CHAPITRE IX.

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             DE L'INATTENDU.

    - Je veux que tu me donnes ton avis de professionnel sur le dessin, papa.

   - Pourquoi est-ce si important !? C'est quelqu'un que tu connais de près ? Quelqu'un qui veut travailler pour W. F.!?

    - Oui. Avec Wendy.

    - Quoi !? Il doit être bien prétentieux de croire que Wendy lui offrira du travail juste parce qu'il te connait !

    - Et si elle aime ses dessins ?

    - Bien évidemment qu'elle le prendra avec elle ! Seul le talent compte pour elle. Alors, tu me dis de qui il s'agit ?

    - Ton avis, d'abord.

    - Je te l'ai dit : un talent certain... qui a besoin d'être affirmé.

    - Comment ?

    - Plus de pratique. Plus d'assurance. Plus de confiance en soi. Attends !

    - Quoi ?

    Saül eut beau bombarder son père de messages, il ne reçut aucune réponse et dut prendre son mal en patience et attendre, attendre le bon plaisir de son père. Saül s'était attendu à ce que son père lui signifie un non recevoir clair et net mais ses restrictions encourageantes lui firent comprendre que Wendy avait raison. Une fois de plus. Comme toujours.

    Il fut tiré de son soliloque par une notification le prévenant de la réception d'une vidéo. De la part de son père. En l'ouvrant, son étonnement connut son comble. Contrairement à ce qu'il s'était imaginé, Sébastien n'était point seul allongé dans son lit, chez lui. Apparemment son père fêtait son affaire et ne montrait aucun signe de chagrin, ni de regret. Donc, son acte avait été amplement raisonné et discuté. De toute évidence, Raoul Wellington avait de l'emprise sur Sébastien Wendeworth. Et une bonne influence. Tout comme Wendy en avait sur lui. Sinon pourquoi serait-il tant préoccupé par l'idée de savoir si....

   Tiens ! Son père n'était pas seul ! Il vit une tête penchée sur le dessin et reconnut son grand-père. Voilà un autre sujet de surprise pour Saül. Nonobstant toutes les années de discorde, de différends et de colère, le beau-père et le gendre -enfin les ex.- se comportaient tels des amis proches de longue date. La présence de Raoul y contribuait largement bien évidemment. Puis apparut justement la tête de Raoul. Décidément, la relation du trio allait se consolidant. Cela prouvait que lorsque les cœurs sont purs, les intentions bonnes et les similitudes frappantes, les meilleurs esprits finissent toujours par se retrouver et se connecter. Toutes les différences et tous les obstacles finissent par s'aplanir. Il suffit d'un peu de bonne volonté et de savoir vivre. Pourquoi se chamailler, se dresser les uns contre les autres, s'échiner et s'ingénier à se trouver des dissemblables ? Pourquoi constamment se focaliser sur le négatif ? Pourquoi constamment voir les défauts d'autrui ? Pourquoi constamment se présenter comme la victime et voir en l'autre le coupable, le méchant, le disgracieux ? Pourquoi ne pas reconnaître à un moment donné sa culpabilité ou du moins sa part dans le litige ?

    Saül était content, et fier, de son père qui avait su pardonner à Isaac King et tourner la page pour passer outre, passer à quelque chose de plus instructif et de plus bénéfique. Sur tous les plans. Tout comme il était content et fier de sa mère et de son grand-père. Chacun avait pu trouver assez de clémence et de tolérance pour oublier et repartir à zéro. Avec une nouvelle donne. Les voir tous ensemble heureux et réjouis étaient un vrai bonheur pour Saül.

    Mais au fait que faisaient-ils tous les trois ensemble à une telle heure !? Son père était censé se reposer, son grand-père s'occuper de sa chère épouse et Raoul... Il ignorait les habitudes du magna de la finance. Sûrement traiter des affaires. Même à une heure indue. Ou s'occuper de sa petite-fille. Au fait pourquoi s'entêtait-il à descendre dans un hôtel même taxé de Palace alors que sa résidence était un vrai joyau !?

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME II. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant