Chapitre 6.1

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Comme attendu, mon carnet de bal de ce soir est vide. Cécile considère cela comme un affront envers la famille Trawlley et boude dans son coin. Elle a passé tout le voyage retour à ruminer dans sa barbe, médisant des hommes qui étaient présents.

L'avantage que Cécile soit butée, c'est que le temps qu'elle ressasse les choses, elle est distraite et je négocie avec beaucoup de facilité une grasse matinée. Mon seul argument, c'était la question de l'éclat de mon teint, un visage fatigué ferait mauvais genre, même s'il est caché par un masque de plumes. Je profite donc de ma matinée en me prélassant dans cet incroyable lit, entouré d'une montagne de coussins en tout genre. Je me fais un petit cocon bien confortable qui est agrémenté par le petit déjeuner qui m'est gentiment apporté et déposé sur une table basse devant la cheminée. Un petit salon est aménagé dans cette immense chambre.

Mon repos fut interrompu par ma suivante qui débarque encore une fois, telle une tornade et qui se précipite dans la salle d'eau attenante à ma chambre. Elle fait couler un bain, avec une surdose de sels de bain et d'huiles essentielles. Toutes ces odeurs florales me donnent le tournis.

Elle me fait barboter pendant une bonne heure en me frottant le dos avec tellement de vigueur que j'ai eu l'impression qu'elle cherchait à retirer ma peau par la même occasion.

Plusieurs heures de torture m'attendent en suivant, la même rengaine qu'hier. Un corset, bien trop serré, et un chignon bien trop tiré. La seule chose qu'elle me fait délicatement, c'est mon maquillage, elle applique une poudre rosée sur mes joues à l'aide d'un pinceau tout doux puis elle étale du rouge sur mes lèvres à l'aide de son doigt.

Elle me revêt une nouvelle robe de bal, la bleue brodée de blanc, la plus sobre des trois. Pour compenser, elle m'asperge d'un peu de parfum, puis elle me confie un éventail en plus de mon châle. Mes chaussures me paraissent encore plus inconfortables que la veille, mes pieds n'ont toujours pas dégonflé et c'est une véritable torture. Je pense déjà prendre d'assaut le banc de pierre sur le balcon. Mais espérant, cette fois-ci, être seule dehors.

Avec encore beaucoup de délicatesse, Cécile me pousse dans le fiacre. Cette robe aussi passe difficilement, trop large pour l'ouverture du véhicule. Si cela continue, j'irai en robe de chambre la prochaine fois. Ou au moins avec de confortables pantoufles.

Heureusement, nous arrivons à l'heure voire légèrement en avance, mais Cécile arrive à faire traîner les choses. Si arriver en retard est mal vu, c'est aussi le cas si nous arrivons avec de l'avance. C'est totalement ridicule et ne laisse qu'une fine marge de temps pour arriver au final. Les règles de bienséances sont absurdes. Néanmoins,je peux prendre mon temps, pas besoin de courir derrière l'héroïne de cette histoire. Je peux donc choisir une place de choix pour regarder les évènements que je connais par cœur, telle la figurante que je suis dans sa réalité. D'un coup d'œil, avant qu'elle n'arrive, je cherche le prince, il est introuvable. Cela ne correspond pas au chapitre du deuxième bal cependant. 

Un prince à tout prix (Édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant