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( nda ) j'adore poster des nouvelles histoires, et celle-ci me fait particulièrement plaisir à poster car elle est spéciale pour de nombreuses raisons. j'en ai déjà un peu parlé pour ceux qui viennent après avoir lu ma précédente fanfiction, Noires sont les cendres, mais celle-ci sera radicalement différente.

finis les zombies et les morts à chaque chapitre ! le seul leitmotiv entre Cendres et 7h39, ce sont les moyens de transport, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. après le train, le bus ! l'arrêt de bus, pour être précise. peut-être parce qu'il a été mon lieu d'attente pendant trois ans, et qu'il continue de l'être par intermittence, j'ai eu envie d'écrire dessus.

aux arrêts de bus, tout le monde peut se croiser et c'est ce que cette histoire invite à découvrir. je ne l'ai taguée que comme 'soukoku' pour l'instant, mais je me laisse le temps de la réflexion pour savoir si d'autres couples s'y rajoutent. j'ai peur de vite tourner en rond même avec d'autres couples, alors j'attends de voir ce qui ressortira des premiers chapitres.

je monopolise votre attention encore un petit peu : cette histoire est sous le signe de la nouveauté. je l'ai entamée après une période compliquée en écriture, un long syndrome de la page blanche et beaucoup d'insatisfaction de tout ce que je pouvais produire. le style en lui-même est différent de ce que j'ai pu faire jusqu'à maintenant ; en même temps, il est plus proche de ce que je lis en termes de plume et de trame. moins d'action, plus d'introspection. mais toujours bien sûr notre duo adoré qui ne peut pas s'encadrer 👀

ah, et merci à notre dictatrice favorite pour avoir été ma juge de cover qui marque le début de mon nouvel aes - ça fait longtemps que tu ne m'as pas bully ici, ça ne me manque pas mais un peu quand même j'avoue donc j'espère que tu verras ça vite. 

allez, cette fois-ci, je me tais et je vous laisse lire le prologue ✨️ bonne lecture ! <3

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prologue; premier jour

Tous les matins, à l'arrêt de bus, Chuuya aperçoit ce type bizarre qui le dévisage en silence. Il a les cheveux bruns coupés courts, presque un peu ondulés ; son œil droit est dissimulé par un cache-oeil qui lui donne des airs de gamin qui aime jouer aux pirates et pourtant, Chuuya sent son regard sur lui avec autant d'intensité que s'il avait bien deux yeux.

Il le fixe avec insistance, mais ne lui a jamais adressé la parole malgré les trois mois qui se sont écoulés depuis que le rouquin a commencé à venir à cet arrêt de bus. Par moments, Chuuya lui rend son regard perçant mais jamais il ne brise le mutisme dans lequel ils sont tous les deux enfermés. L'autre non plus ne vacille pas ― c'est à peine s'il cligne des yeux lorsque Chuuya le fixe en retour, comme si briser leur faible contact visuel lui paraissait impensable.

D'ailleurs, c'est toujours le jeune homme aux cheveux flamboyants qui le brise en premier, lorsqu'il comprend que l'autre ne parlera pas plus aujourd'hui qu'hier.

Il se demande si l'autre est mutique, ou s'il apprécie juste de le dévisager sans jamais rien dire et de laisser ainsi Chuuya se demander encore et encore ce qu'il lui veut. Il y a souvent du monde à cet arrêt de bus, et pourtant jamais le brun ne fixe quelqu'un d'autre que Chuuya. Même lorsque le bébé que sa mère emmène chez sa nourrice se met occasionnellement à pleurer, même lorsque l'actionnaire déjà pendu à son téléphone hausse la voix pour donner ses ordres à ses subordonnés, même lorsque la vieille dame inquiète tout le monde en descendant du bus avec son caddie plus grand qu'elle ― jamais l'orbe noisette posée sur lui ne se détourne.

C'est effrayant d'une certaine façon. Dans les premiers temps, Chuuya a pensé que ce type n'allait peut-être pas bien ― voire pire, que c'était un psychopathe qui allait le suivre jusqu'au lycée et l'étrangler dans la ruelle sombre qu'il traverse pour arriver plus vite aux grilles de l'établissement ― mais rien d'étrange ne s'est jamais produit.

D'ailleurs, le garçon ne prend même pas le même bus que lui.

Lorsque celui de Chuuya arrive, le bus scolaire déjà rempli d'autres élèves qui habitent plus loin dans la ville, il ne bouge pas d'un pouce. Il reste assis sur le banc inconfortable de l'abribus ― Chuuya ne comprend pas comment il peut y rester sans bouger pendant si longtemps ― et le regarde partir. Le jeune homme aux cheveux flamboyants suppose qu'il prend une autre ligne de transports, peut-être le bus qui passe après le sien, à 7h39 précisément. Mais dans ce cas, pourquoi arrive-t-il si tôt ? Le bus de Chuuya est à 7h34, et il arrive en général vers 7h30 pour être sûr de ne pas le rater s'il a quelques minutes d'avance. Le brun est déjà là lorsqu'il arrive ― et considérant le monde qui entoure en général l'arrêt de bus à cette heure-là et le fait qu'il est toujours assis sur le banc, il arrive sans doute encore plus tôt que cela.

Il y a plein de questions que Chuuya aimerait lui poser, mais aucune ne franchit jamais ses lèvres. Il n'a pas envie d'être le premier à briser le silence. Il a toujours été du genre têtu ― sa mère n'a jamais cessé de s'en plaindre et continue encore de le faire aujourd'hui. Tu me ressembles, tu ne cèdes rien aux autres. C'est vrai, ils ont ce trait de caractère en commun. Chuuya aime le voir comme quelque chose de positif.

Matin après matin, la même routine s'écoule. Qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, le brun est là, emmitouflé dans un immense sweatshirt qui empêche Chuuya de voir s'il porte ou non un uniforme scolaire ― le pantalon droit qu'il porte y ressemble, mais il ne semble jamais avoir de sac de classe avec lui et il n'y a pas d'autre lycée que le sien aux alentours à sa connaissance, alors il n'est pas certain. Il a déjà cherché cet étrange inconnu du regard dans les couloirs de ce qu'ils appellent familièrement la prison, sans jamais l'apercevoir. Peut-être n'y va-t-il pas en effet, ou peut-être est-il doué pour disparaître. Pour être honnête, s'il ne fixait pas Chuuya avec autant d'insistance chaque matin, le lycéen ne l'aurait sans doute jamais remarqué. Il a cette étrange capacité de rester aussi immobile qu'une statue ; le rouquin ne serait pas surpris qu'un jour, quelqu'un s'assoie sur lui par mégarde.

Il se demande si le type briserait son contact visuel avec lui si cela arrivait.

Il sait qu'il devrait trouver cette attitude inquiétante ― c'était le cas au début, naturellement ― mais il a fini par s'y habituer. L'autre ne tente jamais rien ; il semble au contraire satisfait par leur absence de proximité. Peut-être qu'il est amoureux de toi, a hasardé son petit frère Arô le jour où il lui a raconté cette histoire pour avoir un point de vue extérieur sur la question. Tu lui plais, mais il ne sait pas comment t'aborder alors il attend que tu le remarques. Mais pourtant, Chuuya l'a remarqué. Ils se regardent souvent dans les yeux sans que rien ne change dans cette étrange relation muette qui les unit désormais.

Il n'est pas certain que l'explication soit aussi enfantine que cela ― mais les seules autres qu'il parvient à trouver sont fantaisistes ou au contraire terrifiantes. Alors Chuuya maintient le statu quo, sans doute parce qu'au fond il ne veut pas de réponse claire. Il aime bien l'ambiguïté qui les unit et qui lui permet de trouver sa propre explication ― ou, dans le cas présent, de ne pas s'y attarder trop longuement et de considérer l'attitude de l'autre comme dénuée d'arrières-pensées.

Il s'est habitué au mutisme qui les entoure et les caractérise.

Tant et si bien que le jour où le brun le brise, il a la certitude que beaucoup de choses vont changer.

« Tu ne penses pas que de tous les robots, les GPS sont les mieux placés pour détruire l'humanité ? »

7H39 - 𝘀𝗼𝘂𝗸𝗼𝗸𝘂Où les histoires vivent. Découvrez maintenant