Chapitre 20 - Final

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Je retrouve les mêmes émotions. J'ai l'impression qu'encore une fois la musique est sur le point de m'abattre. Cet orgue, ces cloches, je ne parviens pas à y rester insensible. Tristan est à côté, toujours, ne lâchant ni mon épaule ni mon regard. Mes yeux sont absorbés par les siens. Les cloches, elles, continuent à hurler.

L'orgue prend le dessus et l'office commence. Je tombe sur ma chaise. Tristan ne comprend pas. Moi non plus.

« Bienvenue, Sacha ».

Le cardinal officie. Il est devant l'autel, vêtu comme si la messe avait lieu au Vatican. Les fidèles autour de nous se retournent vers moi. Sœur Raphaëlle et Sœur Miriam apparaissent aux côtés du cardinal, en pleine transe spirituelle. Les visages qui me fixent me sont inconnus et, pourtant, familiers. Quel paradoxe.

« Je suis si heureux que tu sois parmi nous, me lance le cardinal, écartant les bras. Mon fils, tu es arrivé aux portes de ta nouvelle vie.

— Éminence, je...

— Laisse-moi, je te prie, t'expliquer.

— Je vous écoute, dis-je en approchant de l'autel.

— Sacha, que fais-tu ?! me hurle Tristan, paniqué.

— Ne t'en fais pas ».

Le sourire que je lui lance le rassure. Il s'approche au premier rang et s'assoit à la dernière place, comme si tout avait été préparé.

« Sacha. Le seul à avoir pu manier l'épée de l'Esprit. A avoir pu combattre les forces les plus occultes, les satanistes.

— Je suis déjà informé de tout cela, Éminence.

— En effet, Sacha. Mais pas de notre découverte. Nous devrions remercier l'Église Anglicane de la mission qu'ils t'ont confiée.

— Et en quoi ? m'agaçai-je.

— Grâce à eux, nous avons compris. Souviens-toi, mon fils, lorsque tu nous es arrivé.

— Lorsque vous m'avez protégé et sauvé.

— Nous avons scellé tes terreurs, mais nous avons aussi cristallisé tout le mal qui t'entourait.

— Je ne comprends pas.

— Nous non plus, nous ne comprenions pas. Mais, Lui, comprit ».

L'orgue recouvre désormais tout bruit qui pourrait être émis au cœur de cette église. Je suis à deux mètres du cardinal, dans l'espoir de déterminer l'identité de l'inconnu. Une lumière blanche apparaît au loin, sans que je ne sois en mesure d'en percevoir la source exacte.

« Sacha. Pardonnez l'Humanité pour avoir été votre bourreau. Pardonnez l'Église pour vous avoir contraint à continuer à lui faire face ».

Devant moi, le vieil homme se dresse. Le Pape.

« Le Très Saint-Père a compris, lors de mon dernier compte-rendu que nous étions coupables, Sacha. L'épée de l'Esprit, arme ultime contre le mal, n'est autre que le Mal lui-même.

— L'Humanité a choisi le chemin du Serpent, et nous vous avons donné son arme. Pardonnez-nous, Sacha ».

A genoux, devant moi, le Pape baisse la tête, suivi par l'ensemble de l'assistance. Tristan, en dépit de son incompréhension, suit le mouvement.

« Votre Sainteté, je vous en prie, levez-vous.

— Pardonnez-nous, Sacha. Nous avons tenté de vous protéger, je vous en fais la promesse.

— Je te présente également mes excuses Sacha, ajoute le cardinal, je n'imaginais pas une seule seconde que notre action viendrait aussi sceller les ténèbres en toi. L'épée de l'Esprit s'en est nourrie et les déployait chaque fois davantage. Nous ne l'imaginions pas.

L'Éclatante revanche du Protecteur (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant