Chapitre 3

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Je n'ai pas vu Sarah, elle n'a pas l'air d'être venu manger, elle est peut être en cours. Je regarde Julian qui rigole avec une fille. Elle est brune aux yeux verts, elle est assise sur ses genoux et lui, a ses bras autour de sa taille, il lui tient la main. C'est bizarre, elle me ressemble, les mêmes cheveux, les mêmes yeux, on dirait ma jumelle. Et puis, avant, c'était moi qui me trouvait dans les bras de Julian. Je n'avais peut être pas tort, tout a changé, Sarah a de nouvelles copines, elle ne vient même plus me parler, et même si Julian essaye de passer du temps avec moi, il a ses amis et ça lui suffit amplement. On était un trio inséparable, mais il a finalement été séparé, à cause de moi... Si je n'étais pas si faible... Si je n'avais pas été hospitalisé... Je n'apporte que des problèmes. Je me lève précipitamment et je remet mes écouteurs dans mes oreilles. Je monte le musique a fond, et cours jusqu'à l'entrée. Je sors du lycée, une larme s'échappe malencontreusement de mon œil. Je continu de marcher, puis je me laisse tomber sur un banc où je m'allonge de tout mon long. J'écoute ma musique :

Vous les femmes, c'est toujours pareil
Quand le drame s'abat, vous pleurez
Vous les hommes, c'est toujours pareil
Quand le drame s'abat, vous courez
C'est pour ça qu'les relations s'arrêtent
J'ai tort, c'est ma faute
Sentiments égarés
On sourit pour ne pas pleurer
On s'oublie pour ne plus s'aimer
Cherche la perfection pour fuir la réalité
Le vrai problème, c'est qu'à chaque fois qu'c'est le même problème

Je laisse tomber deux ou trois larmes, qui coulent le long de mes tempes pour venir s'écraser sur le banc. Je sors une cigarette et mon briquet bleu nuit de ma poche. Je la glisse entre mes lèvres, et l'allume. Ironiquement, "mosaïque solitaire" se fait entendre dans mes écouteurs. J'aime beaucoup cette chanson. Je ferme les yeux, profitant de ce moment, tout le monde est à l'intérieur, donc personne ne me voit, chialer comme une conne.

Fumer tue, vivre aussi, dans l'temps qu'il y a faire autant se ruiner

Il a raison. La chanson continue, je ne sais pas comment je suis devenue comme ça ? Il y a encore quelques années, j'étais une petite fille pleine de vie, je jouais, je riais ! Qu'est ce qu'il a bien pu se passer ? Je reste dans mon monde, rempli de rap, de Damso et de fumée. Quelqu'un me prend ma cigarette, j'ouvre précipitamment les yeux, surprise. Je m'assois, et me tourne vers la personne qui s'est assis sur le dossier du banc, c'est Carl. Il fume ma cigarette.

-Eh, rend la moi ! dis je en essayant de la reprendre, mais il lève le bras, la rendant hors de ma portée. Qu'est ce qu'il y a ? T'as pas réussi ton coup avec l'autre meuf donc tu viens me faire chier ?

Je lève les yeux au ciel, et sors un autre cigarette. Je l'allume et la consomme tandis que Carl garde la première.

-Pourquoi t'es comme ça ? demande t il.

-Comment ?

-Tu te comportes comme un garçon manqué un peu, on dirait que t'es une racaille mais avec des nichons et pas de teub ?

-Pourquoi tu te comportes comme un gros con super lourd qui ne comprend rien à la population féminine ?

Il ne répond rien, et on continu de fumer, ensemble, comme de vielles connaissances.

-Dit, c'était qui tous les gens avec toi tout à l'heure ?

-C'était mon meilleur ami et ses nouveaux copains.

-Tu viens d'où enfaite ?

-D'ici. Je suis née à Chicago figure toi. Mais je n'étais pas présente, l'année dernière.

-Et moi l'année d'avant, ce qui explique qu'on ne se soit jamais rencontré auparavant.

Il hoche la tête. Il réfléchit, bizarre je ne savais pas qu'il en était capable, vu son comportement. Je vois Peter venir droit sur nous, furax, merde... je crois que je vais morfler. Je cache ma cigarette dernière mon dos, et souris à mon demi frère.

-Hey, salut Peter, ça va ? je demande paniqué mais avec un grand sourire.

Il me torture du regard, et tend sa main vers moi.

-Donne la moi, dit il en grognant.

Je ne fais rien, et il se répète, en haussant d'avantage le ton. A côté, Carl fronce les sourcils et se lève.

-Non mais laisse la tranquille frère, elle fait ce qu'elle veut.

-Toi tu la fermes, t'es pas dans l'histoire ! Gabriela Saw, tu me donnes cette clope tout de suite, tu sais très bien que je ne veux pas que tu fumes !

Je me résigne et lui tend ma cigarette. Il l'écrase avec son pied contre le goudron. Carl continu de nous fixer, et Peter m'attrape violement le bras et me tire à l'écart de mon voisin de classe pour pouvoir discuter intimement. Mais il crie tellement fort, que Carl doit pouvoir tout entendre.

-Putain Gab ! T'étais sensé ne plus faire de choses pareilles ! Et j'ai vu ton plateau, tu n'as touché à rien ! Tu sais très bien que si tu ne fait pas d'effort, rien ne va s'arranger ! Tu va replonger et retourner là bas ! Gab, tu sais très bien que je veux seulement que tu ailles mieux, je fais ça pour toi !

-Mais je ne vais pas bien ! Je ne peux pas replonger, puisque je n'ai jamais sorti ma tête de l'eau ! Et tu sais quoi ? Je n'ai pas besoin de ta charité ! Je serai bien mieux chez mon oncle !

Je fond en larme, ça me fait mal que Peter me parle de cette manière. Mais ça me fait d'avantage mal de me rappeler que c'est lui qui a bel et bien raison. Mon demi frère s'en veut, son visage laisse paraître de la culpabilité. Il s'avance vers moi pour m'enlacer, mais je pars en courant vers le grand portail, abandonnant mes affaires au pied du banc.

Après quelques minutes de course, je me stoppe devant un bar nommé l'Alibi, j'y entre et je commande un bière, bien fraîche. Un dame russe, je pense,  qui ne sourit pas me sert, et reste quelques instant pour m'observer.

-Rupture ? demande t elle avec un accent très prononcé, me prouvant qu'elle est russe.

Je secoue la tête et comme à boire ma boisson. Je la finit en un rien de temps, puis je sors de cet endroit, laissant un pourboire sur le comptoir. A l'extérieur, j'aperçois Carl. Encore ? Mais il me suit partout ou quoi celui là ?

-T'as vraiment craqué là, dis je un sourire amer aux lèvres. Tu commences à me suivre maintenant ?

-Bien sûr, dit il avec son magnifique sourire en coin. Plus sérieusement, c'était qui ce type tout à l'heure ? Pourquoi il t'a crié dessus ? Et pourquoi tu pleurais ? Il t'a dit quoi ? Si tu veux je vais de ce pas lui démonter la gueule.

-Tu ferais ça pour moi ? demandais je avec le même visage.

-Répond à mes question Gabriela.

-Ok, mais arrête de m'appeler comme ça, s'il te plaît.

Il hoche la tête, et patiente dans le calme, attendant que je me lance.

-C'était mon demi frère, t'es content ? Et, il criait car j'ai pas respecté ses règles.

-Pourquoi t'étais si ému ?

-C'est personnel Carl ! dis je en m'éloignant, retournant vers le lycée.

Etonnement, Carl hoche la tête, et vient marcher à mes côtés.

-On commence dans combien de temps ? je demande.

-Il y a cinq minutes, on a svt.

-Quoi ?! On va encore être en retard !

Il sourit, ça à l'air de l'amuser, tandis que moi, je suis bonne pour me reprendre un coup de gueule de Peter. nous continuons de marcher, et je presse un peu le pas. Quand on entre dans l'établissent, il reste quelques personnes qui doivent avoir cours plus tard. Quand on s'arrête enfin devant notre salle, Carl reprend la parole.

-Tu sais, mon offre tient toujours. Ce n'est pas parce que c'est ton demi frère que je ne peux pas le tabasser.

Je souris, un sourire honnête. Peut être qu'au final il est sympa...

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This boyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant