Elle marche dans le parc à la recherche d'un endroit calme
Où elle pourrait se sentir tranquille
Seule face à toutes ses pensées qui la rongent
Tous les jours
Histoire de souffler vous comprenez,
Faire le point sur sa vie
Énumérer les souffrances
Qui s'écoulent dans chacune de ses larmes
En essayant tant bien que mal de trouver en fouillant un peu,
Quelques aspects positifs dans sa vie
Enfin rien qui change des habitudes
C'est infernal la routine n'est-ce pas ?
Les yeux dans le vide
Elle fume un join ou deux
Et elle repense au passé
Et à tous ceux qui l'ont laisséeEn cours elle est absente
Elle est épuisée
Alors oui c'est bien beau de faire des études mon gars
Mais c'est pas ça qui lui fera disparaître cette putain d'envie
De se foutre en l'air tous les 36 du mois
Bandes d'abrutis
Et puis tout ce monde l'étouffe
Elle a l'estomac noué
Elle a entendu cet enseignant de la fac
Dire qu'il y a des gens irrécupérables
Qui sont incapables de trouver un emploi,
De travailler
Qui sont envahis par la dépression,
Par les addictions
Ces gens-là, des gens détruits, des gens si jeunes
Ces gens comme elle
Alors ça l'a poignardée au plus profond d'elle
Elle se dit qu'elle est bonne à rien,
Qu'elle est infoutue de se démerder toute seule
Elle se demande pourquoi elle s'obstine à essayer de s'en sortir
Alors que c'est perdu d'avance
Tout le monde le sait
Elle garde son cul posé sur une chaise toute la journée
Puis le lendemain, et le surlendemain
Elle fait mine d'écouter mais elle comprend que dalle
Ça ne l'intéresse plus, elle en a plus la force
Elle a d'autres choses à penser
Parfois elle ferme ses yeux
Et elle se dit qu'elle ne s'en sortira jamais
Quand ils te demandent pourquoi ça va pas
Tout ce que t'as envie de leur dire c'est
Ta gueule je peux pas te l'expliquerQuand elle rentre elle monte le volume de sa musique
Pour ne pas avoir à entendre les engueulades à la maison
Elle se sert un alcool fort
Elle se met dans son lit
Elle s'enfume les poumons
Elle sent l'angoisse s'emparer d'elle
Petite routine, Lexomil
Elle pourrait dormir pendant 12 heures
Quand le réveil sonne elle a envie de se rendormir
Et de ne plus jamais se réveiller
Ses potes sortent au resto, au ciné, partent en vacances
Mais elle est là et elle s'exclue toute seuleElle se balade seule dans ce parc
Elle croise un type
Il lui dit « t'as pas l'air d'aller bien »
Elle lui répond qu'elle a pas envie de parler
Alors il lui raconte son cancer et son alcoolisme
Et elle relativise un instant, mais c'est pas suffisant
Il lui dit qu'il a une femme, des enfants
Alors elle finit par discuter avec lui
Puis ils prennent un café parce qu'il caille dehors
Il te confie qu'il est mêlé à des histoires de cocaïne
Mais pourtant tu restes assise tranquillementLe lendemain elle le recroise dans le même parc
Il a un truc à faire en ville alors elle le suit
Après tout ça peut pas être pire que de rester seule à regarder les cygnes
Avec comme seule présence Fauve dans les oreilles et le goût du tabac dans sa gorgeElle l'accompagne jusqu'à chez lui,
Ils reprennent un verre
Puis il commence à devenir beaucoup trop tactile
En même temps tu t'attendais à quoi sérieusement ?
Qu'il t'accueille avec un thé à la menthe
En parlant de tout et de rien ?
Tu es toujours aussi naïve hein
Il te demande un câlin mais tu lui dis que tu n'en as pas envie
Alors il te tire par le bras
Tu essayes de résister mais il est bien trop fort
Tu abandonnes et le laisses faire
Il te serre contre lui
Tu essaies de paraître détendue
De faire comme si c'était normal
Tu te dis que c'est rien
Mais dans ta tête tu avais peur,
Tu aurais voulu être n'importe où sauf iciIl sentait la bière le tabac froid et le parfum pour homme
Sa peau était rêche, son teint terne
Ton cœur s'est accéléré quand il s'est placé contre toi sur le canapé
Tu étais complètement à sa merci
C'était un homme, un de ces vraiElle sent sa barbe et sa bouche se plaquer dans son cou
Alors elle tente de le repousser,
Elle lui dit non
Il insiste
Puis il finit par s'enlever
J'ai lu un soulagement dans ses yeux
Elle a vraiment eu peur, je l'ai senti
Tétanisée
Elle a vu sa vie défiler, là, devant elle,
Ce qu'elle a fait pour en arriver là
Alors c'est ça, on dit qu'elle n'a plus d'estime d'elle-même
Mais elle en a plus rien à foutre
Inconsciemment elle se met dans la merde volontairement
Pour pouvoir approcher le danger de près
Elle aurait envie de tout casser tout brûler
De frapper voir tuer quelqu'un
Et puis cette haine
Cette haine des hommes si profonde
Qui l'a jamais quittée depuis gaminePourtant elle avait un cœur tellement sensible
Qui pouvait aimer à en crever
Mais maintenant elle en est incapable
C'est donc ça.. ne plus rien ressentir
Plus aucune envie
Elle enchaîne les tatouages
Et savoure la sensation
De ces aiguilles qui lui martèlent la peau
Au fond ses prières c'est
Balance-moi dans la flotte et réveille-moi je sais pas
Mets-moi des baffes gueule-moi dessus, tu peux
Mais y a plus rien à sauver chez moi tu vois pas
À 19 ans c'est déjà terminéAlors je lui souris mais elle ne me voit pas
Elle était beaucoup trop sensible pour supporter la vie
J'ai décidé de lui tendre la main et de l'amener avec moi là-haut
Loin de tous les malheurs du monde
Là-hautÀ lire avec Sainte-Anne, de Fauve
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Poèmes
PoetryLa seule façon de lire dans les pensées de quelqu'un se trouve en effet d'être celle de lire ce qu'il écrit.