1. Quidditch et chips au vinaigre

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TOUT, ABSOLUMENT TOUT, ÉTAIT DE LA FAUTE DE MON FRÈRE.

Et d'accord, immédiatement accuser Romain était un acte lâche et peut-être cruel de ma part mais j'avais, à mon sens, raison de rejeter la faute sur lui. De manière générale, je rejetais continuellement la faute sur mon petit frère. De la guerre de Corée jusqu'à la chute du mur de Berlin, en passant par le râteau phénoménal que Gideon Poitier m'avait mis en 5eme année, tout, absolument tout, était de la faute de Romain. C'était plutôt une private joke parce que il était évident que Romain n'était pas la cause de toutes les guerres. Toutefois, pour le coup, si je m'étais retrouvé à Hogwarts, c'était entièrement de la faute de mon petit frère.

En bref, tout avait commencé un matin d'août. Il était à peine neuf heure, j'étais déjà debout, assise sur le sofa marron avec ma tasse d'earl grey, et je regardais les gouttes de pluie taper sur la vitre. Si toute la France était en alerte canicule, la Bretagne faisait l'exception avec la pluie, et des températures qui n'allaient jamais au-delà de 28. Alors que tous les français étaient en bikini en sirotant des cocktails, la Bretagne était en k-way et grelottait.

Cela faisait trois jours que nous étions rentrés de chez mes grands-parents, en Savoie, et l'envie brutale de me pendre était arrivée un jour plus tard. Trois ridicules semaines me séparaient de la rentrée, trois semaines dans lesquelles j'allais zoner dans les rues de Quimper, squatter le salon de thé vers le port pendant des heures, traîner dans mon lit en lisant ou regardant des débilités à la télé comme le club dorothé ou passer chez Madame Mouret, ma voisine du premier et accesoirement unique sorcière connue de Quimper. Hormis Romain et moi. 

C'était elle qui m'avait aidé à m'intégrer au monde des sorciers après qu'une vieille prof m'ait annoncé que j'en étais une. C'était elle qui m'avait emmené faire du shopping sur la place cachée pour mes fournitures scolaires. C'était elle qui réceptionnais mes chouettes puisque mon père refusait l'entrée de tout volatile dans l'appartement. Madame Mouret c'était un peu comme mon agent de liaison pour le monde des sorciers.

J'étais donc affalée sur le sofa, tasse à la main et j'observais la fenêtre. Des petites plantes étaient installées sur le rebord et sur le sol, et Aristote, mon chat, les regardait d'un air déterminé. On pouvait facilement deviner la suite des événements, le cycle se répétait inlassablement. Aristote faisait de l'œil aux plantes de mon père, finissait par les manger et mon père râlait en rentrant.  La collection des plantes, c'était devenu l'obsession de mon père après le décès de ma mère, il y a sept ans. Une sorte d'obsession survenu quelques jours après l'enterrement, quand il avait commencé à garder les fleurs funéraires. Il avait commencé par des buglosses (les préférées de maman), puis des balladones et des sceaux de salomon. Toutes les fleurs ou plantes qui sortaient un peu de l'ordinaire, mon père les adorait.

— Tu comptes observer ton stupide chat encore longtemps ou tu vas l'empêcher de bouffer les seringats de papa?

Je me suis retournée de l'autre côté pour voir mon frère de 14 ans à l'entrée du salon. Ses cheveux bruns étaient encore ébouriffés, ses lunettes rectangulaires étaient maladroitement posées sur son nez et essayait de se donner un style avec son t-shirt noir où BACK TO BREIZH était écrit en gros et en doré. C'était du Romain tout craché, de faire les trucs les plus beaufs qui existent et après se défendre sous prétexte qu'il était juste un fier patriote breton. Il avait commencé à dix ans une collection de bob et avait tapé un scandale quand on avait découvert que les sorciers ne portaient pas de bob.

Le seul point commun physique que je trouvais avec mon frère, hormis la même forme de visage, était nos cheveux bruns. J'avais les yeux gris, que je tenais de ma mère, alors que mon frère avait les yeux marrons de mon père. L'autre point commun qu'on avait, c'était que nous étions tout les deux des sorciers.

RAGES DE CESAR !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant