La meute de l'Ombre - Tome 1 Loup doré

Chapitre 9 - La transformation

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L'Alpha emmena Thalia jusqu'à une salle annexe, de marbre blanc insonorisée depuis l'extérieur. Il la déposa sur un banc doré recouvert de coussins rouge sang. À ses pieds, le loup doré ne le quittait pas d'une semelle. De temps à autres, il reniflait la main de la jeune femme, lui donnant une léchouille tandis que ses gémissements de douleur emplissait la pièce. Un seul regard du dominant l'arrêta de suite.

-Toi, le pointa-t-il du doigt. Quelle déception. Qui aurait crû que j'aurais un fils aussi stupide ?!

L'homme, resté sous sa forme de loup plongea ses iris or dans celles de son père.

-Nous savons tous les deux qu'il n'y a qu'une seule raison pour laquelle tu aies pu prendre une décision aussi inconsciente. Ce sont les droits inhérents à nos traditions ancestrales de pouvoir revendiquer sa femelle dans la meute. Mais bon sang, tu peux me dire comment on va l'expliquer ?! Dois-je te rappeler que la règle primordiale demeure le libre choix des recrues quant à leur destin ! Que cela te plaise ou non !

Il se massa le front, et lui cria dessus :

-Une revendication publique ? Non, mais sérieusement ?!

A ces mots, les oreilles de la bête se baissèrent et il courba l'échine. Soudain, Aaron, la nouvelle recrue aux cheveux roux s'approcha.

-Euh, je suis désolé de vous interrompre, mais je crois qu'elle souffre, là...

-Non, sans blague, rétorqua le dominant.

Miranda détailla Bran. Son chef, celui de la meute. Un mètre quatre-vingt-dix de muscles, des quadriceps de la taille d'un buffle, elle l'avait déjà vue sous sa forme animal, il était reconnaissable entre tous. Le loup était énorme, quatre fois la taille d'un humain, dépassant de deux têtes celles de ses semblables. Son pelage couleur de fumée, d'un noir d'encre, lui permettait de se dissimuler rapidement à la vue de ses proies.

Il passa une main sur son visage, regarda la belle allongée, en proie à une terrible souffrance qu'il avait connue des siècles plus tôt. Il ne supportait pas la douleur des loups, en particulier des siens, même nouveaux.

Miranda n'en pouvait plus. La tête baissée, elle s'agenouilla auprès de Thalia, face à Bran, et regarda son flan gauche. Son visage se crispa, et sous le regard insistant de son aîné, elle annonça :

-Je ne sais pas si elle va s'en sortir. Le poison s'étend très rapidement, il faut que la transformation physique débute avant qu'elle n'atteigne son cœur. Or, elle n'a pas commencé. Peut-être est-ce dû au fait qu'elle avait choisit de devenir une sorcière, et que quelqu'un l'en a empêché.

Son regard assassin visa le fils, qui poussa un léger grognement d'avertissement.

-Je te remercie, mon fils, dit-il sarcastique. Déjà qu'on a du mal à recruter des femelles, mais alors là, tu peux être sûre que l'année prochaine, il n'y  en aura aucune. La rumeur va se répandre, le fait que la transformation est très douloureuse, comme une traînée de poudre. Tu peux faire confiance aux vampires pour ça, et même à ces sorcières.

Le loup doré rentra sa queue entre ses pattes et baissa la tête.

-Roh, et puis comment lui faire confiance ! Elle ne peut pas devenir sorcière et louve, c'est absolument impossible !

-Sans vouloir te contredire, ce n'est pas l'urgence, intervint Miranda. Elle a perdu beaucoup de sang, il faut accélérer la transformation, où elle mourra. Je déteste prendre sa défense, mais si ton enfant l'a mordue, c'est qu'il a senti quelque chose de spécial.

Elle se mordit la lèvre, puis continua :

-D'ailleurs, il n'a toujours pas reprit sa forme humaine, en général cela est dû à un choc émotionnel. Tu connais une seule raison qui l'aurait pousser à[...]

-Non, ne dis plus rien. Ce n'est pas possible.

Le blond s'accroupit, dévisagea les traits défigurés de la jeune femme en proie à une terrible souffrance et gronda un son guttural, très bas. Soudain, son dos s'arc-bouta et elle hurla. Son épaule se déboîta, les muscles de sa cuisse triplèrent, éclatant son jean, et sa tête vira sur la gauche, laissant voir un pouls étrangement rapide, de couleur noire, le sang empoisonné par la morsure. Bran prit la main de la belle, et lui souffla doucement sur le poignet, la douleur sembla s'apaiser.

Le corps de Thalisa s'embrasa. Elle se releva très vite, son corps en fusion. Le sang bouillonnait dans ses veines, ses muscles se déchirèrent pour se reconstruire plus fort, plus solide. Ses os craquaient, se fissuraient, se rétractaient, pour laisser apparaître de puissants ossements. Le loup doré s'installa à côté d'elle, son corps en tension, il grogna contre son père et montra les dents. Il se plaça devant Thalia, face à son père, les oreilles dressées.

L'Alpha était furieux. Une telle humiliation, de la part de son fils, et il continuait, en plus. Cependant, il jeta un coup d'œil à Miranda qui confirma ses craintes d'un hochement de tête. Il savait ce qu'il devait faire. Alors, doucement Bran recula vers le centre de la pièce et attendit.

Stressé, la bête se posta derrière la femme et lui lécha sa blessure. Le sang s'arrêta de couler. Elle se tordit à même le sol, nue. Et une fourrure commença à recouvrir la louve. D'un blanc, nacré, pâle, striée de gris comme ombrée de fumée, une magnifique louve féroce se tint devant la meute.

Aaron recula cherchant la protection de son Alpha, il n'avait pas mesuré la portée de la douleur qu'il allait subir, celui-ci le rassura :

-Tu n'auras pas aussi mal. Thalia a souffert car la partie sorcière en elle se défendait contre la morsure. Elle l'a rejetait farouchement. En principe, ça ne fait pas aussi mal.

Comme le voulait la tradition, Bran s'approcha lentement de la nouvelle louve, détaillant ses pattes énormes et blanches aux griffes acérées. Ses flans étaient creusés, ce qui était plutôt normal pour une femelle, et son museau blanc. Incertaine, elle recula, oreilles couchées, apeurée et méfiante, ce qui envoya valser le banc contre le mu qui s'écrasa au sol. Elle eût un mouvement de recul, et tressailla, mais la truffe mouillée de son congénère doré la rassura.

L'Alpha lui présenta sa main, qu'elle renifla.

-Magnifique. Nous avons une nouvelle recrue, une femelle !

A ces mots, toute la meute s'agenouilla. Deux cents loups posèrent un genou au sol devant ce spectacle.

-Bienvenue dans la meute de l'Ombre, petite louve, ajouta-t-il solennellement, un sourire aux lèvres.