Chap 1 : Une Dernière Chance

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Ses fesses étaient endolories et son dos le faisait atrocement souffrir. La voiture serpentait depuis des heures sur ces routes de campagnes délabrées. À chaque ornières, à chaque bosses, elle se tortillée comme un poisson hors de l'eau. Il essaya bien de se réajuster sur son siège mais après tout ce temps à être assis, aucune position ne lui semblait agréable.

Sa vessie s'était peu à peu gonflé depuis leurs départ de Paris et maintenant que les panneaux n'affichait plus que des villages aux noms à consonnences germaniques, elle en était devenue presque douloureuse. La ceinture de sécurité appuyait dessus et à chaque chahut dans l'habitacle, il devait serrer tous ses sphinctère pour ne pas perdre le contrôle.

— Est-ce-qu'on peut s'arrêter, demanda-t-il dans un croissement. Je dois pisser.

Ce fut les premiers mots qu'il prononça de tout le voyage et ils lui arrachèrent la gorge comme si ils avaient été fait d'aiguilles. Son père à côté de lui se crispa sur son volant.

C'était un homme d'une quarantaine d'année bien tassée aux traits étrangement doux sous sa courte barbe taillée. Il avait une carrure assez élancée avec des muscles bien placé. Il avait toujours aimé faire du sport contrairement à son fils. Toute son apparence transpirait le métrosexuel, ses ongles manucurés, sa peau lisse et sans imperfection, jusque ses cheveux grisonnant qui contrastaient avec le teint sombre de ses origines. Si Elyas s'en souvenait bien, son arrière grand père avait dû être syrien mais ni lui, ni son père n'avait jamais mis les pieds là-bas. Même les vêtements qu'il avait mis pour un long trajet en voiture transpirait un luxe bourgeois, un chandail gris qui laissait dépasser le colle et les manches d'une chemise blanche parfaitement amidonné sur un Levi froissé. Chaque pièce de sa tenue semblait calculée pour montrer aux autres sa beauté.

Lui non plus n'avait pas prononcé un seule mots depuis plus de 5 heures et, durant un instant, il sembla ne plus savoir parler. Il se contenta d'observer la route qui sinué à travers les bois, les traits tendus. Ses sourcils était froncés, sa machoir serré. Sur le volant, ses phalanges blanchissaient tant il le cramponait.

Devant ce spectacle, Elyas déglutit difficilement et tourna la tête vers la vitre passager dans l'espoir d'échapper à la fureur de son père. Si il avait pu, il aurait sûrement sauté de la voiture.

— Retiens-toi, grogna son père d'un ton sec et empli de rancœur. On est bientôt arrivé.

Un frisson parcouru le dos d'Elyas. La tête enfouis contre la fenêtre, il décida de ce perdre dans ses pensées,  les laissant flotter à travers cette forêt épaisse qui s'étendait de l'autre coté de la vitre. Il espérait ainsi oublier, ne serait-ce qu'un instant, sa vessie.

Quand il y pensait, tout c'était passé si vite. Il n'avait pas vraiment eu le temps de se poser pour comprendre ce qui lui arrivait.

Cela faisait maintenant près d'un mois qu'il avait été viré de son ancien lycée et ce n'était pas la première fois. En faite, depuis sa troisième, 4 établissement l'avait déjà rejeté. C'était toujours la même rengaine, des lycées privées rempli de bourges et autres fils à papa qui n'ont jamais vue d'autres couleurs que le blanc hors de leurs télés. Ça commencé toujours pareille, des regards en coins, des ricanements et ça finissait inévitablement par son poing effleurant leurs tempes. Ils étaient tous et toutes fils et filles de alors que lui, il n'était que le petit arabe arrivé là par hazard, le simple fils d'un avocat chanceux. Ils n'étaient pas du même monde, c'était tout.

Mais son père persista. Il l'envoyait toujours dans des lycées prestigieux, même si de toutes façons ses notes ne suivaient pas. À chaque avertissement, à chaque mots, à chaque notes catastrophiques et surtout à chaque bagarres, la déception se lisait dans ses yeux. Une déception qui ne s'exprimait que par des engueulades à répétition. Encore et toujours des engueulades. La maison était devenu un véritable champs de guerre. Pas un repas ne se faisait sans cris, menace et reproche.

Un père excédé, une mère désemparé,  un ado enragé contre la terre entière,  voilà qu'elle était son quotidien depuis des années maintenant. Et le voilà déscolarisé après une énièm expulsion. À 17 ans et avec son dossier scolaire, plus aucune école ne voulait de lui, pas même pour un gros chèque. Ce dernier mois fut un véritable enfer pour lui et il hésita plus d'une fois à simplement s'échapper par sa fenêtre.

Et puis, ce matin là, son père fit irruption dans sa chambre, le réveillant dans sursaut. Il aurait pu s'attendre aux hurlements habituels mais à la place, il n'eu droit qu'à un simple.

— Lève-toi, fais ta valise pour une semaine, on part dans une heure.

Le ton de son père était sec et autoritaire comme celui d'un militaire ordonnant à des recrues. Caché sous sa couette pour se protéger du soleil, il n'avait simplement pas eu la force de protester. Il demanda tout de même à sa mère quelques explication un instant plus tard dans cuisine alors qu'il se servait un café.

— On t'a trouvé un pensionnat en Alsace qui veut bien de toi, fit-elle d'une voix pleine de larmes.

Elle avait les yeux plantés sur le croissant posé devant elle comme pour cacher ses larmes derrière ses longs cheveux crépu. Sa mère était une belle femme noir aux yeux d'un noisette magnifique et ce matin là, comme de nombreux autres, Elyas savait qu'ils étaient noyé sous un flot de larme.

À l'énoncé du mot pensionnat, Elyas s'était tétanisé. Ses lèvres touchèrent à peine son café légèrement trop sucré à son goût et il se paralysa. Ça ne dura qu'un instant, son père l'avait de nombreuse fois menacé avec ce mot et après des heures de réflexions,  son corps tremblant de rage, d'angoisse et de tristesse, seul dans sa chambre, son père hurlant encore de l'autre côté de la porte, il en vint à penser que ça ne pouvait pas être pire que chez lui. De toute manière, il n'avait ni ami suffisamment proche, ni même famille dont il serait séparé.

Et il prit sa première gorgé de café tandis que la voiture se secoua à nouveau, lui faisant regretter celle-ci. Sa vessie lui lança comme une décharge électrique alors qu'il revenait au présent.

Les arbres autour de la route s'en étaient écartés et un grand portail de fer blanc se dressa comme une troué dans la végétation. C'était une haute grille fait d'un entremêlement complexe de pointe qui monter au ciel dans des griffes monstrueuse. Cette porte semblait à si méprendre au cliché de l'entrée d'un manoir hanté.

Elyas s'enfonça un peu plus profondément dans son siège, un frisson le parcourant, tandis que son père ralentit.

— Vous êtes arrivé.

La voix robotique du GPS le fit sursauté. La voiture s'arrêta alors près du portail, son père le scrutant d'un air presque inquiet. Il descendit de la voiture pour se diriger avec l'un des deux grands pilier de brique rouge qui encadrait la grille. Sur celui-ci était incrusté un intercom.

Et, dessus de cette intercom, une plaque qu'Elyas ne voyait que difficilement de là où il était. Un nom y était gravé en lettre d'or.

Pensionnat St Madeleine

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