝘵𝘦𝘳𝘯𝘪𝘵é
Poesia𝘊𝘦𝘴 𝘨𝘦𝘯𝘴-𝘭à, 𝘫'𝘦𝘯 𝘢𝘪 𝘳𝘦𝘯𝘤𝘰𝘯𝘵𝘳é 𝘥𝘦𝘴 𝘤𝘦𝘯𝘵𝘢𝘪𝘯𝘦𝘴 𝘱𝘢𝘳 𝘫𝘰𝘶𝘳𝘴, 𝘥𝘦𝘴 𝘮𝘪𝘭𝘭𝘪𝘦𝘳𝘴 𝘱𝘢𝘳 𝘢𝘯𝘯é𝘦𝘴. 𝘈𝘭𝘰𝘳𝘴 𝘫'𝘢𝘪 𝘷𝘰𝘶𝘭𝘶 𝘤𝘰𝘯𝘵𝘦𝘳 𝘭𝘦𝘶𝘳𝘴 𝘩𝘪𝘴𝘵𝘰𝘪𝘳𝘦𝘴. 𝘊𝘦𝘴 𝘨𝘦𝘯𝘴-𝘭à, 𝘫'𝘦𝘯 𝘢�...