Chapitre 7

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« Tu es sûr de vouloir sortir ? Tu as l'air épuisé, Sacha ».

Raiden s'inquiète sincèrement de mon état, je le sais. Point de jalousie, même s'il a conscience que, ce soir, je compte m'approcher du Colisée. Au cœur d'une des rues qui conduit au monument, quelques-uns des bars gays où j'ai mes habitudes. En dépit de toute la fatigue légitimement pointée par Raiden, je crois en avoir besoin.

« Peut-être veux-tu venir avec moi ? ».

Ma question est sincère et sans arrière-pensée. Je n'ai fait aucune prévision sur ma soirée, et la passer avec mon colocataire me conviendrait parfaitement, ne serait-ce que pour quitter notre appartement. Lui, en revanche, je le sais, n'apprécie que peu la perspective d'une soirée hors de notre cocon.

« Je... Tu sais, moi...

— Oui, tu as ta console, je sais. Ne t'inquiète pas, lui souris-je sincèrement.

— Désolé...

— Aucun problème. Et si je ne rentre pas cette nuit, surtout, ne commence pas à prévoir les pires scenarii.

— Tu peux aussi revenir ici accompagné...

— Je me suis toujours refusé de te faire subir une présence indésirable.

— J'allais oser une remarque mais... tente Raiden, timide, malgré la boutade qu'il voudrait pourtant me faire entendre.

— Si nous devions envisager quoi que ce soit à plusieurs, nous en discuterions sans que ce ne soit un inconnu ramené par l'autre, tu ne crois pas ? lui lançai-je sans détour.

— Oh, toi... ! »

Derrière cette fausse surprise et la pseudo-indignation se cachent un amusement et, sans doute, une légère admiration pour ma capacité à déceler ses idées les plus perverses. Je retourne dans ma chambre pour terminer de m'habiller, puisque je suis encore en sous-vêtements. Je n'oublie pas l'épée de l'Esprit, dans son état le plus stable, autour de mon cou.

Je ne délaisse pas non plus le document remis par le cardinal. Après tout, à cause de mes péripéties, j'ignore tout de ma prochaine aventure. Elle n'est pas urgente, m'a-t-il dit en quittant l'hôpital. Soit, mais il me faudra bien l'honorer. Alors autant m'en débarrasser rapidement, que l'épée retrouve son fourreau céleste.

Habillé d'une modeste chemise blanche qui ne laisse cependant pas apparaître l'épée ainsi que d'un pantalon bleu, je décide d'abandonner Raiden pour retrouver le Colisée. Même si la rue est connue pour ses bars, elle est tout de même l'une des plus belles cartes postales de la Rome Antique.

Je m'installe à l'une des tables en terrasse et commande immédiatement un cocktail, peu dosé en alcool et, surtout, accompagné d'un plat de pâtes. Les italiens ont compris le secret d'une soirée réussie sans lendemain difficile : absorber leur plat national pour éviter une propagation de l'alcool.

En attendant le serveur, je reste obnubilé par le monumental théâtre de jeux face à moi. Si Rome est pour moi un lieu d'études et de travail souvent marqué par d'inexplicables mais bien réels sortilèges, elle n'en demeure pas moins la plus belle des cités qu'il m'ait été donné de découvrir.

En dépit des mots de mes trois religieux, je dois admettre qu'il m'est difficile d'oublier le sataniste. J'ai multiplié les recherches sur les quatre cavaliers de l'Apocalypse. J'ai compris quels étaient les attributs dont le cardinal parlait. D'après les textes sacrés, quatre cavaliers monteraient chacun sur une monture pour annoncer la fin du monde.

L'arc du cavalier blanc lui permettrait de vaincre, même si j'ignore exactement de quelle conquête il s'agirait. La balance du cavalier noir, elle, répandrait le manque et la famine sur la Terre, tandis que la faux du cavalier vert est sans équivoque, malheureusement. L'épée est alors attribuée au cavalier rouge, symbole logique du sang, de la violence et de la guerre.

L'Éclatante revanche du Protecteur (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant