Chapitre 19

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Une semaine après les déboires que j'ai imposés à mes proches, me voici de retour chez moi, théoriquement protégé par les multiples actions que les deux protectrices religieuses ont bien voulu mener. Une nuance majeure reste à souligner : je ne suis pas seulement avec Raiden. Tristan est là, aussi.

Je me demande lequel de nous deux rassure l'autre. Théoriquement, la logique voudrait que Tristan soit là pour s'occuper de moi, comme si j'étais le malade du siècle. En réalité, je commence à croire que sa présence est sa seule thérapie pour déculpabiliser d'une faute qu'il n'a pas commise.

Pire – ou bien serait-ce le meilleur ? –, Tristan est à mes côtés pour que je le rassure sur mon état et, effectivement, sur l'absence totale de responsabilité qui pourrait lui être imputée. Le blondinet n'est évidemment en rien à l'origine de mon état ou bien même des conséquences de mes missions pontificales. Mais il l'ignore.

Je soupçonne par ailleurs Raiden d'avoir également participé au complot. L'arrivée de Tristan dans notre appartement n'a suscité aucune question, pas même un haussement de sourcils. Y aurait-il eu un accord préalable entre les deux acteurs actuels de ma vie ? C'est fort probable.

En revanche, je n'ai pu échapper à une discussion nécessaire avec Raiden. Un échange ouvert, qui a dépassé les réponses courtes que j'avais daigné lui adresser quelques jours auparavant. Raiden méritait de savoir que la relation que j'entretiens actuellement avec Tristan est peu conventionnelle.

Fidèle à son ouverture sur le monde et sur les sentiments des autres, mon colocataire a immédiatement compris. Il m'a aussi fait savoir que, même si nos péripéties nocturnes lui manquaient, il ne tenait pas à interférer dans une relation qui ne semble pas encore claire sur ses finalités.

Ainsi a-t-il pris la décision unilatérale de ne plus me proposer si jamais des pulsions libidinales l'habitaient. Il reste ouvert – et intéressé ! – mais la demande devra désormais être de mon fait. J'en ai pris note. A vrai dire, la présence de Tristan élimine pour l'instant par définition le sujet.

Sa présence dépasse d'ailleurs tous les codes de la cohabitation. Présentement, Tristan n'est autre qu'au creux de mes bras. Ses cheveux blonds flirtent avec mon nez, me faisant subir le risque d'un éternuement à chaque seconde. Sa peau, bien davantage tiède que chaude, cherche un contact quasi-permanent avec la mienne.

Son sommeil, en cette matinée, demeure lourd. Je n'ai pourtant pas souvenir d'avoir été particulièrement bavard hier. Ou bien, peut-être, a-t-il eu des difficultés à trouver le sommeil en n'étant pas chez lui ? Je sais d'avance que la vérité ne me parviendra jamais, puisque Tristan refusera d'émettre la moindre critique.

Comme à son habitude, Raiden entrouvre la porte de ma chambre pour me saluer avant de partir. Cette fois-ci, parfaitement au fait de la double vie qui s'y trouve, il ne me fait qu'un signe silencieux. Je l'en remercie par un sincère sourire et tente de lui souhaiter à mon tour une excellente journée, dans l'espoir qu'il lise sur mes lèvres.

Ma tentative est un échec : Tristan vient de bouger et sa tête dissimule désormais le bas de mon visage. Raiden, amusé, se dérobe et quitte désormais l'appartement sans provoquer le moindre bruit. Je suis admiratif de son caractère parfois félin. Sa présence peut tout à la fois être massive que légère.

Je dois quant à moi osciller entre mon envie de quitter ce lit que je ne tolère que la nuit et laisser Tristan prendre ses aises sur mon corps. Je décrète donc que je laisse à mon hôte quinze minutes. Sinon, j'abandonnerai ma chambre pour aller prendre un café désormais tout à fait nécessaire.

Il s'avère que ma décision sans appel a ses effets : Tristan s'éveille sans pour autant s'étonner d'être au plus proche de moi.

« Bonjour Sacha. Ca va ?

L'Éclatante revanche du Protecteur (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant