Madrid, deux jours après la fin du braquage...
Les rues étaient désertes, sombres, aigries comme en deuil. Elles aussi portaient le lourd fardeau de la désillusion et de la mort... Les enfants ne riaient plus, délaissaient leur ballon. Les parents ne voulaient peut-être plus qu'ils mettent le nez dehors... Pour quelle raison ? La marée rouge avait-elle créé le chaos dans la ville comme dans les cœurs ? Âmes en peine, les poubelles s'entassaient devant les portes des immeubles car même les éboueurs ne daignaient passer pour les récolter. Or, pour eux, ce n'était pas pour les mêmes causes. Certains de leurs collègues avaient été kidnappés par les Dalis. Alors, encore sous le choc, ceux-ci n'étaient pas revenus travailler. Les autres montraient leur soutien en faisant grève sous prétexte que le gouvernement ne les avait pas protégés de ces malfrats en combinaisons rouges. Ou plutôt de ces gens de l'Est européen, armés jusqu'aux dents affichant leur plus beau sourire.
Alors, certains comme ces travailleurs oubliés approuvaient le dénouement de ce braquage qui avait duré bien trop longtemps. Pour eux, les voleurs avaient eu ce qu'ils méritaient. Ces personnes-là n'étaient pas si rares que cela. Beaucoup dans leur chaumière, n'hésitaient pas à trinquer à la mort de ces ripoux. Était-ce par jalousie ou par respect strict de la loi ? Impossible à déterminer...
En revanche, Madrid, bien qu'en berne, vivait principalement dans un quartier particulier. La Banque d'Espagne regorgeait de monde, tous vêtus de la couleur pourpre tant appréciée comme redoutée. Surtout depuis l'avant-veille. Le jour du massacre... Le recueillement avait pris le relai. Chaque membre autoproclamé venait remercier, pleurer ou chanter devant la banque d'Espagne. Tous bouleversés, ils avaient cru en un monde meilleur dans lequel le capitalisme se renverserait et où les individus pourraient proclamer leur liberté. Pleine liberté. Ce mouvement de solidarité, d'empathie, de soutien envers ses hommes et ses femmes vêtu.e.s de rouge les avait fait croire. Croire que tout était possible. Mais leur mort détruisit tout et surtout l'espoir.
La veille, la place de la banque d'Espagne avait été vidée de tout policier ou soldat, de leur tente et de leur matériel. Comme ci, rien ne s'était passé, nettoyé, balayé d'un revers de main. Enfin, c'était ce que souhaitait le gouvernement : que les Dalis soient effacés à jamais de toute existence. En théorie, ils réussirent. En pratique, demander aux habitants de cette ville d'oublier était impossible. Ils souhaitaient commémorer ces héros morts au combat et cela, pour un temps indéfini...
Tamayo, quant à lui, ruminait encore et encore en empaquetant ses affaires dans son bureau. Pour lui, cette histoire représentait son plus grand échec. L'échec de sa carrière. Il avait cédé à ce vicieux de Professeur, il avait accepté son offre foireuse et maintenant on lui avait proposé gentiment de quitter ses fonctions pour prendre du repos. Parce qu'il le méritait bien... Et patati et patata... Sous-entendu il avait été mis au placard pour incompétence... Et cela, il ne pouvait pas l'accepter. Le goût amer dans la bouche, la rage au corps, il passa les portes de son ancien bureau dorénavant et fila sans se retourner en direction du parking souterrain.
Alors qu'il arrivait à hauteur de son véhicule, il entendit quelqu'un vociférer. Il reconnut la voix immédiatement. Il s'approcha par derrière, sans un bruit.
- Mais ce n'est pas possible !
- Alberto, calme toi..., tenta de tempérer Angel Rubio, en vain.
Son interlocuteur était fou furieux. Il tapa du poing sur la carrosserie de sa voiture de fonction.
- Que je me calme ?! Que je me calme ?! Le Professeur est mort, l'autre poufiasse aussi et ils me disent, comme ça, qu'ils ne vont même pas chercher ma fille !
- Ce n'est pas ce que le colonel a voulu dire...
Le sous inspecteur tenta de l'amadouer mais ce fut peine perdue, Alberto faisait maintenant les cent pas et grinça des dents.
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La casa de papel // La Lucha no ha acabado... (Serquel)
FanfictionHistoire inspirée des incontournables "Que sont-ils devenus ?", je vous replonge dans la vie des braqueurs de banque les plus connus et adulés du monde entier dans une sorte de saison 6. Une façon pour moi de remercier cette série avec des personna...