C H A P I T R E 1 4

923 33 0
                                    

J'avais feinté tout au téléphone avec Danielle, et bien que si elle m'appelle c'est qu'elle peut sentir à des milliers de kilomètres quand ça ne va pas. Puis elle avait peut-être lu mes commentaires Instagram avant moi.. J'avais coupé court à cette activité pour éviter de déprimer toute seule ici, déjà plus de dix minutes qu'il est parti, je décide d'aller me promener, visiter les paddocks. Je rencontre quelques pilotes qui me saluent et me félicitent. Ce côté là est tout de même plus plaisant. 

On m'attrape la main, je me retourne, je m'attendais à Fabio mais ce n'était que Tom.

- Où tu vas comme ça toi ?

- Je traîne. Pourquoi ?

- Tu n'as pas peur du vélo ?

- Qu'est ce que tu prépares ?

- Réponds moi !

- Non, ça va.

- Viens avec moi.

Tout en me tenant la main, on revient au stand de Fabio, où il récupère son bmx et on repart jusqu'à la ligne de départ du circuit.

- Qu'est ce ?

- Tu me fais confiance ?

- Tom, avant dit moi ce que tu veux faire.

Après chaque course, alors que Fabio se reposait un peu, Tom arpentait son vélo et faisait un tour de circuit en pédalant le plus fort possible. Il sentait le vent sur son visage, et le calme plat après tout la folie de l'après-midi, et souvent le soleil bien bas qui commençait à se coucher. Il me fit monté debout sur les rebords au niveau de la route arrière, me tenant à ses épaules et il commença à pédaler de toutes ses forces.

- Ferme les yeux. m'ordonne-t-il

Je m'exécute. Mes cheveux dans le vent, le calme plat tout autour, et mon imagination débordante, comme ci à ce moment là, je pouvais apercevoir ce que Fabio ressentait sur sa moto. Tout en m'imaginant les cris de la foule pour le soutenir avant de revenir à la réalité du silence, du bruit du vent, du souffle. Il avait pédalé tellement vite que nous étions déjà de retour au stand, où nous attendait Fabio. Il me prit dans ses bras.

- Je te laisse imaginer la sensation que ça peut donner à moto.

Je glisse ma tête dans le creux de son cou. Il est l'heure de se reposer un peu. On monte tous les trois rejoindre Etienne dans le camion aménagé, et on s'installe dans le canapé. Il s'éclipse dans sa chambre pour téléphoner à Martine. Les deux camions vont prendre la route aux alentours de minuit, quand tout sera bien rangé, direction Nice. Tom avait organisé la chose, car il y a presque 14 heures de route, et il ferait un arrêt à l'aéroport de Barcelone que je puisse reprendre ma voiture pour rentrer chez moi. Ce qui permet que je passe la nuit et la matinée avec Fabio. 

Il est 15 heures 30 le lundi quand nous arrivons à l'aéroport, les camions trouvent une place pour se garer et c'est déjà l'heure des aurevoirs, pas le temps de traîner pour l'équipe qui est attendu à Nice et moi je dois prendre la route pour rentrer à Juberri. Je salue tout le monde, et termine par Fabio. C'est toujours trop court ces moments là, mais ça m'a fait tellement du bien de le retrouver. Normalement, je reviens le mois prochain, au Grand Prix de France. Je gère un peu mieux l'inquiétude des courses même si je n'ai pas encore l'habitude. Après de nombreux baisers, les camions reprennent la route. Je m'assois dans ma voiture, démarre le moteur et m'effondre en larmes. Trop d'un coup.

. . .

Dimanche 26 Juin, Grand Prix des Pays-Bas, au circuit Assen. 

Mon verre de jus de fruits tombe sur le tapis, et mes mains se mirent à trembler, je pleurais à chaude larmes, que je peinais à sécher pour regarder la télé. La chute était si violente. J'avais éteint la télé, c'était trop dur à supporter. Danielle m'appela aussitôt au téléphone, évidemment que j'étais pas bien, elle me dit simplement qu'elle me rejoint au plus vite. J'attendais l'appel de Tom, ou Fabio au mieux, mais je me repassais la chute encore et encore, et dès que je fermais les yeux, j'avais cette image là en tête. Pendant vingt minutes, je tournais en rond, je pleurais, je tremblais et je n'arrivais pas du tout à me calmer. Je finis enfin par recevoir un message de Tom qui me disait juste " ok " c'était un code entre nous, en cas de problème, de chute ou autre, pour s'assurer que tout va bien, si on a pas le temps de parler par message ou de téléphoner. 

Je respire de nouveau, mais mes larmes ne s'arrêtent pas, et coulent en continue

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Je respire de nouveau, mais mes larmes ne s'arrêtent pas, et coulent en continue. Une voiture arrive un peu plus tard : Danielle. Elle court jusqu'à la porte et entre sans frapper avant de me prendre dans les bras pour essayer de me calmer, mais sur les premiers instants, je pleurais encore plus. Elle finit par se reculer légèrement, me demandant si j'avais eu des nouvelles. J'essaie de lui répondre au mieux que j'ai éteins la télé, et que j'ai reçu un message de Tom.. 

Sur cette course, il aura chuté deux fois. J'ai bien fait d'avoir tout éteint avant d'en voir d'avantages. Après plus de deux heures d'attentes, je reçois enfin un appel visio de Fabio. Je monte dans sa chambre, m'installe sur son lit.

- Je viens de faire des examens tout va bien, rien de casser juste quelques bleus.

Je n'arrivais pas vraiment à parler car j'avais peur de me remettre à pleurer, même si j'étais soulagée, énormément soulagée de le voir bien. J'avais encore les yeux rouges, les joues boursouflées. 

- Tu es toute seule ?

- Danielle est venue aussitôt me rejoindre..

- Je suis content que tu sois pas seule. Je rentre dans deux jours normalement.

- Tu ne devais pas rentrer avant le week-end prochain non ?

- Et je ne veux pas te laisser dans cet état là trop longtemps. Je sais ce que ça signifie pour toi..

- Ca va aller. 

- Elo, me ment pas ça sert à rien.. et Tom s'occupe de tout. 

- Tu es sur que ça va ?

- Oui, mais ça ira mieux quand je serais avec toi. Et on sera ensemble tout le mois de juillet. 

Il ne tarde pas à raccrocher, bien qu'on se soit rappeler le soir même. J'avais été au médecin lundi soir pour qu'il me donne un calmant pour mes tremblements. La journée du mardi était un peu mieux, déjà parce-que les médicaments m'aidaient à dormir et me calmer, et aussi que je savais qu'il rentrait aujourd'hui, mais je ne savais pas à quelle heure. Probablement dans la soirée.

Il est environ deux heures du matin, allongée dans le canapé, je sens une main dans mes cheveux et ses lèvres sur mon front. Je sursaute, me relève aussitôt pour le prendre dans mes bras, et le serrer le plus fort possible. J'entoure sa taille de mes jambes, mes bras autour de son cou. Je recule ma tête assez pour pouvoir l'embrasser, tout d'abord timidement, une larme sur ma joue, puis fougueusement, comme ci c'était la première ou la dernière fois. Un instant plus tard, je le regarde, dans les yeux, les miens humides et ces mots m'échappèrent.

- Je t'aime. 

PREMIER AMOUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant