Chapitre 4 : Place au direct !

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Le 24 novembre 2024, en Indonésie...

- Oui oui... Oui, j'ai compris ! Oui, je sais que cela ne peut pas attendre mais... Je vous... Je vous rappelle que je suis en vacances ! Alors, cherchez quelqu'un d'autre si vous voulez mais laissez-moi profiter de mes premières vacances depuis 4 ans ! Fainéante, moi ? On ne parle pas assez de votre avarice aigue. C'est ça, bonjour à votre mari ! Adieu !

Cette femme possédait un sacré culot ! Elle menait tout son petit monde à la baguette depuis qu'elle était arrivée, quatre ans et six mois déjà. Certes, grâce à elle, plus de soixante emplois avaient été sauvés mais personne n'appréciait ses méthodes... Elle souhaitait être à l'affut de tout, tout le temps, envoyant un tel ici ou une telle là-bas. Le scoop primait même si nous devions, et heureusement, vérifier nos sources. En soi, faire notre travail de journalistes. Et de cela, au moins, nous ne pouvions pas lui reprocher son envie, comme la nôtre, de connaitre la vérité. Pas celle qui sera démentie à peine vingt-quatre heures plus tard, non la vérité vraie. Un pléonasme, je le sais bien mais c'était réellement notre point de mire. Tout savoir sur tout et en être certain. Or, pour cela, nous étions loin des horaires de bureau... Je dormais à peine quatre heures par nuit depuis des mois et des mois, quasiment sept jours sur sept.

Alors, oui, j'avais décidé de prendre seulement une petite semaine de vacances, histoire de me ressourcer, de me reposer. Cependant, deux problèmes se posaient sur la table sans compter le harcèlement téléphonique de ma patronne. Premièrement, je n'arrivais pas à dormir ou à simplement profiter de mes vacances que je considérais comme pleinement méritées. Alors, je vagabondais la nuit, je trainais dans les rues et m'aventurais dans les bars à la recherche de fête mais surtout de décrochage cognitif. Je ne voulais plus penser ou réfléchir, juste m'amuser. C'est ainsi que mon deuxième problème se matérialisa devant mes yeux. Dans un bar, alors que je chassais cette analyse perpétuelle de tout, appelée plus communément déformation professionnelle, elle revint au galop. Je cherchai immédiatement mon téléphone portable pour le mettre en mode vidéo. Dans l'obscurité générale de la salle, je dus faire des pieds et des mains pour filmer de la meilleure des façons.

Je ne pus m'empêcher à ce moment-là d'imaginer la tête de ma boss quand elle découvrirait cette vidéo. Elle me nommerait directement rédactrice en cheffe ! Il ne fallait pas que je m'emballe car je n'en étais pas encore là. Et surtout je ne savais pas quoi faire... Le dire ? L'envoyer ? Sortir la nouvelle sur mon blog ? Il fallait que je réfléchisse et vite. Mon contrat incluait une pleine dévotion à mon journal, c'était un fait. Or, pour la première fois de ma vie, je ne voulus pas suivre les règles. Je savais que j'avais touché le gros lot.

Je venais de déterrer le traitre ! L'homme le plus déloyal du monde. Le criminel le plus détesté depuis qu'il avait planté un couteau dans le dos de sa bande. Cette vidéo le montrant gesticuler comme si de rien n'était, allait devenir virale. Je voyais déjà les gros titres : « El traidor ha vuelto ! » avec en description : « Denver, le félon, se la coule douce sur le parquet en Indonésie, piétinant sans ménagement la vie de sa femme, morte 4 ans et demi plus tôt ! ».


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Le monastère, 26 heures après le braquage...

Se retrouver assis, quasiment aux mêmes places qu'avant le braquage, autour de cette magnifique table en bois les rassurait d'une certaine manière. Seuls Rio et Pamplona découvraient le monastère, ébahis. On les invita à prendre une chaise. Sans qu'il ne s'en rende compte, Rio se retrouva sur celle que Tokyo préférait. Bogota échangea discrètement la sienne avec celle que Nairobi prenait habituellement. Il se sentit plus proche d'elle ainsi. Quant à Mathias, il s'extasia de ce qu'il appelait sa promotion. Il faisait vraiment partie de la bande et son nom de ville le prouvait.

La casa de papel // La Lucha no ha acabado... (Serquel)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant