Poèmes

Vingt Mille Lieues sous les mers

Le reflet des éclairs dans ses yeux larmoyants faisait ressortir quelque chose chez elle de particulièrement terrifiant
Elle faisait partie de ces personnes qui ne pesaient pas leurs mots, de celles qui pouvaient te lapider sans pierres, te taillader les veines sans utiliser de lame, te porter le coup de grâce sans lever leur petit doigt, t'envoyer une balle en plein cœur, sans même avoir eu besoin d'appuyer sur la détente
Tu te rappelles quand tu lui avais donné la recette de ta destruction imminente ?

Échec et mat
Mais qu'est-ce que tu peux être con

J'aurais préféré qu'elle me casse la gueule, ça aurait fait moins mal
Mais au lieu de ça, c'est mon cœur qui s'est fait la malle
Papa m'a dit une voiture c'est une arme létale
Il m'a dit prends du recul appuie sur la pédale avance passe la seconde accélère lève le pied ralentis freine tourne, tu frôles le mur
Ça sera ça jusqu'à ce que tu comprennes la leçon mon garçon
Les gens viennent les gens partent les gens reviennent les gens repartent au final on s'en tape
Si tu bâtis ton empire autour d'eux, quand ils sortent de ta vie c'est tout ton château de cartes qui s'envole

Lève-toi et marche, inverse les rôles

On est terrifiés par l'idée d'être délaissés, alors la meilleure chose qu'on trouve à faire, c'est de s'éloigner des personnes qu'on aime, pour ne plus avoir à souffrir de leur absence, c'est de les quitter avant qu'elles ne le fassent
Nous sommes les acteurs de notre destin et inconsciemment nous rendons ce que nous redoutons tant, réalité
Prendre le risque d'aimer c'est aussi prendre le risque de perdre
C'est pas un problème jusqu'à ce que ça en devienne un

Vas-y chiale tu pisseras moins

L'herbe n'est pas toujours plus verte dans le pré d'à côté regarde
Les clichés n'en sont pas, c'est une triste réalité générale déniée
Les gens te reprocheront toujours leurs propres défauts
Alors ne critique pas le pallier de ton voisin avant d'avoir balayé le tiens
Y aura toujours quelqu'un pour dénigrer ce que vous êtes, ce que vous dites, ce que vous faites
Alors comment vous dire que leur avis devrait vous passer par-dessus la tête
Ils se contredisent dans leurs paroles et dans leurs actes en permanence
Si bien que tu ne sais même plus sur quel pied danser en leur présence

Excuse-moi t'es en retard dans ton avance

La foule est un facteur de stress permanent
Bouscule-moi et j'te dirai pardon
Qu'est-ce qui t'arrive troufion ?
Et toi antivax, tu veux pas une trace ?
Non merci j'ai trop mal au crâne
T'es sûr t'as pas le Covid ?
Non j'suis juste fatigué
T'es sûr t'as pas l'Covid ?
Non mais j'ai mal partout
J'suis sûr t'as l'Covid !
Non je dois avoir la crève
Tu as LA Covid un point c'est tout
ATCHOUM !
COVID ?!
On n'te dit plus à tes souhaits, mais va t'faire curer l'nez
Allez vas-y ferme ta gueule, pousse-toi de là, au final tu t'fais du mal tout seul

Alors garde tes œillères, si tu ne les vois pas, ils n'existent pas
Ils ne demandent qu'à voir le superficiel, alors laisse paraître seulement ce que tu veux leur faire croire
Les yeux sont le miroir de l'âme
Pourquoi se forcer à afficher un faux sourire, alors qu'on pousse intérieurement un cri de détresse ?
Pourquoi faire semblant d'être quelqu'un qu'on n'est pas, dans le seul et unique but de se fondre dans la masse ?
C'est toujours mieux d'être détesté pour ce qu'on est, qu'aimé pour ce qu'on n'est pas, n'est-ce pas ?
Joue cartes sur table avec moi ou ne prends pas la peine de t'asseoir à la mienne
On ne règne pas sur les mêmes catégories, tu finiras par perdre la partie
Tu t'la joues aux dames, mais j'te mets en joue aux échecs
J'ai trouvé ton talon d'Achille, cette fois j'ai été plus agile
Utiliser la violence pour maintenir la paix, quel concept paradoxal ça aussi
De meurtrier à patient incurable et client indétronable

T'as du sang sur les mains mon gars, le tiens

Mais viens on s'en fout, viens on s'en fout des autres
Hurle sans bruit ton cœur au bord de la falaise, mais ne le fais pas tomber
Prends le large, conduis ta vie
Serre les virages t'arrête pas et surtout regarde pas en arrière
Danse l'amour, chante les vertiges
Prends une douche habillé, rêve éveillé
Effleure sa peau sans la toucher
Écoute ses histoires à dormir debout
Parle-moi doucement et sans mots
Comme un langage silencieux et assourdissant

Aujourd'hui une inconnue m'a souri, c'est peut-être rien, mais ce rien a fait toute la différence
Alors j'ai essayé une dernière fois, porté par l'espoir d'apercevoir cette ombre familière apparaître soudainement à mes côtés
Mais j'attends après quelque chose qui ne viendra jamais, car je suis prisonnier de ma propre imagination

Nous sommes ces observateurs discrets qui prêtent attention aux détails, aux petites choses qui échappent aux négligents, à ceux qui restent à la surface et n'osent pas plonger Vingt Mille Lieues sous les mers.

À lire avec Bermudes, de Fauve