◤Chapitre 8 : Nous ne sommes pas qualifiés pour être aimés non plus◥

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"J'ai déjà dit que oui."

Répondra fermement Rin en détournant totalement le regard, fixant apparement son assiette à moitié terminée, malgré qu'elle était dessus depuis pas mal de temps. Après tout, plus les années passaient, moins elle arrivait à manger facilement. Sa gorge se nouait aléatoirement comme ça, l'empêchant de finir son assiette et la faisant donc se forcer (quand elle était chez elle, sinon elle se prenait une tarte et un "Nan mais oh, on te nourris et tu fais ta difficile connasse ?!" de la part de sa mère) ou bien gaspiller quantité de nourriture.

Ahaha, je gaspille tout et contribue à la fin de la planète mais vu à quel point ce monde est pourri, c'est peut-être pas si mal que tout finisse pas dispraître et que tout le monde crève

Pensa-t-elle, avant de tout de suite balayer ces pensées, se sentant coupable de les avoir eu.

Qu'est-ce que je suis égoïste bordel... Je ne mérite pas qu'on m'apprécies, putain.

Dans tous les cas, Miku insista et re-demanda :

"Rin, est-ce que ça va ? Ou plutôt, non, ça se vois que ça ne va pas du tout... Plutot donc, qu'est-ce qui ne va pas ?"

Je pourrais te retourner la question, c'est pas moi qui ait des pansements partout sur la tronche...

Songea l'adolescente qui lui répondit tout simplement d'un ton qu'el voulait ferme mais qui se révelait plus agressif qu'autre chose :

"Est-ce que ça te regarde, que je sache ? Non, donc voilà ! Et si, tout va bien dans ma vie... Tout va bien..."

Aussitôt qu'elle eu dit ça, Rin se leva tout de suite avec son plateau pour partir.

Mais quelle conne je suis, j'ai presque pensé que je pourrais passer un moment agréable car avec des gens qui ne sont pas horribles avec moi...

J'aurai dû me rappeller que j'ai pas le droit d'être heureuse.

Elle débarqua donc dans la cour, et alla se réfugier dans un autre endroit discret que celui où elle avait rencontré Miku la première fois (n'ayant pas envie que cette dernière la retrouve pour la questionner) et cacha son visage avec ses mains, pour craquer toute seule dans son coin.

Je suis une horreur je suis abominable avec tout le monde et je ne sais rien faire à part répandre le malheur autour de moi, je n'ait pas de raisons de ne pas aller bien car j'ai un toit, de quoi manger, personne ne m'harcèle et j'ai une famille.

Je suis une enfant inutile ne méritant pas qu'on l'aime qui n'a aucune raison de se plaindre. Tout va bien.

La blondinette se donna à elle même une giffle, histoire de se resaisir.

Tout va bien, je vais bien.

Elle ne réalisait pas du tout à quel point son raisonnement était néfaste et incohérent. Tout comme elle ne réalisait pas qu'elle avait clairement besoin d'aide, aide qu'on lui avait offert à demi-mots et qu'elle avait rejeté.

{Après les cours}

Rin avait envie de tout casser de hurler ce jour là. Plus qu'un autre tout du moins. Et tout du moins aussi, après sa conversation avec ses deux camarades. Mais comme toujours, en retrant chez elle, elle resta silencieuse.

Lyam a déjà finit il y a une heure...

Se rappella-t-elle en voyant le sac de son frère négligement jeté sur le lit de ce dernier, qu'elle apperçevait par la porte ouverte de sa chambre. Elle se dirigea vers sa chambre à elle sans un bruit, ayant vu (et entendu de part ses ronflements) sa mère dormir sur le canapé, et sachant très bien que la réveiller serai une très mauvaise idée.

Une fois installée dans sa chambre, elle laissa son sac négligemment par terre, se demandant si elle devrait faire ses devoirs pour sauver ce qu'il lui reste d'avenir ou si elle pouvait ne pas se fouler en sachant que de toute façon, elle était sûre de ne jamais avoir son bac. Après, les doutes étaient permis, elle avait bien eu son brevet (Avec mention ! Bon, c'était une mention assez bien et le brevet c'est de la merde selon tout le monde mais quand même...) contrairement à ce que sa mère prédisait...

Oui, finalement, elle pourrais essayer d'avoir un peut plus de bon sens et de motivation. Enfin "plus de motivation", en admettant qu'elle en avait déjà eu...

Les heures passèrent. Elle avait finit de travailler et restait maintenant en boule dans son lit en écoutant de la musique que Youtube faisait défiler. Elle regardait souvent les traductions de ces chansons avant, et c'était comme ça qu'elle avait réussi à devenir très forte en anglais, mais elle n'avait même plus l'envie de faire ça depuis un certain temps... Depuis un an elle dirait.

"It's my party and i cry if a want to,
cry if i want to,
Cry ! Cry ! Cry !"

L'adolescente jeta un coup d'oeil sur l'heure affichée sur son portable. 19h30, donc le repas allait bientôt arriver.

Putain...

Elle détestait les repas du soir, c'était un des moments de la journée où elle se prenait le plus de critiques. Et contrairement aux repas du midi où elle était soit à la cantine (parce que, elle citait sa mère "Autant que tu bouffes de la merde loin de moi plutôt que près de moi") soit il y avait une chance que sa mère soit en train de pioncer sur le canapé (à des heures pas possibles, c'était ça de regarder des films le soir jusqu'à 3 heures du matin. Et puis de base, sa mère aimait bien faire des siestes un peut n'importe quand, et Rin était persuadée que c'était pour avoir une excuse afin de lui crier dessus si elle la réveillait).

Le matin, généralement sa mère dormait toujours. Le soir, elle était toujours là, et son père, rentré du travail, également.

"C'EST L'HEURE DE BOUFFER ALORS T'AS INTÉRÊT A RAMENER TON CUL TRÈS VITE RIN !"

Ce fut les paroles hurlées de la mère de la blondinette qui, encore une fois, donnèrent la boule au ventre à l'intéréssée qui partit vers la cuisine en disant :

"J'ARRIVE !"

Elle s'assit à sa place, sur la table, en face de Lyam et à côté de son père (elle avait au moins l'avantabe d'être la plus éloignée possible de sa mère). Elle regarda ce qu'il y avait à manger... des pâtes au beurre, encore.

"Pourquoi tu fais la gueule encore ? Tu préférerai aller bouffer la pelouse dehors ?

- N-Non...

- Alors dépêche-toi de bouffer tes putains de pâtes."

Dira alors la mère de Rin, après avoir passé sa main dans ses cheveux couleur charbon, ce dont sa fille n'avait pas hérité. La chose la plus notable qu'elle (et par conséquent son frère, copie presque conforme d'elle en version mec) tenait d'elle était sûrement la teinte bleue vive de ses yeux.

Constatant que ses parents fixaient la télé, elle évita d'elle-même regarder en sachant qu'elle et les trentenaires (oui, ses parents étaient assez jeunes et étaient loin d'avoir 40 ans, sa mère avait 34 ans à l'heure actuelle et son père 36, ils avaient donc eu leurs jumeaux à 18 et 20 ans et ce par accident, sa mère ne se priait d'ailleurs pas pour répéter à sa fille qu'elle n'était pas désirée) n'avaient pas du tout les mêmes goûts.

"Je vois pas du tout pourquoi ce gars est aimé... il mérite pas de l'être, aucune qualification."

Dira son père d'un ton méprisant au possible, ce à quoi Rin réagit mentalement en gardant ses yeux baissés, regardant les pâtes au goût insipide qu'elle avait intérêt à ingérer si elle ne voulait pas s'en prendre encore plus dans la gueule :

Nous ne sommes pas qualifiés pour être aimés non plus...

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Quelque Chose D'Insignifiant [RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant