Chapitre 3

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Dessin par speccyy sur Twitter

Si vous saviez à quel point il est dur de trouver un fanart où Albedo et Kaeya sont simplement seuls, proches, sans qu'ils ne se fassent un câlin ou qu'ils s'embrassent...

Enfin bref, j'ai utilisé ce fanart qui ne représente à mon avis pas parfaitement l'atmosphère du chapitre mais je l'ai trouvé joli !

Je divague (vague) sur le fanart et ça n'a pas de sens puisqu'on est ici pour lire, j'espère que vous apprécierez ce chapitre qui permet enfin à l'histoire de débuter dans ses thèmes ! Je sui content de ce que j'ai écrit ^^

Bonne lecture !

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Alors que les aiguilles de la montre se rencontraient, s'enlaçaient tels deux amoureux frivole ayant attendu toute la journée, Kaeya lui, était toujours décidé à rester s'amuser dans le bar. Il avait beaucoup bu et continuait d'offrir des tournées, le barde ne chantait plus non plus, il buvait. Pour Albedo, ces gens n'étaient pas conscients, il devaient être ailleurs, la preuve étant que, étant le seul sobre, il se sentait totalement hors de cet endroit, comme s'il n'avait pu suivre la fête dans le dédale infini des passions nocturnes; comment ces gens pouvaient prétendre être heureux ? Ils étaient inconscients. Il régnait un bruit infernal dans le bar, comme si les démons s'étaient invités à la fête, troublant tous les sens du scientifique, l'odeur était tellement forte qu'elle colorait les murs, la chaleur était digne des flammes d'un feu que le malin aurait embrasé, la lumière était fausse, futile, artificielle; seul son goût était épargné par ce délicieux cidre de pommes. Des pommes, oui des pommes, la nature était concentrée dans son verre, alors qu'il n'y restait quelques gouttes. Pourtant, ces quelques restes suffirent à le rafraîchir, un frais digne d'une douche lors d'un après-midi ensoleillé sous une cascade étincelante, un après-midi pendant lequel on pouvait encore sentir le parfum des fleurs, le parfum d'été planant dans l'atmosphère, porté par le vent qui caressait doucement les joues. On ressentait dans ce breuvage toute la nature des fruits, cueillis à leur âge le plus mûr. Il n'y avait rien à redire, au domaine de l'Aurore, on savait faire des boissons.

Perdu dans ses pensées puis rattrapé par la réalité, il avait déjà vécu ça, ses recherches le portaient souvent dans cet état entre le juste et le faux. Il devait sortir, il le fallait. Il prit fuite de cette taverne, cette taverne où il ne voulait plus remettre les pieds. Qu'en déplaise aux fêtards, le fêtards lui déplaisaient. L'air pur de la nuit était une véritable récompense pour Albedo, la lune était pleine : temps idéal pour une expérience d'alchimie. Mais il n'en voulait pas, il avait besoin de calme, de repos. Il monta sur la muraille pour s'asseoir sur le bord, pour laisser ses jambes balancer dans le vide, se mouvant au rythme et à la puissance des courants d'air longeant la muraille, craquelée de toute parts, exhibant des fissures dans lesquelles un écosystème s'était développé : des plantes grimpantes, divers insectes et même des traces d'élément anemo. De là, la vue était inimitable, la lune se reflétait sur le lac sans vagues, perçant le voile noir du ciel comme un projecteur d'usine, éclairant les tours et illuminant la vie dans la nuit de Fontaine. Pourtant, Albedo réfléchissait, il n'était pas seulement la pour ne rien faire, bien que son envie en était ainsi, mais pour réfléchir à ce qui s'était passé dans la journée. Se pourrait-il qu'une énergie des abysses se soit manifesté ? S'il en était ainsi, il lui fallait un conseiller, et personne ne connaissait mieux l'ordre de l'abîme que le célèbre vigneron, perché au plus au point du domaine de l'Aurore. Ses yeux se posèrent à nouveau sur la lune, astre veuf de la nuit. Veuf... cela faisait longtemps que le scientifique n'avait pas pensé à ce mot : un marié ayant perdu l'être chéri...
L'être était-il vraiment chéri ? Ou était-ce juste une norme sociétaire, à laquelle les gens s'étaient conformés, marchant dans le rang pour plaire. Cette réflexion prenait tout son sens pour le Kreideprinz qui n'avait jamais ressenti de sentiments amoureux, du moins, ce qu'il pensait en être. L'âme sœur existait-elle ? Les liens amoureux existaient-ils ? Voilà les questions auxquelles il pensait n'avoir jamais de réponses. Aucune expérience ne lui faisait peur, pourtant l'étude de ce phénomène représentait un temps de travail que même un archon n'aurait ps encore vécu. La lune était toujours là. Elle n'avait pas bougé. Albedo aurait pu rester ici à la fixer jusqu'à voir les premiers rayons du soleil briller. Ses yeux commençaient doucement à se clore. Il avait réussi à se détendre.

Les lueurs de l'aube se reflétaient sur le visage clair du jeune homme, et alors que rien ne semblait pouvoir le perturber et rentrer dans son espace vital, un homme se tenait la, veillant sur lui. Le capitaine de la cavalerie était rassuré, il n'avait pas compris pourquoi son camarade avait soudain disparu, volatilisé de la taverne plein de chants et d'amusement. La ville était encore calme, un calme de cathédrale, tout le monde semblait avoir oublié qu'une déferlante rouge avait semé le chaos la veille.

Il jeta un regard au pic du mont Dosdragon, brillant. C'était un lieu doux, apaisant, où la chaleur n'existait pas. Pourtant personne n'y allait, le danger était partout sur cette montagne, c'était peut-être un des derniers endroits sur terre où l'humain y était l'être le plus faible comme s'il avait justement été créé pour repousser toute forme de présence humaine. Mais Albedo n'en avait pas peur, il adorait même cet endroit, là où la vie s'était vue refuser l'entrée. Il reconnaissait beaucoup de mystères en son ami, tout comme cette montagne. On aurait pu croire alors que l'alchimiste n'était qu'un reflet de la montagne mais il n'en était rien : les mystères naturels et sombres de l'enfer glacial le repoussaient alors que ceux de celui qui dormait en face de lui l'attiraient, comme un aimant. Aimant... Albedo aurait nommé ce phénomène le magnétisme, il se serait lancé sur une théorie avec des protons et des électrons dont Kaeya ne se souviendrait même pas des principes, seulement de quelques mots qu'il aurait pu ressortir à sa supérieure ou à la bibliothécaire afin de briller, ou du moins de le paraitre. Mais lui préférait le mot aimant. C'était simple, tout le monde savait ce que c'était et pourtant, une douce subtilité s'y cachait. En effet, n'était-ce pas aussi le participe passé du verbe aimer ? Ce double sens égayait le capitaine qui, par nature, adorait les subtilités et les petites allusions, laissant un doute dans l'esprit de ses interlocuteurs. Pourtant, lui même ressentait un doute. Qu'aurait-il dit à Albedo ? Il ne put répondre à cette question avant son réveil. Les yeux du scientifique étaient ouverts, il restait silencieux, tout comme Kaeya.

Ses pensées étaient souvent bouleversées à son réveil. Son regard défilait sur le paysage qui l'accueillait : l'hiver éternel du massif. Pourtant, alors que ses yeux se dirigèrent vers le sommet, cherchant le signe d'une flamme, d'un oiseau ou même d'un sanglier, il sentait un noeud se former dans sa poitrine. Sa maison était devant lui, faite de roche, de neige et de terre. Mais surtout faite de sang, un sang qui coulait le long des raides falaises et des douces pentes. Une maison, qui, en plus d'être fixe reposait sur une tombe. La montagne, bien qu'inanimée, lui semblait vivre, survivre, revivre. Elle était une pyramide dont la pointe devait élever le pharaon vers les astres qui projetaient l'avenir de cette demeure en la résurrection de son maître, une pyramide dont Albedo était en fait le prisonnier, prisonnier de son calme et de son chagrin. Des larmes dissimulées par son propre sourire coulaient à l'intérieur de son corps, cherchant sans cesse à remplir un trou noir, à jamais vide. Si cette montagne lui apportait chaleur et réconfort, elle lui ressassait sempiternellement son deuil et rendait son âme plus froide que la neige qui peignait la roche grise de la montagne.

Son âme était froide certes, mais son ami savait la réchauffer ce qui était pourtant étrange puisque seul le frère avait acquis un œil divin pyro. Il croisa alors son regard avec les yeux bleus qui le fixaient. Il prit seulement conscience à ce moment de la présence de ce regard. En effet, il savait que Kaeya était là dès son réveil mais il n'en avait pas réfléchi les conséquences, ni les causes. Était-il resté là toute la nuit ? Que faisait-il là ? Devait-il déjà fuir ce calme pour partir ensemble en mission ? Le capitaine de cavalerie ne disait rien, il se contenta de lui offrir un petit sourire. Il avait remarqué la tristesse dans ses yeux. Albedo restait alors là, couché, sans un mot, perdu dans ses pensées, rassuré par la présence de son ami. Si seulement il pouvait venir plus souvent dans la montagne, il aurait pu profiter du calme et d'une âme en feu. Oui, le feu lui revenait, il le brûlait même, il évaporait les larmes perdues de son esprit, pourtant sa brûlure était indolore, elle était même agréable. Il lui sourit alors, espérant provoquer en lui la même sensation qu'il ne comprenait pas. Kaeya semblait rassurer, ils se mirent à rire ensemble, sans pouvoir y apporter plus d'explications, contents de pouvoir être à deux, seuls, dans un silence absolu, seulement interrompu par leurs rires cristallins. Kaeya finit par s'asseoir à côté d'Albedo, son bras touchant celui du scientifique, un contact intentionnel mais pourtant tout à fait naturel, qui ne surprit pas le scientifique. Ils regardaient ensemble la montagne qui devenait de plus en plus belle au fur et à mesure que le soleil montait dans le ciel et que le ciel perdait sa couleur rosée.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 07, 2023 ⏰

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