Chapitre 9

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       Après ma révélation, je vis leur visage se décomposer.

"Tu rigoles là ?!, s'exclama Nathan.

-C'est impossible, lorsque ce chasseur légendaire sévissait, tu devais avoir à peine...

-Quinze ans, en effet, et pourtant c'est bien le cas, coupai-je Harry avec calme."

Le silence retomba. Chacun avait leurs propres interrogations à mon sujet. Il fallait que je me montre honnête et que je leur raconte, même si j'aurais préféré que tout cela reste loin derrière moi.

"Pour que vous compreniez, je vais commencer depuis le début. À l'origine, je suis orpheline, je n'ai jamais connu mes parents biologiques, ils sont morts peu après ma naissance. Suite à leur décès, une femme, Cammie, m'a trouvée et m'a adoptée lorsque j'avais environ trois mois. Elle vivait sous la protection des chasseurs. Elle m'a élevée comme sa propre fille. Malheureusement, dès mon plus jeune âge je me suis démarquée par ma vitesse, ma force d'esprit et mon agilité. Célian a donc fait pression sur ma mère pour qu'il m'entraîne. C'est ce qu'il a fini par faire. À l'âge de quatorze ans, j'étais déjà une grande chasseuse, ne me manquait plus que l'expérience du terrain que j'acquerrais au fils du temps. Quand j'ai eu à peine quinze ans, Célian m'a envoyé en mission seule. Je devais éliminer lors d'un congrès tous les membres présents, tous des surnaturels. Je n'ai eu d'autre choix que d'accepter, j'étais sa marionnette. Cette nuit-là j'ai exécuté ma mission à la perfection et froidement comme on me l'avait toujours enseigné. C'est ainsi que le surnom de la Faucheuse m'a été attribué. Cette même année là, ma mère m'a ramenée sur le droit chemin. J'ai compris que mes actes et soit disant exploits n'étaient pas sains et si glorieux que ça. Nous avons donc fuit à mes seize ans. Nous avons été capturées deux ans après. Je suis parvenue à m'échapper, mais Cammie non. Par la suite, je suis devenue la Grande Traqueuse avec pour seul but : réparer comme je peux mes erreurs et sauver ma mère. Voilà pourquoi la Faucheuse ne sévit plus à présent, contai-je."

Tous s'étaient murés dans le silence afin de digérer sûrement toutes ces informations. Pour ma part, je me sentais oppressée, j'avais besoin d'air, d'évacuer tout ce trop plein d'émotions en moi accumulé.

"Je reviens, j'ai besoin de prendre l'air, les saluai-je l'air absent."

Je montais dans ma chambre récupérer ma lance, et s'en perdre de temps je sautai par la fenêtre pour rejoindre la forêt. Je passais de branches en branches, grâce à des sauts ou des acrobaties, encourant. Le vent fouettait avec force mon visage, mais j'en avais que faire. Dès qu'un obstacle se présentait devant moi je le coupais avec rage à l'aide de mon arme. Les paroles de Célian tournaient en boucle dans ma tête si seulement je pouvais lui trancher la gorge. Je tranchais à cette pensée une branche qui s'écrasa au sol, faisant fuir des animaux à proximité. Je me stoppais. Ce sale type cherchait à me faire perdre mon self-contrôle, et ainsi commettre une erreur qui me serait fatale. Et clairement, c'est ce que j'étais en train de faire. Il fallait que je fasse le vide dans ma tête. Je m'assis sur la branche où je me trouvais, fermais les yeux afin d'écouter les bruits de la forêt. Doucement, elle retrouva son calme. C'était agréable. J'ignore combien de temps s'était écoulé, mais je me sentais beaucoup mieux comme un peu plus libre, plus sereine. Peut-être que me confier sur une partie de mon passé m'avait aidée à y faire face.

Je restais ainsi plusieurs heures. Alors que je profitais de la quiétude de la nature, elle fut troublée par des bruits de courses. Rapidement, un grand loup noir apparut sous mon arbre et s'y assit en me fixant. Sa queue remuait de gauche à droite et son regard en disait long : il voulait jouer. Enfin, le grand méchant loup plus exactement.

"Tu sais qu'on dirait un chien, petit loup, me moquai-je."

Pour toute réponse, j'eus le droit à un petit hurlement, très proche d'un aboiement. S'il y tenait tant, soit. Je me levais et sautais sur une branche voisine avant de courir. Le loup se mit rapidement à ma poursuite. Il parvint à grimper à un arbre pour m'imiter et accélérer. À ce rythme-là il allait me rattraper. Alors qu'il arrivait à ma hauteur, je me laissais tomber en dégainant ma lance afin d'amortir contre un tronc ma vitesse de chute. Une fois au sol, je repris ma course. Je finis par arriver près du petit lac. L'endroit était magnifique. Un détail m'interpella soudainement, je n'entendais plus mon poursuivant. Où était-il ? J'eus rapidement la réponse, quand je sentis dans mon dos que l'on me poussait. J'eus le temps de rouler en arrière, mais finis dans le lac. Une masse noire me tomba dessus, et me lécha le visage tout content. Je râlais et lui demandais d'arrêter son cirque. Finalement, il prit forme humaine tout en restant au-dessus de moi. Ses pupilles émeraudes ne me lâchaient pas. Elles brillaient d'une telle intensité. Il replaça une de mes mèches derrière mon oreille. Mais à quoi jouait-il sérieusement ? Je ne laissais rien paraître sur mon trouble. Il finit par détourner le regard comme gêné.

La Grande Traqueuse & la meute suprêmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant