Chapitre 3

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  Je rentre tout juste du lycée, il est dix-huit heures, aujourd'hui je suis rentrée un peu plus tard. J'enlève mes affaires de mon sac et je change avec les cours de demain. Comme demain nous serons mercredi et que je finis à midi, je n'aurai pas beaucoup de cours. Je mets juste les deux livres pour demain, que nous avons eues hier. Je n'ai pas encore besoin de mettre de cahier ou de classeur, car nous les recevons seulement en cours, et ceux de demain seront nouveaux. N'ayant pas encore de devoir à faire, je peux me focaliser sur mon journal pour écrire cette journée passée. J'ai tant de choses à écrire, tant de choses que je ne peux pas dire à mes parents.

Prenant mon journal et le stylo bleu que je prends toujours pour écrire, je commence à réfléchir à ce que je vais marquer. J'ouvre le journal et passe les quelques premières pages d'écrite pour tomber sur une page vierge.

Cher journal, mardi 3 septembre 2015

Ah Idrissy, je suis en colère. Lorsque je suis rentrée, mes parents m'ont demandé ce qui n'allait pas. A priori, je n'étais pas très aimable, mais je m'en fiche. Il y a bien quelque chose qui n'a pas été aujourd'hui et je ne peux même pas leur en parler, car ils ne savent rien à propos de Nuria et moi. Car oui, il s'agit bien d'elle. Mais attends donc que je te raconte ma journée pour comprendre ce qui ne va pas.

Tout aller bien au début, le matin je me suis réveillée à l'heure contrairement à hier et j'ai donc pu me préparer sans me presser. J'ai pris le bus et j'ai rejoint Nuria une fois arrivé au lycée. Nous nous sommes pris la main et nous nous sommes rendu en cours comme cela. Pour l'instant, personne n'avait remarqué que nous sommes ensemble.

Je n'ai pas trop envie de parler des cours parce qu'y être est bien déjà suffisant bien que je sois une bonne élève et que j'aime ça. Je peux juste te dire que nous avons eu un cours de Français, de nouveau, mais une heure seulement cette fois-ci. Notre professeur est plutôt vieux, je pense qu'elle s'approche de la soixantaine et qu'il ne doit lui rester que quelques années à enseigner. Ce qui signifie que la professeure de biologie que j'ai eue hier est jeune. Je t'en ai parlé hier, mais je ne me rappeler plus laquelle était veille et l'autre jeune. Maintenant, je le sais. Enfin, ça n'a pas d'importance. Le cours suivant a été un cours du lycée, un qu'on n'a pas au collège. Je crois que c'est un cours d'économie, mais je n'ai pas encore totalement compris ce que c'était. Nous avons fini les cours de la matinée et c'est là que ça s'est gâté. Du moins pour moi, car ça aurait dû être le moment le plus formidable que j'aurais pu passer.

Nous sommes allée à la cantine, mangeant toujours toutes seules puisque nous n'avons toujours pas d'amis et que les autres n'ont pas l'air de vouloir nous connaitre, surtout après ce qu'il c'est passé. Nous avons donc mangé puis ensuite nous sommes allés dans la cour, toujours main dans la main. Seulement moi je voulais plus qu'une main serrée dans l'autre. En sortant de la cantine, j'ai vu un couple s'embrasser ce qui m'a tout de suite donné envie. J'ai tellement envie de ces lèvres pulpeuses qui n'attendaient que d'être embrassées. Je me suis donc approchée d'elle, mettant mes deux mains sur ça taille, faisant que son corps se rapprocher encore plus du mien. Quand je vois son regard, je vois qu'elle a compris comme moi. En quelques secondes, mes lèvres se posent sur les siennes et commencent à se mouvoir. Nuria accompagne elle aussi mes lèvres et notre baiser dure plus d'une trentaine de secondes lorsqu'un imbécile nous dérange. Je ne l'ai même pas vu, mais malheureusement Nuria, elle l'a vue.

- T'a vu ça, dit le gars en s'adressant à un autre à côté de lui, c'est dégueu ce qu'elles font, comment peut-on embrasser une personne du même sexe, ça me sidère.

- Ouais, elle devrait aller se faire soigner, c'est n'importe quoi, renchérit l'autre.

Je sens des larmes couler sur mon corps, mais ce ne sont pas les miennes. C'est Nuria qui pleure. Elle se détache de moi et commence à bafouiller, elle n'a jamais été très à l'aise face au public.

- Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, on...on ne sort pas ensemble.

Puis avant que je n'aie le temps de dire quelque chose, comme par exemple que je n'ai pas forcée ses lèvres à m'embrasser, elle s'enfuit en courant. Les deux garçons ne la croient pas, mais ça m'est égal. La seule chose qui m'importe, c'est que Nuria s'est enfui après un baiser plutôt bien réussi. Je comprends qu'elle ait peur du regard des autres, contrairement à moi, mais je ne peux accepter le fait qu'elle fasse croire que nous ne sortons pas ensemble. Mais pour l'instant, je suis trop en colère contre elle, et puis je ne sais même pas où elle est. J'ai tellement peur de la perdre, car chaque seconde où elle ment je sais que je la perds petit à petit. Et ce n'est pas ce que je veux. Je dois trouver un moyen de faire en sorte que nous soyons toujours ensemble et qu'elle assume pleinement d'être lesbienne et de sortir avec moi.

Les cours reprennent et je ne l'ai pas vu de toute la pause. Lorsque je la rejoins dans le rang, elle fait comme si rien ne s'était passé. Seulement moi j'ai bien l'intention d'avoir une conversation avec elle sur ce qui vient de ce passé. Nous rentrons en cours, physique/chimie où Nuria ne m'adresse pas la parole tout le long du cours, je pense qu'elle à honte de nous et peur de ma réaction. Je me suis aperçu en revanche que notre baiser n'a pas était perçu par tout le monde et qu'a priori notre classe n'est pas au courant, ce qui m'arrange pour l'instant.

La récréation est arrivée. Je suis restée avec Nuria en essayant de lui parler de notre baiser et de sa réaction, mais elle n'a rien voulu savoir et c'est braqué. Ensuite, nous avons eu un cours de sport pour finir. Pendant tout le long du sport Nuria m'a évitée comme si nous ne nous connaissions pas. Elle ne veut pas faire de sport avec moi comme si elle avait peur que quelqu'un comprenne notre lien. Je passe le reste du cours à broyer du noir. Lorsqu'enfin le cours prend fin, nous rentrons. Je sens une main sur la mienne qui essaye de s'agripper. Elle me lance un long sourire comme si rien ne s'était passé, comme si je ne l'avais pas embrassé et comme si elle n'était pas partie en courant.

- Nous devrons parler de cela plus tard, dis-je.

Je ne laisse pas le temps à Nuria de me répondre et je rentre dans le bus furieuse.

Tu comprends maintenant pourquoi je suis en colère, Idrissy. Je l'ai embrassé avec tellement de passion que c'est pour cela que ça me met en rogne. Notre baiser était si beau. Si ces imbéciles n'étaient pas intervenus, Nuria ne se serait pas enfui. À force de dire à tout le monde qu'elle n'est pas lesbienne, elle va finir par y croire vraiment et elle va s'éloigner de moi peu à peu. Ce qui est hors de question.

J'arrête d'écrire et je me relie, ce n'est pas très gai, j'ai bien l'intention de faire parler Nuria demain. Je regarde ma montre, il me reste quelques minutes avant que je n'aille rejoindre mes parents pour diner. J'ai demandé à ma mère de me donner une montre hier soir, j'en avais marre de regarder mon réveil et mon téléphone au lycée pour savoir l'heure. Mes parents également en avaient marre que je leur demande tout le temps l'heure lorsque j'étais à côté d'eux. Je veux écrire quelque chose d'autre, une note plus positive. Je réfléchis plusieurs secondes jusqu'à ce qu'une chose sur mon bureau me donne l'idée. C'est une pièce de deux euros, nouvellement acquise.

Idrissy, je dois juste te dire une dernière chose. Quand je suis partie à la recherche de Nuria pendant la récréation du midi, j'ai vu une chose brillante sur le sol. M'assurant qu'il n'y avait personne, je me suis baissée et je l'ai aperçu : une pièce de deux euros. J'étais heureuse pendant un court instant, je venais de trouver de l'argent, et je pourrai le garder pour l'école au cas où je voudrais m'acheter quelque chose.

Je ferme le stylo et le range dans ma trousse. Je ferme ensuite mon journal et le cache à sa cachette habituelle. Un nouveau coup d'œil à ma montre, dix-neuf heures vingt-cinq. Pour une fois, je suis à l'heure et ma mère ne vient pas me voir pour me gueuler dessus. Je sors de ma chambre et les rejoins à la cuisine où ils sont déjà attablés m'attendant pour manger. 


Et voilà, bonne lecture tout le monde. Si les passages en italique (la partie journal) vous gênes, dites-moi le et je le laisserai normalement ou j'arrangerai. A dimanche prochain. 

Le journal intime d'une adoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant