Chapitre 19

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Gandalf se tut, observant un silence pensif.
Une peur soudaine et une horreur de la salle saisirent notre petit groupe.
- Nous ne pouvons sortir, murmura Gimli. Ç'a été une bonne chose pour nous que l'étang ait un peu baissé et que le Guetteur dormît à l'extrémité Sud.

Gandalf leva la tête et regarda alentour:
- II semble qu'ils aient offert une dernière résistance aux deux portes, dit-il, mars il n'en restait plus beaucoup à ce moment là. Ainsi finit la tentative de reprendre la Moria ! Ce fut courageux, mais inconsidéré. Le temps n'est pas encore venu. II nous faut maintenant dire adieu à Balïn fils de Fundïn, je le crains. Il doit dormir ici de son dernier sommeil, dans les salles de ses pères. Nous emporterons ce livre, le livre de Mazarboul, pour l'examiner de plus près par la suite. Vous ferez bien de le garder, Gimli, et de le rapporter à Dain, pour autant que vous en ayez la possibilité. Cela l'intéressera, même s'il doit en être profondément affecté. Allons, partons!La matinée s'avance.

- De quel côté irons-nous? Demanda Boromir.

- Nous retournerons dans la grande salle, répondit Gandalf. Mais notre visite à cette pièce n'a pas été inutile. Je sais maintenant où nous nous trouvons. Ceci doit être, comme le dit Gimli, la Chambre de Mazarboul,et la salle doit être la vingt et unième de l'extrémité Nord. Nous devrons donc partir par l'arche Est de la salle,nous diriger à droite et au Sud, et descendre. La vingt et unième salle doit être au septième étage, c'est-à-dire à six étages au-dessus de celui des Portes. Allons! Regagnons la salle.

A peine Gandalf avait-il prononcé ces mots qu'un grand bruit se fit entendre: un roulement grondant,qui semblait venir des profondeurs lointaines et vibrer dans la pierre sous nos pieds.

Effrayés, nous bondissions vers la porte.
Le bruit roula encore, comme si d'énormes mains muaient les cavernes mêmes de la Moria en un vaste tambour. Puis vint une explosion répétée par l'écho: un grand cor sonnait dans la salle, auquel répondirent plus loin d'autres cors et des cris stridents. On entendit le bruit d'un nombreux piétinement.

- Ils viennent! cria Legolas.

- Nous ne pouvons sortir, dit Gimli.

- Pris au piège! S'écria Gandalf. Pourquoi me suis-je attardé?Nous voici pris, exactement comme ils le furent auparavant. Mais je n'étais pas ici, alors. Nous allons voir ce que...

Brrron, brrron, le battement de tambour se fit entendre derechef, et les murs tremblèrent.

- Claquez les portes, et bloquez-les! Cria Aragorn. Et gardez votre chargement sur le dos aussi longtemps que vous le pourrez. II se peut que nous ayons encore une chance de nous frayer une issue.

- Non! Gandalf. Il ne faut pas nous laisser enfermer. Gardez la porte entrebâillée! Nous partirons par-là,si nous en avons une chance.

Une nouvelle et rauque sonnerie de cor et des cris stridents retentirent. Des pas s'avancèrent dans le couloir. Il y eut un tintement et un ferraillement comme les prisonniers tiraient leurs épées. Glamdring brilla d'une pâle lumière et les tranchants de Dard étincelèrent. Je saisissais mon arc, et encochait une flèche. Boromir s'arc-bouta contre la porte ouest.

- Un moment! Ne la fermez pas encore! Dit Gandalf.

II s'élança au côté de Boromir et se redressa de toute sa hauteur.

- Qui vient là pour déranger les restes de Balïn, Seigneur de la Moria, cria t'il d'une voix forte.

Il y eut une avalanche de rires rauques, semblables à la chute de pierres glissant dans un puits, du milieu de la clameur s'éleva une voix grave, dominatrice. Les tambours roulèrent dans les profondeurs.D'un mouvement rapide, Gandalf se plaça devant l'étroite ouverture de la porte et poussa en avant son bâton. Un éclair aveuglant illumina la chambre et le passage extérieur. Le magicien regarda un instant au Dehors. Des flèches piaulèrent et sifflèrent le long du couloir, tandis qu'il se rejetait en arrière.

La Guerre de l'Anneau - Quand un personnage peut changer l'histoire. T.1: PertesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant