L'effroi est le plus total. Parmi tout ce qu'ils avaient envisagés en cinq jours de préparations, rien ne les préparaient à ce qu'il y ait plusieurs bombes. Néanmoins, dans l'instant présent ils ont mieux à faire que de se morfondre. Trois de leurs frères d'armes sont grièvement blessés dont Lougachevko en est celui dans le plus sale état. Cependant, tandis qu'en arrière-plan la guerre fait rage dans le camp, Muller, lui, les rejoint en voiture ne sachant pas encore la nouvelle.
« C'est un sacré spectacle que vous nous avez offert. » dit-il avant de voir l'état de Lougachevko, Adler et Mark. Immédiatement, il se précipite vers eux « Bon sang, Mark, Louga, Adler... Comment vous vous sentez ? »
« Comme en Corée. » Réponds Mark relevé par Stanford et Loski
« Moi... Comme à Suez... »
« Et Adler est dans les vapes. Il a pas trop aimé les 4-5 tonneaux en voiture. Plus sérieusement il faut les évacuer pour des soins au plus vite. » Réponds Loski
« Oui, j'appelle Antonio immédiatement. Mais... La bombe ?! Par pitié dites-moi que vous l'avez eu ! »
Loski et Stanford se regardent inquiet.
« Oui, on a la bombe... Enfin... Une bombe. »
Muller le regarde désemparé. Il a très bien compris ce que sous-entends Stanford mais veut quand même avoir confirmation.
« Qu'est-ce que tu veux dire par, une bombe ? »
« C'est pas la bombe du Kurchatov. On a une bombe américaine. »
Le visage de Muller se décompose. Il avance vers la caisse du noyau atomique pour y lire la même chose que Stanford et Loski juste avant. Il ne peut pas le croire, pas après tous leurs efforts. Il reste silencieux et bouche bée devant le noyau. Néanmoins, il préfère repartir plus loin et contacter Antonio pour une exfiltration en cachant sa haine derrière une voix tremblante. Ainsi cette victoire avait un goût amer. Ils ont certes récupéré une bombe, mais cela n'était pas la bonne et impliquait donc une effroyable réflexion. Ils n'ont pas une, mais plusieurs bombes à retrouver à partir de rien, ils ne savent pas du tout où elles peuvent être ni ce que le KGB projette d'en faire. Ainsi, ils repartent en CH-3 avec Antonio, direction la base à Caracas et surtout avec le noyau américain qui sera rapatrié vers le port du Havre.
Maintenant qu'ils n'ont plus aucune trace pouvant les guider vers la bombe du Kurchatov ils se résignent à faire appel au Bureau en renfort pour traquer ce fameux monsieur T. Ainsi dans leur recherche, ils auraient aimé trouver dans la liste des taupes ou cible alpha le nom de code monsieur T, or, il n'y a rien. Ils sont dans l'obligation de fouiller tout ce qu'ils peuvent trouver au Venezuela, une longue recherche d'un mois entier. Cependant, cette longue période de vide pour les agents n'est pas inutile. Mark, Adler et Lougachevko avait grandement besoin de soins et de repos pour se remettre de leurs blessures. Néanmoins, des images aussi rassurante qu'inquiétante finissent par leur parvenir. Grâce aux agents français dispersés en Amérique, l'un d'eux a, en effet, photographié un homme ressemblant à la description de monsieur T, bien loin du Venezuela. Ce dernier a effectivement été photographié au Nicaragua en la compagnie d'un homme identifié comme Carlos Fonseca. Tout laisse croire à Muller ainsi qu'au S.R.O.E qu'il y a des dizaines d'Alejandro Pereira dans toute l'Amérique Latine, préparant la soi-disant grande révolution. En conséquence, Muller décide de changer de plan. Monsieur T n'est plus leur objectif principal. Ils doivent absolument identifier les principaux membres du réseau du KGB en Amérique Latine pour le démanteler. C'est donc à l'aide du Bureau, qu'ils identifient un fournisseur en lien avec monsieur T. Il s'agit d'un ex-agent de la CIA qui s'est vendue à l'Est et répondant au nom d'Anthony Miller. Cet homme n'est pas des moindres puisqu'il s'agit de la tête principale du trafique. De plus, d'après les données de la CIA elle-même, c'est un lâche et un homme peu digne de confiance. Autrement dit, s'ils mettent la main sur lui, ils feront tomber un homme essentiel au trafic d'armes. Alors, Muller décide de lancer l'opération « coffre-fort » à quelques jours de la nouvelle année.
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Derrière le rideau de fer - Tome 1
Ficción históricaOctobre 1962. Alors que les Etats-Unis célèbrent leur victoire sur l'URSS et que l'Europe peut enfin souffler. La France, quant à elle, déchante rapidement. Des images satellites inquiétantes ont été prises aux larges de la Guyane, indiquant la prés...