Les traits de Darwin se sont assombris. Il ne dégageait plus aucune insouciance. Il me regardait, en silence. Son sourire niais avait totalement disparu, pour laisser apparaitre un visage de glace. Je ne pouvais plus le cerner
Il a refermé la main autour de lanneau. Ses yeux ont exprimé tellement de chose en une seule seconde, que je narrivais plus à les décrypter. De la haine. De la tristesse. Une sombre maturité. De la solitude. Un amour infini. Il a refermé les yeux. Longtemps. Il tentait de reprendre le contrôle. Sa respiration sest apaisée.
Il a reconstitué son masque, mais cétait différent. En un instant, nous avions tous vu cette nouvelle lueur dans ces pupilles. Une étincelle qui ne voulait dire quune seule chose.
‒Comment tu la connais ? a-t-il demandé.
Il me fixait sans ciller. Cétait cette Camille qui lavait déstabilisé, au point den faire tomber sa carapace.
‒Je lai vu, en touchant son anneau. Cétait le sien, nest-ce pas ?
Il a souri. Mais ce nétait pas un sourire de joie, et ni de tristesse, plutôt mélancolique.
‒Cest vrai quelle est bizarre, a-t-il soufflé en me pointant du doigt.
Cette lueur dans ces yeux Cétait le signe quil nous aiderait. Néo a opiné en murmurant « cest vrai quelle est bizarre, quest-ce-que je disais, hein ». Marie a ébouriffé ses cheveux pour me venger. Darwin gardait cependant un il prudent sur moi.
‒Tu las vu, a-t-il dis, alors décris-la.
‒Je nai eu quune image delle enfant. Elle est blonde. Le jour où tu las rencontré, cétait à lécole, dans la cour. Elle est venue te voir, en te demandant si tu voulais bien jouer avec elle.
Il a gardé le silence, en tapotant ces doigts en rythme sur la table. Pendant de longues minutes, plus personne na ouvert la bouche. Cétait à lui de prendre la parole. Et lorsquil a relevé les yeux sur nous, il était clair qu'il avait pris sa décision.
‒Daccord, je vais vous raconter, mais ce nest pas si intéressant.
Nous avons tous vivement hoché la tête.
‒Camille
Il cherchait les bons mots.
‒Camille a été ma première amie. On sest rencontré à lécole primaire. On ne se lâchait plus. Cétait comme sielle faisait partie de moi, et moi delle. Jusquà la première année de lycée. Puis, elle a disparu. Fin de lhistoire... Ce nétait pas si intéressant, vous voyez.
Darwin a haussé les épaules avec nonchalance. Néo lisait en lui comme dans un livre ouvert. Et moi, je lisais en Néo. Il avait un visage si triste. La compassion pure dun enfant. Marie ma dévisagé, puis ses paroles sont enfin arrivées jusquà mon esprit. Jai entrouvert les lèvres. Je crois même avoir fait tomber ma bouteille deau une deuxième fois. Mon cur sest accéléré. Elle était donc là, la solution.
‒Comment ça « disparue », ai-je bredouillé.
Il a passé une main dans ses cheveux en regardant par une fenêtre.
‒Bah disparue quoi.
‒Mais disparue comment ?
‒Bah du genre, porté disparue. Plus aucune nouvelle. Des recherches qui ont duré des plombes, et qui nont rien donné du tout comme si elle navait
‒Jamais existé, ai-je terminé.
Les yeux de Marie se sont illuminés. Elle ma souri, pour me dire mentalement « regarde, tu ten rapproche. On va y arriver ». Jai vraiment eu envie de verser une larme. Mais, à la place, je lui ai rendu un vague hochement de tête. Par respect et en hommage sincère à Camille, et, à ma sur. Darwin ma scruté. Il attendait que jajoute quelque chose. Alors à mon tour, je me suis décidée. Et, jai aussi raconté.
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REDLINE
Bilim Kurgu[Publication de chapitre tous les mardis et vendredis. ] Vous êtes-vous déjà posé des centaines de questions existentielles au point de souffrir d'insomnies ? Probablement. Chaque humain sur cette terre a déjà vu son esprit traversé par ces interro...