— Vous l'attendiez tous ! Aujourd'hui, on reçoit l'invité spécial sur le plateau...
Je reste en suspens face à la boutique dans laquelle une dizaine de téléviseurs projettent la même émission absurde. La voix perçante et grotesque du présentateur et son costume bêtement pittoresque rendait la diffusion davantage ridicule.
Je jette un regard oblique à l'intérieur de la boutique, cherchant curieusement le gérant. Je supposais que ce dernier était trop occupé pour changer de chaîne ou qu'il n'avait tout simplement pas constaté ce qui se projetait sur ses téléviseurs. Mais à la vue de ce dernier lourdement avachi sur le comptoir, tenant son visage en coupe et les yeux pétillants d'admiration face à l'écran suspendu face à lui, je compris aussitôt pourquoi l'émission perdurait autant. La déception se lisait clairement dans mon regard.
C'est à cet instant, que quelques passants décidèrent de me rejoindre, troublant le silence qui habitait la rue par une grotesque exclamation d'enthousiasme. Je vis quelques enfants d'une dizaine d'années prêts à partir pour l'école, se précipiter face à la vitre pour suivre l'événement comme un temps perdu à entendre une comptine obtuse. Face à leur frénésie, l'un d'eux ne se gêne pas pour me bousculer tel un vulgaire déchet dans son passage, pour profiter pleinement de la meilleure place.
Je fulmine à l'attention du gamin. Sérieusement, son hystérie l'empêche de s'excuser ?
Tss, ce dernier ne daigna pas même lever le regard sur moi. Le sale mioche. C'est ridicule, ce n'est qu'une rediffusion.
Alors que " l'invité spécial" fait son entrée, les cris des enfants deviennent plus perçants à mesure que la caméra expose risiblement le héros du pied à la tête. Elle finit enfin par faire un gros plan sur son sourire absurde rempli de flair dramatique.
— Connu comme étant le symbole de la paix, le numéro un incontesté ! Le héros le plus puissant qui a inspiré toute une génération de héros ! Il s'agit bien sûr de...
— ALL MIGHT ! crient les enfants en cœur, en même temps que le présentateur.
Cette scène acheva de m'exaspérer tandis que j'avais mieux envie d'écouter les inlassables discours d'oncle Kai concernant ses prouesses quant à ses chirurgies réussies. Je lève les yeux au ciel, ce cirque a bien trop perduré. Je tourne les talons et reprends mon chemin la tête déjà lourde en ce début de matinée.
— Tout va bien ! Pourquoi ? Parce que la cavalerie est là ! s'enjoie accessoirement All might.
—Merveilleux..., ajoutais-je en donnant un goût amer de sarcasme.Je cesse ma marche un instant, relevant la tête en arrière, les yeux rivés sur le ciel nuageux précédant de quelques heures le soleil de son zénith. Sentir tout ce monde me met d'une humeur exécrable. J'attrape mon sac sur mon épaule et l'ouvre pour choper mon nouveau casque. Je voulais le tester après la rentrée, mais on dirait que ça va se faire plus tôt que prévu.
— Aïe !
Tandis que je jubilais avec mon casque, un énième idiot m'a percuté de plein fouet. Si je n'avais pas d'assez bon réflexe, je me serais ridiculement étalée au sol, ou pire ! J'aurais pu casser mon tout nouveau casque !— Ça ne va pas de rester planté en plein milieu de la route ?! s'énerve le rustaud.
Le culot ! Je lâche un soupir de moquerie. Est-il réellement sérieux ? Je dépoussière la jupe de mon uniforme, me redresse fièrement avant de replacer quelques mèches rebelles. Je pose enfin mes yeux sur ce malotru, le jaugeant du pied à la tête. Il porte l'uniforme de Yuei, comme moi. Il ne pouvait pas y avoir plus grotesque comme coïncidence, mais là, nous n'étions pas aux présentations.
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PRESOMPTION D'INNOCENCE
FanfictionJ'étais loin de m'imaginer que mon passé supposé enterré referait surface d'une façon aussi péremptoire. Des découvertes que j'avais alors encore ignorées jusque-là, bouleverseront cruellement ma vie que j'ai eue tant de mal à cicatriser.