Capitolo 10

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« Parle-moi de ce jeune homme charmant. »

La vieille fleuriste lança un sourire rassurant à la jeune femme. Stella lâcha un léger rire au souvenir du pilote. Les deux femmes étaient installées à table devant un bon café chaud, et Stella se mit à sourire sans s'en rendre compte.

« Il est d'excellente compagnie, il est souriant, drôle et... »

La jeune italienne se perdit dans les souvenirs de sa journée avec le jeune homme. L'appel surprise, leur randonnée, leur discussion et l'aveu qu'elle avait fait. La pause au bord du lac, et la sensation qu'elle avait ressentie quand ils s'étaient séparés.

« Il a été un compagnon de balade en or, sincèrement, on marchait au même rythme, même si je suppose qu'il marchait plus lentement qu'à son habitude, pour ne pas m'épuiser... »

Les deux femmes se mirent à rire ensemble.

« On a discuté tout du long, et il ne m'a jamais forcé à raconter ce que je ne voulais pas...

- Il m'a l'air de charmante compagnie.

- Il l'est. Vraiment. Il est gentil, attentionné...

- Et beau garçon...

- Graziella ! »

La jeune italienne se mit à rougir. Non pas que la vielle femme mentait, Charles était beau garçon, elle ne pouvait pas le nier.

« Tu crois que je n'ai pas vu à quoi ce jeune homme ressemble. Giovanni ne s'est pas fait prié pour nous montrer des photos de lui. Il était vraiment heureux de te voir prendre l'air en bonne compagnie. Il espère pouvoir te voir enfin heureuse.

- Mais je suis heureuse !

- Lo so Stella, lo so. Mais tu comprends ce que l'on veut dire par là. »

La jeune Sicilienne soupira. Elle comprenait, mais elle ne se sentait pas prête à vivre une nouvelle histoire. Pas après tout ce qui lui était arrivé, et pas alors qu'elle devait rester cachée.

« Je le comprends, Graziella, j'ai juste besoin de temps.

- Tu n'auras peut-être pas tout le temps que tu désires Stella... No, no, ne me regardes pas comme ça, je ne te dis pas de te presser. Simplement, si ce jeune homme te plaît, tu devrais le laisser entrer dans ta vie, le laisser se faire une place dans ton cœur.

- J'aimerais beaucoup, mais j'ai bien trop peur. La dernière personne à être entrée dans ma vie, l'a quitté brutalement.

- C'est normal et naturel d'avoir peur, mais ça ne veut pas dire que cela arrivera à nouveau. Il ne faut pas que cela t'empêche de vivre, Stella. Je peux comprendre que tu aies peur et je ne peux pas te promettre que tout ira bien, mais il ne faut pas t'interdire de profiter du moment présent. Tu n'es pas obligée de foncer les yeux fermés, tu peux y aller doucement, progressivement et te laisser la possibilité d'être heureuse à nouveau. »

Stella eut besoin de quelques minutes pour encaisser le discours de la femme à ses côtés. Elle souffla avant de baisser la tête.

« Graziella, il y a quelque chose qui m'empêche de profiter de la vie...

- Stella...

- Non s'il te plaît, écoute-moi. Je... Avant d'arriver à Maranello, j'ai vécu une vie bien remplie. Je n'ai que vingt-trois ans et pourtant, j'ai l'impression de vivre mon adolescence seulement maintenant.

- Ma perché ?

- Je n'ai pas le droit d'en parler, et moins il n'y a de personne au courant, mieux c'est pour ma sécurité. Mais j'ai peur, peur au quotidien que quelqu'un me reconnaisse et informe les mauvaises personnes de ma présence ici. Je dois à tout prix rester cachée, et fréquenter un jeune homme célèbre n'est pas une bonne idée. Je dois abandonner, et peut-être changer à nouveau de ville avant qu'il ne soit trop tard. Que je sois blessée, ou pire qu'il le soit lui.

- Stella ! »

Le cri de la vieille fleuriste fit sursauter la jeune Sicilienne. Elle ne s'attendait pas du tout à une telle réaction de la femme, même si elle se doutait que ses propos pussent être choquants.

« Dio mio, mais que t'est'il arrivé dans la vie pour que tu aies autant peur de vivre... »

Une larme coula sur la joue de Stella alors qu'elle se perdit dans ses pensées.

FLASHBLACK

La jeune femme regardait le paysage défiler à vive allure devant elle. Elle avait tellement l'habitude de voir les paysages siciliens, qu'elle était impressionnée par la vue qui s'offrait à elle.

Elle était installée sur le siège passager, son petit ami Enzo était au volant.

« E magnifico quassù !

- Je trouve que ça ressemble beaucoup à la Sicile.

- Tu plaisantes Enzo. Ça n'a rien à voir, pour avoir vécu là-bas toute ma vie, je peux te dire, que ça n'est pas du tout la même chose.

- Il y a un volcan, de la végétation et la mer à côté, c'est identique.

- Pas du tout. D'accord, tu as raison sur ces trois points, mais regardes les arbres, ce ne sont pas les mêmes espèces. Il y a tellement de différences entre les deux régions, la Sicile est baignée par la mer, tout y est plus vert, plus humide. Alors qu'ici, ça a l'air légèrement plus sec, regarde les arbres, ils sont plus résistants à la sécheresse. »

Le jeune homme se mit à sourire sans lui répondre, conscient qu'il n'arriverait jamais à faire changer d'avis la jeune femme.

« Bon alors, que veux-tu faire mis à part visiter Pompéi ?

- Visitez Naples...

- Tesoro, no. C'est bien trop dangereux pour nous.

- Personne ne sait que nous sommes ici, il ne nous arrivera rien. »

Elle était bien loin de s'imaginer ce qu'il allait arriver. Elle avait oublié les risques préférant profiter du week-end sur le continent.

FIN FLASHBACK

« Stella ! Stella ! Regarde-moi s'il te plaît. »

La jeune Sicilienne leva le regard vers la femme assise à ses côtés.

« Ne pleure plus ma belle. Tout va bien.

- No. Rien ne va bien, il est mort. Trop de gens sont morts à cause de moi... »

La veille fleuriste fut choquée par les mots de la jeune femme. Mais elle ne lui posa pas plus de questions, elle savait qu'elle avait du mal à se confier, et elle avait déjà fait un grand pas avec elle.

« Allez, calme-toi ma belle. Ça va s'arranger, j'en suis certaine. Prends le temps dont tu auras besoin pour te calmer tranquillement. Ensuite, tu récupéreras les fleurs pour le restaurant et tu iras travailler, ça te fera du bien de penser à autre chose comme ça t'a fait du bien d'en parler un peu.

- Merci Graziella. Merci de m'avoir écouté.

- Mais de rien ma belle, je suis là quand tu veux si tu veux parler ou si tu ne veux pas parler, il n'y a aucun problème. »

La jeune femme lui sourit avant de se calmer tout doucement. Il était temps pour elle, de retourner au restaurant.

L'Étoile de Maranello - Charles Leclerc ❤️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant