CHAPITRE IV.

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                DES DÉCISIONS
                   
                     PLUS QUE       

               SPECTACULAIRES.

   - Donc, merci à notre chère Wendy qui continue à dorer le blason de notre société et qui....

    À cet instant, un bip se fit entendre et le cellulaire posé sur la table à côté de la main gauche de Sébastien s'alluma. Il le prit et ajouta à l'intention de l'assemblée :

   - Excusez-moi.... ( Il prit la peine de parcourir le message avant de déclarer en souriant :) Comme toujours, Wendy se montre innovente. Elle vient de m'envoyer un message et ainsi donner le ton de la conversation. Chacun pourra en faire de même pour dire ce qu'il pense. Selon elle, je suis en train de trop la mettre sur la sellette. Elle ne veut pas que l'on oublie les efforts des autres employés.

   - Et moi ? demanda Peter en se désignant. Sa question était si évidente qu'elle ne nécessitait guère de message. Le geste suffisait amplement.

   Bien évidemment, il se sentait en droit de protester et le problème était qu'il se sentait vraiment dénigré. Pour lui, son père aurait dû être le premier à louer ses efforts et les exploits réalisés jusqu'alors. Sa présence et coopération à W.F. remontaient à des années tandis que Wendy venait à peine d'arriver ! De quel droit se permettait-il de tout oublier !? Un employeur passe encore mais un père !? Comment un père pouvait changer à ce point !? Sébastien n'était plus le même ! Il était devenu hors contrôle ! Sébastien le malléable, le compréhensif et le délicat était mort et enterré ! En dépit de son amour pour Wendy, Peter ne supportait aucunement de la voir le supplanter en tout et partout. Elle était en train de tout lui voler.

    L'attention générale fut attirée par la réaction d'Annie qui avec l'index désigna son fils puis leva le pouce pour signifier qu'elle partageait son opinion et n'admettait nullement de le voir oublié, pire encore rabaissé. Sébastien qui avait déjà une idée arrêtée sur la question n'apprécia guère le déni de ses déclarations traduisant la vérité. Se révolter, se récrier ou même quitter la salle de la réunion ne changerait rien à sa vision des choses. Durant sa convalescence, il avait mené son enquête, semé ses espions, écouté la version de Wendy et était arrivé à un constat alarmant. Son fils ne valait pas un clou. Durant des années, il s'était joué de lui. Il profitait des talents des autres pour s'attirer toutes les faveurs. De toute l'affaire se dégageaient des odeurs de puanteur. Sébastien était quasiment certain que son fils avait fomenté tout un complot bien ourdi pour gérer ses affaires et tromper son entourage. Comment avait-il réussi à faire taire des employées assidues et talentueuses en leur volant leur travail, leurs efforts et leur talent ? Comment une personne pouvait être réduite à s'effacer pour céder tous les privilèges à un parfait incapable ? Sébastien savait avec certitude que les secrets qu'il découvrirait tôt ou tard feraient de son fils un criminel, un voleur et un goujat. Au fond de lui, il nourrissait des sentiments mitigés. Il était partagé entre le regret d'avoir décelé les choses jalousement et soigneusement cachées par Peter et la consolation d'avoir tout su en vue de sauver l'entreprise. Sans les remarques, questions et mises en gardes de Wendy, il ne se serait jamais douté de rien et il aurait continué à considérer Peter comme un artiste dont le talent avait tari. Il lui arrivait souvent depuis tous les changements survenus dans sa vie de louer Dieu pour toutes les épreuves endurées. Sans elles, il n'aurait jamais découvert les vrais visages des gens l'entourant. La vie lui avait réservé des surprises... surprenantes !

   - Je vois que ni ma CHÈRE épouse, ni mon CHER fils ne partagent mon point de vue, mais... qu'importe ! Ça ne changera rien à une décision déjà prise.

    Du pâle, le teint de la mère et du fils vira au rouge écarlate sous le soufflet verbal distillé par Sébastien qui à leurs yeux dépassait la mesure. Si avant il avait cherché à dissimuler sa colère à leur égard, maintenant, il ne se gênait point pour les mettre dans l'embarras devant tout le monde. Offusquée, Annie fit mine de se lever mais un regard de son fils lui fit changer d'avis. Il fallait endurer certains calvaires pour mieux les surmonter.

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME II. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant