𝗞𝗜𝗦𝗠𝗘𝗧 ʰ.ᵍʳᵃⁿᵍᵉʳ

𝐕𝐈. 𝐚𝐛𝐬𝐜𝐨𝐧𝐝

Harry Potter n'était pas le genre de personne à se laisser impressionner. Bien sûr, il n'oublierai pas combien le Choixpeau avait hésité avant de le placer dans sa maison actuelle, mais qu'importe : Harry était un Gryffondor jusqu'à l'os, et il garderai cette opinion jusqu'à la mort. Il était borné, il le savait, mais franchement, n'était-ce pas ce trait de caractère qui avait fini par sauver la vie de nombreuses personnes au cours des dernières années ? En plus d'avoir survécu à Lord Voldemort à seulement un an et demi, il avait réussi à le déjouer trois autres fois en l'espace de quatre ans, et Harry n'avait même pas encore son diplôme de BUSE. 

Tout ceci pour dire qu'après avoir frôlé la mort plus d'une fois, il n'y avait plus grand chose qui réussissait à effrayer le jeune garçon ; d'autant plus si ses amis se retrouvaient en danger, il était prêt à combattre Voldemort à mains nues s'il le fallait. 

Harry Potter ne fuyait pas, plus maintenant. Depuis qu'il avait appris qu'il était un sorcier, depuis qu'il avait appris qu'il était bien plus qu'un simple fardeau sur les épaules des membres de sa famille, il se tenait debout et assuré, bravant le danger de face. Depuis qu'il était à Poudlard, Harry n'avait jamais fuit quoique ce soit, jusqu'à cette nuit là. 

Il ne pensait pas qu'il allait l'oublier de si tôt, peut être même jamais, cette soirée qui avait pourtant si bien commencée. Il était enthousiaste, plus que trois jours et son éternelle retenue avec le professeur Ombrage allait être levée. Bon certes, il s'était également prit une sale note à son dernier essai de potions, mais bon il en avait l'habitude maintenant.

Quand même, il s'acharnai à essayer de comprendre pourquoi Kaïleen Kruger avait toujours la note maximale alors que ses essais n'avaient aucun sens : au lieu de tout simplement démontrer l'utilité de chaque ingrédient comme il était demandé, elle réfutait celle de certains en les remplaçant par d'autres dont il ne connaissait même pas l'existence. Le pire c'est que ça avait l'air de marcher, étant donné les éloges que lui faisait Rogue à chaque fois. Harry était quasi sûr qu'il se prendrait une retenue pour insolence s'il essayait de critiquer les travaux de potionnistes de renom à seulement quinze ans.

Après avoir passé toutes ces soirées en compagnie de la jeune brune pendant plus d'un mois, il avait tout de même réussi à comprendre comment elle fonctionnait. Kaïleen incarnait un serpent tout autant qu'il incarnait un lion : silencieuse, dotée d'un esprit calculateur et d'une démarche assurée et mesurée qui, il est vrai, pouvait parfois être intimidante.

Mais, contrairement au reste de ses amis Serpentard, Harry ne la détestait pas. Il ne s'était jamais vraiment parlé avant leur retenue c'est vrai, quelques fois durant leurs premières années au château, mais au moins elle ne s'était jamais moqué de lui, ni d'aucun de ses amis. 

Et justement, Harry ne reculait jamais devant un défi, quel qu'il soit. Alors il avait essayé, de craquer un peu son masque, de lui parler à chaque fois qu'ils se voyaient (il est vrai qu'il avait aussi besoin de vider son sac, c'était un pierre deux coups). Au début, il pensait qu'elle ne l'écoutait même pas, elle se contentait de marcher en regardant droit devant elle. Ce n'était qu'après leurs deux heures de punition qu'elle lui répondait par exemple : "tu devrais apprendre la magie sans baguette, c'est utile pour lancer un maléfice du bloque-jambe sur quelqu'un qui descend l'escalier central sans te faire prendre. Qui sait, ça marchera peut être sur Finnigan la prochaine fois qu'il parle derrière ton dos". 

Au bout de deux semaines, elle s'était mise à parler elle aussi, et lui à écouter. Ils faisaient des détours pour retarder leur peine, essayaient d'inventer des sorts à jeter sur Ombrage. Un mois et ils s'échangeaient leurs devoirs. Elle critiquait amèrement ses performances en potions, lui disant qu'il obtiendrait une meilleure note s'il commençait déjà à améliorer son "écriture de troll", et le fixai comme s'il avait trois têtes lorsqu'il se mettait à lui parler de métamorphose ou de Quidditch.