Chapitre 6

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Après cet épisode difficile, Sœur Miriam fut hospitalisée tandis que, sur ordre du cardinal, je restais chez moi quelques jours. Non pas que je puisse être en danger à cause du sataniste que nous avons laissé filer, mais plutôt pour éviter que l'on retrouve les traces d'énergie sacrée mobilisée par Sœur Miriam et moi.

Après avoir été admise dans un des hôpitaux les plus réputés de Rome, son hospitalisation se poursuit depuis ce matin dans les locaux du Vatican, en toute discrétion. Les autres religieuses pouvaient ainsi visiter sans se douter de la puissance de leur Sœur, et le Saint-Siège est alors en capacité de la soigner.

Mon autorisation de sortie a été enclenchée dès l'aube. A partir du moment où Sœur Miriam et moi n'étions plus tous deux dans Rome, nous étions plus difficilement repérables. Le Vatican est en effet protégé par un sceau si puissant que localiser Sœur Miriam relèverait des magies occultes les plus inquiétantes.

Pour l'une des premières fois, ainsi, j'entre dans le Vatican comme un touriste. Point de sous-sols, de souterrains ou de chemins cachés. Son lieu d'hospitalisation échappe en effet aux secrets du sol. Dans un sens, c'est une excellente nouvelle : nul ne peut y entrer par des moyens détournés.

Je suis immédiatement accueilli par le cardinal et Sœur Raphaëlle. Sa présence n'est évidemment pas anodine. Nous savons tous trois que face aux pouvoirs du sataniste, seule la prière sacrée pourra guérir Sœur Miriam.

« Sacha, es-tu sûr de ne pas avoir besoin de Sœur Raphaëlle ? ».

Cette dernière me regarde avec des yeux remplis de tristesse et de douceur. Je comprends son désarroi : même si elles n'appartiennent pas au même ordre religieux, la seule idée d'une attaque contre une fidèle servante de l'Église est un coup porté à tous. C'est du moins ce que je pensais.

« Ne me mens pas, Sacha. Pas à moi ».

Je suis épouvanté par ce ton, par cette voix, par ce qu'elle implique. L'inquiétude de Sœur Raphaëlle voile difficilement le danger que j'ai eu à affronter dans le musée. Ses mains tendues vers moi, je les saisis et force est de constater qu'aucune de ses prières ne s'active.

« Vous voyez, ma sœur, je ne vous ai rien caché.

— Je suis rassurée, alors.

— Je n'ai aucun intérêt à mentir à celle qui prend soin de moi ».

Ses yeux se remplissent immédiatement de larmes et, après un signe de croix, la voici en train de sangloter dans mes bras. Un médecin du Vatican arrive alors et nous invite à entrer dans la chambre de Sœur Miriam. Seuls quelques bandages à la tête démontrent de son combat spirituel.

« Mon Éminence, je suis ravie de vous voir ».

Le cardinal se décale alors pour me laisser entrer. Le visage de la nonne change et une fierté s'affiche désormais sur sa bouche, dans ses yeux.

« Sacha... Je suis si heureuse ».

L'intensité du lien qui se tisse entre les trois religieux et moi devient insaisissable. Humainement, cette richesse est porteuse. Même si, évidemment, pour eux, je suis probablement le porteur de l'épée.

« Merci de m'avoir écoutée, Sacha, ce jour-là.

— C'est tout naturel ma Sœur. Je ne voulais pas créer des ennuis à la Sainte Église Catholique.

— De quoi parlez-vous ? me lance-t-elle agacée. Je ne voulais pas que vous endossiez la responsabilité de sa mort.

— Je... C'est aussi ma mission.

— Pas du tout, Sacha ! Tu as l'autorisation si jamais tu es en danger, mais nous ne voulons absolument pas que tu aies à jamais gravée dans ton esprit l'image d'un meurtre. Ce n'est que le dernier recours, s'exclame le cardinal.

L'Éclatante revanche du Protecteur (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant