Profitant de la surprise presque générale puisque pour Peter qui était dans le secret et même l'instigateur du complot n'en faisait partie qu'en apparence, Connie s'approcha de Saül, enroula ses bras autour de son cou et sans aucune gêne se colla à lui pour scotcher ses lèvres aux siennes. Wendy nota la position du corps de Saül resté raide et inerte sans aucune réaction. Sans la moindre. Ses bras étaient restés ballants. Soudain, il saisit la dénommée Connie par les épaules et la détacha de lui. Était-ce avec rudesse !?
- Saül, mon chéri, tu as toujours été un timide, susurra la jeune femme.
- Tu n'es pas content de voir ta petite amie, Saül ? demanda Peter perfidement ne laissant guère le temps à son frère ni pour réagir, ni pour répliquer. Après tout le trajet qu'elle a dû faire !
- Ne vous en faites pas, Connie ! Venez que je vous présente les autres invités, proposa Annie aussi sournoise que son fils.... Voici notre chère Gaby que vous connaissez. Sébastien, MON MARI et le père de Saül, VOTRE AMOUREUX. Donc, vos prochains beaux-parents. Voici Isaac et Patricia King, les grands-parents de votre chéri. Et bien sûr monsieur Wellington...
Quel culot ! Non, mais vraiment ! De quel droit pouvait-elle proclamer des jugements et décider des relations des gens !? En considérant les gestes grandiloquents de sa femme, en lisant sur ses lèvres les mots et en voyant dans ses yeux tout le fiel que contenait son cœur noir, Sébastien, qui était déjà remonté contre elle, sentit le feu lui monter aux joues sous l'effet de l'indignation et la honte. Sa femme avait une conduite inqualifiable. Sa tête lui fit subitement mal et il se tint les tempes sous l'effet de la douleur. D'étranges bourdonnements lui vrillèrent les tympans et il tenta de se masser les tempes.
Aussitôt, Wendy acourrut. Manifestement, elle était davantage préoccupée par Sébastien que l'arrivée intempestive d'une prétendue petite amie.
- Sébastien, tu vas bien !? Tu as mal à la tête ? s'enquit-elle. Doit-on appeler le médecin ou t'emmener à la clinique ?
- Je veux rentrer me reposer dans ma chambre et je veux bien voir mon médecin, répondit Sébastien en se tenant encore la tête.
- Tout de suite ! Viens, papa ! Je vais t'aider avec Wendy à te mettre au lit pendant que maman appelle le médecin, intervint Saül déjà aux côtés de son père, plantant Connie au milieu sans se soucier d'elle.
Il prenait les opérations en main comme s'il se fut trouvé chez lui.
- Oui, aidez-moi, mes enfants, approuva Sébastien coupant ainsi court aux essais de Peter et d'Annie de semer la zizanie et coupant l'herbe sous les pieds de Connie qui cherchait à attirer sur elle les feux de la rampe.
Sébastien avait compris le jeu de son fils à son regard qui brillait d'une lueur traîtresse. Il le connaissait trop pour présager du bien de la suite des opérations. Depuis son enfance, il montrait une jalousie morbide à l'égard de son frère... surtout depuis cet incident où il fut blessé et en conserva une cicatrice. Un petit, un léger, incident que Peter et Annie avaient agrandi démesurément le rendant un accident voulu, provoqué et organisé par Saül, par esprit de vengeance. Par jalousie.
Sébastien, depuis toujours, était pleinement conscient des sentiments mitigés nourris par Peter envers son demi-frère parce que, effectivement, il le considérait ainsi comme étant un demi-frère et donc ne méritant pas vraiment le plein amour de son père le considérant comme un surplus, quelqu'un venu pour le priver de la tendresse d'un père de qui il aurait dû jouir intégralement.
Au lieu de se montrer équitable et se dire que sa mère était entrée en ligne pour voler un père à son fils, et un homme à sa femme, il préférait se voir comme la victime. À cause des paroles venimeuses que lui distillait sa mère tel un poison avant même qu'il n'apprenne à réellement percevoir les choses. Depuis toujours, Sébastien le savait, Peter montrait un visage doucereux à un frère franc et aimant.
Effectivement, Saül avant même de connaître ce demi-frère qui était tombé de nulle part se disait malgré le chagrin de sa mère qu'un frère reste un frère car les liens du sang sont plus forts que tout. Enfant, malgré sa solitude et son isolement, il avait accepté la proposition de son père quand il émit le désir qu'il fasse sa connaissance. Il y'eut effectivement de rares rencontres. Sur un terrain neutre. Juste le père et les deux demi-frères. Ce fut dans une forêt. Une grande forêt. Saül qui était déjà un grand garçon avait déconseillé à Peter qui allait sur ses cinq ans de monter à un arbre car trop petit il risquait de tomber, de se meurtrir et d'en pleurer. Se rappelant les paroles de sa mère qui ne cessait de lui répéter qu'il était un grand et brave garçon n'ayant peur de rien et ne devant fléchir devant aucun, et surtout pas devant ce dénommé Saül, il avait persisté à vouloir monter. Il monta et... tomba, bien sûr. Une chute qui lui valut plusieurs blessures qui guérirent mais il en conserva une cicatrice au menton. De là sa barbe qu'il refusait de raser voulant préserver sa gueule de beau garçon depuis que des poils avaient commencé à lui pousser ignorant que certaines filles aimaient davantage les bad-boys que les gentils.
Sébastien, même si sa tête lui faisait atrocement mal, comprit que quelque chose se tramait et voulut préserver son fils aîné de la haine d'un jeune frère victime d'une éducation basée sur l'aversion, le mensonge et la duplicité. D'où son geste d'éloigner les deux jeunes gens. Et confondre une Connie conspiratrice. Grâce à Annie, il sentait les personnes intéressées de loin. Si elle avait vraiment compté pour Saül, il lui aurait parlé d'elle. Or, justement, Gaby, durant les quelques jours précédents, lui avait écrit quelque chose concernant une ancienne maîtresse avec qui Saül avait coupé les ponts et qui était venue le relancer jusqu'à Paris. Tenant très à cœur l'intérêt et le bonheur de leur fils, ils tenaient à le préserver de toute intrusion ou attaque. Tous les deux avaient compris l'intérêt qu'il nourrissait envers Wendy et ils espéraient ardemment le voir oser un geste dans ce sens. Ils étaient prêts à tout pour le bien de leur fils.
Sébastien et Gaby ne voulaient guère refaire les mêmes erreurs. Se focaliser uniquement sur leur intérêt individuel, leur égoïsme et leur réussite personnelle leur avait coûté leur mariage, leur couple et la tranquillité de leur famille. Désormais, ils agiraient dans le but de sauver les intérêts et le bonheur de leur fils unique et pour cela ils feraient tout ce qui était en leur pouvoir. Sébastien savait que depuis presque toujours Saül se plaçait au second plan pour protéger son petit frère qui pourtant ne songeait qu'à sa petite personne faisant fi de tout. Dans son envie de nuire, de mentir, de comploter et de s'approprier ce qui ne lui appartenait pas et ne saurait lui appartenir, comme sa mère, il était tombé bas. Très bas. Le sourire de triomphe et les regards chargés de sarcasme disaient clairement que pour Peter, point de surprise.
Contrairement à son habitude, Sébastien ne voulait plus rester ni bras croisés ni bouche cousue face aux frasques et erreurs de son fils. Il était temps de donner à chacun ses... droits. Selon ses mérites.
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UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME II.
RomanceWendy Wellington, jeune ébéniste et conceptrice de meubles, elle travaille en free lance avant de se décider à agréer l'offre de Sébastien Wendeworth, son sauveur d'une situation délicate. Propriétaire d'une grande société de meubles, il l'engage en...