Chapitre 2

197 11 2
                                    

Le soleil se couchait. Cela faisait neuf jours que nous avions quitté Fondcombe et nous n'avions toujours pas trouvé le semi-homme recherché. Nous avions par contre, au matin, trouvé l'endroit ou il était redescendu des collines. Il avançait, nous aussi. Aucun signe des Nazguls non plus ce qui est une bonne nouvelle en soit. Même si nous nous doutions qu'ils nous pourchassaient. Les clochettes d'Asfaloth tintaient tandis qu'il marchait devant nous. Le temps commençait à devenir long. Le semi-homme aurait déjà du être trouvé. De plus il faisait froid et le temps était humide, et bien que cela ne m'atteigne pas, ça n'en était pas pour autant agréable. Ayant hâte d'établir le campement, nous mîmes nos chevaux au trot.

Soudain, un homme bondit et se précipita vers nous en criant. Nous nous arrêtâmes et mîmes pied à terre. L'homme qui courait vers nous était Aragorn, le chef des Coureurs du nord. L'ayant reconnus également, mon père s'avança et l'appela.

« Ai na vedui Dúnadan ! Mae govannen ! Nous te cherchions, toi et le semi-homme. Tout va-t-il bien ? Pourquoi un tel retard ? Tout Fendeval vous recherche. Beaucoup redoutent l'arrivée des Nazguls.

- Hélas pour nous ! Ils foulent de nouveaux ces terres sur de grands destriers noirs. Ils nous poursuivent. Ils en ont après l'anneau unique. Il a été retrouvé. Frodo à été poignardé par une de leurs lames à l'épaules. Il va mal. Son état ne fait qu'empirer.

Nos visages pâlirent.

- Il faut l'amener à Imladris, le plus vite possible ! Annonçais-je

- Oui. Répondit Aragorn .

Il fit un signe de la main et quatre semi-hommes sortirent à notre grande surprise des fourrés. Nous qui n'en cherchions qu'un !

- Voici Glorfindel, qui demeure dans la maison d'Elrond. Continua l'Arpenteur. Et Lainceleg, sa fille.

- Salut à toi ! Que voilà une heureuse rencontre enfin ! Dit mon père, se tournant vers un semi-homme au cheveux noirs, sans doute Frodo. Nous avons été envoyés de Fendeval pour aller à ta recherche. Nous craignions que tu ne sois en danger sur la route.

- Gandalf est donc arrivé à Fondcombe ? S'écria-t-il en réponse.

- Non. Reprit Glorfindel. Il n'y était pas quand je suis parti ; mais c'était il y a neuf jours. Elrond a reçu des nouvelles qui l'ont grandement troublé. Quelques-uns des miens voyageant dans ton pays par delà le Baranduin, ont appris que bien des choses n'allaient pas, et ils ont envoyé des messages aussi vite qu'ils l'ont pu. Ils disaient que les Neuf avaient été vus de part le monde ; et que tu errais, chargé d'un lourd fardeau, mais sans guide, car Gandalf n'était pas revenu. Peu de gens, même à Fendeval, peuvent chevaucher pour affronter ouvertement les Neuf ; mais si peu qu'ils soient, Elrond les a envoyés au nord, à l'ouest et au sud. On a cru que vous pourriez faire un très long détour pour fuir la poursuite, et finir par vous perdre dans la Sauvagerie.

C'est à moi qu'il revint de prendre la Route, et je me rendis, en compagnie de ma fille, au pont de la Mitheithel et y laissa un signe, il y a de cela près d'une semaine. Trois des serviteurs de Sauron se trouvaient sur le Pont, mais ils battirent en retraite et nous les pourchassâmes vers l'ouest. Nous en rencontrâmes aussi deux autres, mais ils s'enfuirent vers le sud. Depuis lors nous sommes à la recherche de votre piste. Nous l'avons trouvée il y a deux jours et nous l'avons suivie par delà le pont ; et nous avons découvert aujourd'hui l'endroit où vous êtes redescendus des collines. Mais allons ! Il n'y a plus le temps pour d'autre nouvelles. Puisque vous êtes là, il nous faut prendre le risque de rejoindre la Route et continuer notre chemin. Cinq sont derrière nous, et quand ils retrouveront votre piste sur la Route, ils chevaucheront après nous, rapides comme le vent. Et ils n'y sont pas tous. J'ignore où peuvent se trouver les quatre autres. Je crains qu'en arrivant au Gué, nous ne le trouvions déjà tenu par l'Ennemi. »

Tandis que parlait Glorfindel, les ombres du soir s'épaississaient. Frodo semblait s'épuiser rapidement, et son regard se voilait. Il grelottait, chancelant, et s'agrippa aux bras d'un autre semi-homme, qui le couvait du regard et qui prit alors la parole.

« - Mon maître est blessé et malade, dit il avec colère. Il peut pas continuer à chevaucher toute la nuit. Il a besoin de se reposer. »

Mon père saisit Frodo au moment ou celui-ci s'effondrait. Il le prit doucement dans ses bras et scruta son visage d'un air profondément anxieux. Comme moi, il redoutait qu'il ne soit déjà aux mains de l'ennemi.

« Ils nous ont surpris dans notre campement, à l'ombre de Montauvent. L'un d'eux à réussit à planter une lame de Morgul dans son épaule. » Dit Aragorn en sortant un manche gravé de fins caractères, qu'il tendit à mon père.

Glorfindel le prit en frissonnant, et l'examina avec attention.

« Des signes maléfiques sont inscrits sur ce manche, dit-il ; quoique vos yeux ne puissent peut-être les voir. Conservez le, Aragorn, jusqu'à ce que nous atteignions la maison d'Elrond ! Mais méfiez vous, et abstenez vous autant que faire se peut de le manipuler ! Hélas ! Les blessures infligées par cette arme sont au-delà de mes pouvoirs de guérison. Je vais faire tout mon possible-mais je vous engage d'autant plus à partir dès maintenant, sans vous reposer. »

Ses doigts explorèrent la blessure qui glaçait l'épaule de Frodo, et il prit un air plus grave encore, comme troublé par ce qu'il venait d'apprendre. Le souffle de Frodo s'apaisa tandis qu'une douce chaleur se diffusa de son épaule à sa main. Il rouvrit les yeux et sembla aller mieux.

« Tu ira sur mon cheval, dit mon père. Je vais raccourcir les étriers jusqu'au bord de la selle, et tu devras t'y asseoir en serrant les jambes le plus possible. Mais ne crains rien : mon cheval ne laissera tomber aucun cavalier que je lui enjoins de porter. Son pas est léger et souple ; si le danger nous presse de trop près, il t'emmènera à une vitesse que même les coursiers noirs de l'ennemi ne sauraient égaler.

- Non il ne fera pas ça ! Dit Frodo. Je ne le monterai pas, si il doit m'emporter à Fendeval ou ailleurs pendant que mes amis restent derrière, exposés au danger.

Je souris.

- Je ne crois pas que tes amis seraient en danger, répondis-je, si tu n'étais pas avec eux ! L'Ennemi te talonnerait et nous laisserait en paix je pense. C'est toi, Frodo, et ce que tu portes, qui nous mettez tous en péril. Mais si nous en venons à devoir te laisser partir, je te suivrai pour te couvrir.»

À cela, il ne put rien répondre, et on le persuada de monter sur le cheval blanc de mon père. En échange, le poney qui accompagnait les semi-hommes et qui portait auparavant Frodo, reçut une bonne partie du fardeau des autres. Les semi-hommes, ou Hobbits, comme ils aimaient à s'appeler, marchèrent alors bon train pour un temps. Mais je remarquai très vite qu'il peinaient à suivre notre allure.

La Guerre de l'Anneau - Quand un personnage peut changer l'histoire. T.1: PertesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant