Mars | 𝐿𝒾𝓁𝒶

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Mars 20XX


"Un jour la vie m'a dit. Mais enfin sourit ! ça ira mieux"


Les mots étaient calligraphiés sur un tableau en face de son lit défait. Dans ses mains trônait un petit miroir de poche qu'elle déposa sur son matelas. Sa bouche se tordit en une grimace glaçante.

L'intérieur de ses lèvres était rongé par l'anxiété qui l'animait à longueur de journée leur offrant une couleur rouge.

Chaque soir, Lila s'entraînait à sourire pour se préparer au lendemain.

Lendemain qu'elle ne voulait plus voir.

Elle réessaya et celui-ci sembla presque la convaincre, elle se forçait à garder la tête haute pour ses proches. Parce que Lila était la définition même de la bienveillance.

" Salut ! Ça va mieux avec ta mère ?"

Trop direct

"Tu te souviens tu m'avais parlé de..."

Trop long

"Coucou, comment vous allez ?"

Encore un autre sourire qui déchire son si beau visage


Mais elle avait été élevée comme ça, Lila. Elle s'était toujours souciée des autres pour combler le vide en elle.

Lila avait toujours souri car son malheur ne devait pas entacher le bonheur des autres. Dans un monde où les regards parlent trop vite et les bouches se taisent, il faut apprendre à faire semblant. Pour la bienséance, nous devons contrôler nos sujets, nos mots, notre apparence, nos rires.

Mais quand le ciel se colorait d'étoiles et que la lune remplaçait le soleil, Lila pouvait enfin être elle-même.

Malheureusement, quand Lila était seule, elle avait une mauvaise habitude.

Elle inscrivait les initiales des personnes qu'elle avait peur de perdre sur sa cuisse. Mais pas avec n'importe quel stylo, non, un stylo aussi tranchant que son désespoir. Lila aimait cette sensation, de ne jamais pouvoir perdre personne.

Dans un monde où tout le monde se nourrit des autres, elle donnait sans jamais s'arrêter. Parce que Lila, elle est douce, elle est gentille, elle s'inquiète.


"Mais c'est normal, c'est Lila."

Parce que Lila, elle sourit.


Quand le vice de l'égoïsme la rattrape, il lui arrive de penser un peu à elle, alors elle se demandait.

Et moi, y a-t-il quelqu'un qui a peur de me perdre ?


Lila avait toujours fait semblant, ne l'a blâmez pas c'est le monde qui l'a sculptée ainsi. Elle n'arrivait pas à demander de l'aide.

Alors Lila avait pris une autre habitude, un peu idiote certes mais c'était sa lueur d'espoir. C'était son cri silencieux qui se perdait dans le noir de sa chambre.

Elle faisait deux autres traits côte à côte sur son poignet, qu'elle laissait visible. Au fond, Lila espérait qu'une de ses amies le remarque et lui demande droit dans les yeux.

Dis-moi comment tu vas Lila, sincèrement ?


Mais Lila souriait et dans un monde où les apparences sont trompeuses il ne faut pas se fier à la simple théorie du sourire.



Mely

Carnet d'éternité - Ces gens-là

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Ces gens-la ⊱ 𝘤𝘢𝘳𝘯𝘦𝘵 𝘥'é𝘵𝘦𝘳𝘯𝘪𝘵éOù les histoires vivent. Découvrez maintenant