𝐕. 𝐤𝐚𝐫𝐬𝐢𝐚

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Kaïleen n'était pas du genre à rêver très souvent. Ses nuits étaient souvent neutres, sans qu'elle puisse se rappeler de quoique ce soit outre l'obscurité. Les seules fois où son esprit l'occupait, c'était pour lui montrer des cauchemars, la plupart du temps en rapport avec sa magie ou des évènements qu'elle avait vécu.

Kaï ne faisait pas souvent de rêves, mais elle avait l'impression d'en faire partie d'un. Cette sensation de flou, de semi conscience, où l'on ne pouvait qu'être spectateur de ses actions sans pouvoir les contrôler. Le temps passait sans chronologie, un enchaînement d'évènements que l'on ne pouvait qu'observer en silence. Honnêtement, si on lui avait demandé ce qu'elle avait fait ces dernières semaines, la Serpentard ne saurait pas répondre.

Évidemment, il avait quand même quelques situations qui l'avaient marqué : Ombrage prenait de plus en plus de pouvoir sur l'école, inspectaient les professeurs, elle avait même failli expulser la professeur Trelawney. Elle avait arrêté d'envahir les cours de Rogue, puisque la dernière fois qu'elle y était venue et avait fait un commentaire, une jarre d'yeux de scarabées était tombée de l'étagère et s'était ouverte pile sur sa tête (c'était un accident, Kaï n'avait rien à voir avec ça, bien sûr que non).

L'air commençait à se rafraîchir, et les arbres à perdre de leurs feuilles tandis qu'octobre s'immisça lentement dans l'atmosphère. Le temps s'accordai à l'ambiance générale du château : plutôt calme en surface, mais qui se détériorait de jour en jour, au rythme de la nature qui perdait ses couleurs. C'était un étrange décor, rien de vraiment dramatique ne s'était encore passé, tant à l'école qu'en dehors, en dépit des tensions particulièrement grandissantes. "Le calme avant la tempête", disaient-ils ; Kaï ignorai de quelle tempête il s'agissait, mais elle ferait mieux d'éclater avant que sa magie ne le fasse.

Peut être était-ce cette atmosphère sinistre qui la faisait réagir de la sorte, mais la jeune fille s'était maintenant presque habituée à la sentir pulser en permanence. C'était comme sentir son sang circuler dans chacune de ses veines, même les plus minimes, accompagnée d'une légère brûlure. Une impression similaire aux fois où elle se retrouvait possédée par son pouvoir, en beaucoup moins violents certes, mais elle avait parfois l'impression d'agir sans s'en rendre compte. C'est dans ces moments là que l'Occlumencie se révélait utile, pour garder les pieds sur terre.

Avec tout ça, la Serpentard n'avait jamais vraiment eu le temps d'avancer sur ses recherches : la dernière cave était à portée de main, il ne suffisait que de la trouver. Tout serait alors terminé, elle pourrait retrouver Jacob au mieux, en apprendre plus sur sa disparition dans tous les cas, résoudre la prophétie et redonner leur magie aux supposés survivants de son peuple. Plus d'un poids en moins sur ses épaules, normalement.

Kaï se dirigea machinalement à travers les couloirs, répétant silencieusement les mêmes mouvements de baguette. Severus leur avait apprit un nouveau sortilège, et bien que la Sorcellière soit capable de le jeter à main nues, il avait insisté pour qu'elle continue tout de même à se servir de sa baguette, au moins pour ne pas perdre l'habitude avant ses examens. Elle n'y avait jamais prêté attention, mais elle n'utilisait presque jamais son petit artéfact en dehors des cours, le trouvant trop restrictif à sa magie : il y avait une grande différence entre utiliser de la magie pure et la contrôler via un objet. Son parrain avait sûrement raison, ce serai bien plus avantageux pour elle si elle maîtrisait les deux techniques.

Elle retrouva Harry dans le hall central. Ils se saluèrent d'un signe de tête puis marchèrent côte à côte jusqu'à leur lieu de torture habituel. Plus que trois jours et ils seraient enfin libres de leur sanction, enfin libres des griffes du diable.

Kaï avait décidé que plus jamais elle n'allait avoir de retenue de sa vie, même si elle était sûre que Severus ne laisserait probablement plus Ombrage lui infliger quelconque punition à l'avenir.

𝗞𝗜𝗦𝗠𝗘𝗧 ʰ.ᵍʳᵃⁿᵍᵉʳOù les histoires vivent. Découvrez maintenant