Il faisait complètement noir pourtant j'étais sûr que mes yeux étaient bien ouverts. Peu importe, je continuais d'avancer. Mes pieds nus raclant le sol en terre froide, la respiration lente. Malgré l'obscurité j'avançais le pas confiant. Je ne craignais pas. Je savais où il fallait que j'aille.
Un point de lumière fini par se dessiner dans le noir et j'expirais en augmentant légèrement la cadence. La lumière provenait du sol, et une fois que je fus assez proche je vu qu'elle provenait d'un point d'eau. Mes sourcils se froncèrent doucement, alors que je m'en sentis intimement attiré. Mes pieds se mirent à aller plus vite, jusqu'à courir sur les quelques mètres restants. Ils ne s'arrêtèrent qu'une fois au bord de l'étendue d'eau et comme vidées d'énergie ; mes jambes lâchèrent. Je tombais à genoux face à l'eau et j'expirais en découvrant mon reflet.
Encore ses longues mèches blondes. Pourtant mes cheveux ne me tombaient pas devant les yeux comme dans mon reflet. Je fronçais les sourcils et sur ma joue dans l'eau apparus une larme.
Effrayé j'eus un mouvement de recul, je voulu même fuir. Mais des mains sortirent de l'eau et attrapèrent l'arrière de ma tête avec force. J'étais terrifié et mon reflet pleurait. Je voulu me dégager en me débattant. Mais il ne me lâchait pas et commença même à m'attirer à lui.
Je hurlais et me débattais dans tous les sens. Mais il ne me lâchait pas. Mon cœur battait vite quand mon visage entra dans l'eau. Je continuais de hurler, même la tête complètement submergée. Cette fois était différente des autres. Cette fois j'étouffais vraiment. Et je me débattais dans tous les sens mais plus j'essayais plus mon corps basculait dans l'eau.
Laisse-moi mourir.
Je me figeais, surpris de l'entendre parler. Et il en profita pour m'entraîner avec lui. Tout mon corps bascula dans l'eau, et il était déjà trop tard quand je m'en redû compte. Il avait gagné. Il m'avait condamné.
Je me laissais entraîné et je cessais de luter. À quoi est-ce que ça servait encore ? C'était terminé maintenant. Il avait gagné. Il avait réussi à me tuer. Malgré ce que Jupiter avait essayer de me faire croire, il m'avait finalement tué.
Avant de mourir, la dernière chose que je perçu fut une lointaine voix. Elle me hurlait quelque chose, mais à la différence de celle de Poséidon, je ne pouvais que très faiblement entendre cette voix. Elle était comme étouffée par l'eau. Elle n'était donc pas immergée. Cette voix provenait d'en haut. Je l'entendais hurler des choses. Mais je n'en compris pas un traitre mot. Alors j'arrêtais d'essayer.
De toute façon j'étais mort. Je me laissais juste tomber dans les profondeurs, et mes poumons ne me piquaient même plus. Je venais de lâcher prise, l'eau allait entrer.
Mais une main me retint. Elle me saisit fermement l'arrière du crâne, et me tira vivement vers le haut.
Si j'avais eu l'impression de couler pendant de longues minutes, il ne me fallut même pas une seconde pour remonter à la surface.
J'inspira bruyamment et la prise sur mes cheveux disparue alors que je tombais en position fœtus sur le sol carrelé de ma salle de bain en recrachant mes tripes. Et dès que je fu plus ou moins calmé, je roulai sur le dos, les paupières grandes ouvertes à peine déranger par la puissance de la lumière artificielle de la pièce.
Je venais encore d'essayer de me noyer dans ma baignoire.
Je toussais une énième fois et glissais sur mon autre flanc, dos à la baignoire.
Cette fois je n'y avait mis que la tête.
J'eus un frisson en me passant une main dans les cheveux. J'avais mal. Tellement que je pouvais presque entendre mon cœur battre entre mes mèches sombre.
