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Pourquoi la réalité nous paraît-elle si futile ?
L'est-elle vraiment ou est-ce juste moi qui devient fou ?
Nous voyons quelque chose. Nous croyons le voir et l'instant d'après, le voilà tout disparu, envolé dans l'air sans une explication. Ce genre de choses arrive rarement d'habitude, ce sont des choses que les gens voient à la télé ou entendent à la radio, mais jamais ces gens-là ne le vivront. Pourtant, depuis que toute cette folie a débuté, depuis que les morts se relèvent pour asseoir le monde, moi j'en ai de plus en plus. Merle aussi je crois. Les gens encore vivants également.
Il me semble que c'est un tout.Peu importe où l'on se trouve, avec qui l'on est, nous continuerons à apercevoir ces étranges apparitions. Tantôt réelles, tantôt imaginaires.
Mais Merle ne semble pas partager mon avis. Assit à la place conducteur, une clope au bec et la main sur le volant de la voiture, il me déblatère depuis bien trente minutes que j'ai sûrement rêvé et que je deviens complètement taré. Pourtant, il n'a pas rechigner une seule seconde à quitter cet endroit au silence maudit et au chien fantôme. Dès que je lui ai fait part de ce que j'ai vu (car je l'ai vu, j'en suis certain, cet abruti ne me fera pas croire que j'ai rêvé), on a immédiatement remballé les affaires et moins de deux minutes après, Merle appuyait comme un dingue sur l'accélérateur.
Maintenant le soleil est presque à son zénith et nous n'avons toujours pas croisé un quelconque signe de vie.« Tu crois que c'est partout comme ça ? » demandais-je soudainement, le coupant dans sa barbante leçon de morale.
Il me lança un rapide regard, comme s'il me jaugeait. Ou comme s'il réfléchissait à quoi répondre. Après s'être humecté les lèvres, il me répondit :
« J'en sais rien, c'est vrai que c'est bizarre.
- Ben ouais, quand même. Y'a rien de vivant depuis des heures.
- On n'a pas non plus croisé d'morts j'te rappelle.
- Tu m'as compris, » soupirai-je. « Quand je dis "vivant", j'entends tout ce qui bouge et qui est matériel, quoi.
- Bah, dis aussi "rôdeurs" alors, si t'es pas précis, j'peux pas savoir moi !
- Ben peut-être que si t'utilisais un peu plus ton cerveau tu comprendrais. Parce que j'te signale que toi non plus t'en as pas croisé des rôdeurs. »
Merle se renfrogna dans son siège, l'air vraiment mal à l'aise.
« Tu peux pas parler de ça.
- Quoi ?
- Les fantômes. Faut pas en parler.
- Et pourquoi ça ? C'est cool les fantômes.
- Non. C'est des esprits Sam, on n'approche pas les morts.
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BOYS DON'T CRY [twd]
TerrorMerle Dixon avait ce goût particulier de l'Enfer, brûlant comme ses flammes et pourrit comme ses geôliers. Mais l'Enfer, le Véritable Enfer, je ne le connaissais pas avant qu'il ne me jette sur le bord de la route. Aux abords d'une ville malsaine...