Chapitre 2 - La messe rouge

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Selene


Le Duc Anela portait un autre nom « le Vicaire Sanglant ». Il y avait plusieurs raisons à cela. On disait que sa première bataille avait été si sanglante qu'il en était revenu imbibé de sang et seul survivant de la Triade à laquelle il appartenait. Il avait réitéré cette action depuis. Les autres mouraient, mais lui demeuraient. On disait qu'il s'était tant battu dans ses autres vies qu'il était né dans celle-ci recouvert du sang de ceux qui l'avaient entouré, des monstres qui avaient tenté de le dévorer.

Il n'y avait pas un seul autre puresang sur les terres de Sang qui avait les cheveux et les yeux rougeoyants. Il n'y avait personne parce que ce n'était pas humain, mais bien monstrueux. Les autres puresangs qui escortaient aujourd'hui les civils de Vilsang portaient aussi les mêmes armures que nous. Des armures d'argent rouge rutilantes qui portaient la couleur du sang pour ne pas que les enfants puissent en voir les véritables résidus écarlates.

Même ainsi vêtu au couleur du sang, nous avions nos cheveux et nos yeux sombres qui permettaient de drastiquement faire la différence. Le Vicaire Sanglant, lui, semblait d'apparence cruelle. Oh, il était magnifique, même si ça ne devait pas être un charme qui plaisait à beaucoup. Il était terrifiant pour les enfants, mais un terrifiant si honorable qu'ils l'admiraient autant qu'ils le craignaient. Le Duc Anela semblait venir d'ailleurs, dans des terres reculées, mais il n'en était rien. Il était bien de Vilsang.

Il chevauchait dans les rues de Beausang en escortant les civils qui posaient sur lui des regards confiants, soulagé d'être protégé par un puresang comme lui. Si certains ne méritaient pas le titre de Duc, il n'en était rien pour lui. On avait peut-être entendu parler de « moi », Selene le fantôme, un titre bien moins racoleur que le sien, mais tout le monde connaissait le délicieux Anela. Beaucoup disaient qu'il était le vicaire de notre Dieu : « Rodel ».

Aujourd'hui serait la première fois que je ferais officiellement sa connaissance. Ainsi, simplement de vue, il avait toujours paru cruel et froid, mais ce n'était certainement qu'un air que donnaient ses cheveux et ses yeux écarlates. Nous étions habitués à associer cette couleur à la souffrance. Anela portait cruellement bien cette couleur. J'avais rarement, voire jamais, vu un homme aussi attirant que lui ; un délicieux repas donc. Il n'était pas grand comme le Duc Fratera ou aussi musclé que le Duc de Chersang.

Le Vicaire Sanglant avait des muscles léger, mais bien présent et une taille tout à fait convenable pour manier l'épée. Il n'était pas le plus vieux d'entre nous. Il était le plus jeune des Ducs et pourtant, il était plus important que tous. En guidant ceux de Vilsang jusque dans l'église, l'unique cercueil du corps retrouver de la défunte, son visage prit une délicate teinte triste. Il connaissait donc suffisamment la défunte pour en être touché.

Toute la population, dont moi, les suivîmes jusque dans l'église. Le Duc Anela se présenta en dernier devant l'hôtel. Notre Dieu Rodel était là, les mains ouvertes comme s'il portait le monde et ses six ailes largement ouvertes dans son dos, le regard baissé sur celui qui s'agenouillerait face à lui. Et ce fut son vicaire à cet instant. Son armure teinta tandis que ses genoux trouvaient avec humilité le sol. Ce fut, de loin, la plus belle des images que je n'avais jamais vu.

Lorsqu'il se releva, le visage tiré par l'émotion, il gagna les premiers bancs et je me décalai un peu afin de toujours l'avoir dans mon champ de vision. Le prêtre arriva, vêtu de sa longue soutane rouge qui laissait une grande traîne derrière lui, comme une rivière de sang. Il s'installa devant la statue et ouvrit les bras de la même façon. Le cercueil avait été déposé face à lui.

LA LOI DU SANG - LES SANGUINAIRES (BL/TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant