LE PREMIER JOUR (deux temps)

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Le second temps commençait, apportant dans son sillage une brume tenace de pression et d'angoisses. Merle avait disparu depuis bientôt une heure et je n'avait presque pas bougé de là où j'étais descendu. J'étais simplement partis m'asseoir un peu plus loin, incapable de savoir quoi faire d'autre.

C'était terriblement pathétique, je le savais très bien. Mais ça l'était sûrement moins que de se mettre à hurler, pleurer ou je ne sais quelle autre réaction provoquée par quelques émotions extravagantes. Aussi étrange que cela puisse être, je ne me sentais ni enragé, ni effondré, ni quoi que ce soit de ce genre là. La seule chose qui prenait toute la place dans ma tête était l'horrible sentiment d'avoir perdu les pédales. Enfin, mon esprit toujours prompt à plaisanter vous dirait que la pédale ne fut point perdue puisqu'elle se trouvait en ces lieux, à vous narrer ce récit. Quoi qu'il en soit, j'avais la sensation de ne plus rien contrôler ma vie, comme si j'étais resté dans cette voiture et que Merle avait disparu alors qu'elle fonçait à pleine vitesse. 

D'épais nuages sombres commencèrent à s'amonceler au-dessus de ma tête, faisant la promesse d'un futur proche ne risquant pas de me ravir. Je haïssait la pluie, elle vous trempait de la tête au pieds en quelques minutes seulement, elle s'infiltrait dans vos vêtements et vous glaçait jusqu'aux os. Oh que je la tenait en horreur et je ne pouvais m'imaginais traîner une seconde de plus dans le coin en sachant ce qu'il se préparait. Au Diable Merle, au Diable la vie en roue libre, au Diable toutes mes affaires, mon doudou, mes joints, ma musique, ma couverture ; trouver un abris était la seule chose à laquelle je devais penser, et seulement ensuite je pourrais me lamenter sur mon terrible sort affreusement injuste. 

Bien heureusement pour moi, plus tôt dans la soirée, avant que Merle ne m'abandonne lâchement sans que je ne sache pourquoi, nous avions dépasser un fameux panneau à l'inscription abîmée par le temps. Marville. 

Je me souviens ce que j'ai ressentis lorsqu'on est passé devant, j'avais l'impression de plonger la tête la première dans un film d'horreur. Un film où le héros mourais toujours.

Maintenant que je me retrouvais seul, mon cerveau s'était décidé à ne plus fonctionner correctement. Lui qui déprimait tranquillement quelques instants plus tôt, se retrouvait obsédé par Merle, je ne cessais de me retourner pour fixer l'horizon où il avait disparu. J'étais complètement obsédé à l'idée de le voir réapparaître dans un coup de théâtre inattendu.
Ce manège dura un petit moment, suffisamment longtemps pour que je perçoive enfin les premières silhouettes informes des bâtiments à travers la brume tombante.

Mais mon esprit se tournait et se retournait pour échapper à ces pensées délirantes, rien n'y faisait.
Pourquoi Merle ne voulait plus sortir de ma tête ? Il avait quitté ma vie alors il pouvait bien quitter mon esprit également non ?
On aurait dit qu'un micro-parasite s'était introduit dans mon cerveau pour y contrôler toutes mes pensées. Et c'était terriblement agaçant. Tellement agaçant que la moindre pensée ayant pour sujet Merle Dixon devenait immédiatement un réacteur nucléaire à énervement.
Un réacteur en surchauffe.

BOYS DON'T CRY [twd]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant