03/02/2022
Il m'a touché la cuisse aujourd'hui, je peux encore ressentir les frissons jusque dans mon ventre.
Il n'a eu aucune réaction, il a continué à me parler comme s'il ne venait pas de faire un truc qui me rendait fou.
Pourquoi il ne voit rien ? Pourquoi je ressens ça ? J'en n'en peux plus, j'ai besoin de réponses...
Je ferme le journal, me redresse, essayant d'amasser rien qu'un peu de courage, mais je m'effondre de nouveau sur ma table.
La journée a été éprouvante, on prépare intensément des examens ces temps-ci, alors il est d'autant plus difficile de tenir une journée entière.
Enfin, ça l'était moins avant qu'il n'y ait ces accélérations fulgurantes de mon coeur qui décident de me faire croire que je viens de courir un marathon dès lors que mon meilleur ami s'approche un peu trop de moi.
- On mange ! s'époumone ma mère.
Je souffle, éreinté par cette journée et descends. Je retrouve ma mère, mon beau-père, ma soeur et mon frère, déjà assis et prêts à dîner.
Il y a comme un vide à table, c'est comme ça depuis sept ans.
Je m'assois à ma place comme un zombie et mange sans réel appétit.
- Jungkook, ta chambre est un bordel on peut à peine circuler. Tu la rangeras s'il te plait mon chérie ?
Pourquoi je n'avais pas écrit de journal jusqu'à mes dix-sept ans ? Parce que ma mère fouille inlassablement ma chambre, presque comme si c'était une passion.
Pendant longtemps, j'ai utiliser les notes de mon téléphone ou les recoins de mes cahiers comme exutoire, mais il faut croire que ça n'est plus suffisant pour un coeur gros comme le mien.
Mes sentiments pour Taehyung méritent d'être écrits sur un support proportionnel à leur taille. Je pourrais écrire des pages entières, j'ai tant de chose à dire.
En revanche, si je devais parler des siens, j'opterais pour un origami. Un morceau de papier si écrasé qu'on n'a plus la place de rien écrire.
Il paraît qu'on ne peut plier une feuille plus de sept fois. Alors c'est une feuille pliée en sept, infiniment petite, que je choisirais.
Parce que ses sentiments pour moi n'existent pas.
Et qu'il n'y a pas besoin de place, puisqu'ils n'existeront jamais.
Pour mon journal, j'ai été dans le magasin le plus proche, acheter le premier carnet que j'ai trouvé. Il n'a pas de cadenas, pas de clefs, aucun protection mais je n'ai pas spécialement fait attention, je voulais juste acheter de quoi vomir mes émotions sur papier, dans l'immédiat.
Mon écriture est compulsive, comme chez ces gens qui s'abîment le corps lorsqu'ils souffrent trop. C'est un sentiment irrépressible qui me pousse à écrire mes sentiments.
Quand il est impossible de verbaliser la douleur, chacun opte pour sa propre solution.
La mienne, c'est écrire dans mon journal.
Honnêtement, il est moche, le carnet, j'entends. Il a une couleur liège avec des contours bordeaux et les deux, trois autocollants servant d'avertissement de danger de mort pour quiconque voudrait s'y aventurer ne le rendent guère plus atrayant.
Et c'est justement, selon moi, sa laideur qui fait sa force. Quand je vois un jolie carnet, peu importe son style, j'ai envie de l'ouvrir pour découvrir son esthétique et ce qu'il renferme.
Mais quand je regarde le mien, je sais que ce je vais y lire sera égal à son apparence : laid et inintéressant. Qui voudrait bien vouloir l'ouvrir à part moi ?
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𝐋𝐄 𝐉𝐎𝐔𝐑𝐍𝐀𝐋 ⁽ᵛᵏᵒᵒᵏ⁾
FanfictionDepuis des mois, Jungkook, timide maladif, écrit ses sentiments grandissants pour Taehyung, son meilleur ami, dans un carnet. Il pense alors qu'il ne pourrait rien arriver de pire, lorsque celui-ci se retrouve entre ses mains, dévoilant au jour ses...