Will There Be Enough Water

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Los Angeles, 25 Juillet 2022

Joseph et Ricardo roulerent un moment au hasard dans Los Angeles. Ils riaient franchement en discutant simplement.
- Tu parles pas publiquement de ton homosexualité ?
- Non... J'y réfléchis souvent. Mais... Ça me fait flipper. Cette incursion dans ma vie privée. C'est pas que j'ai envie de me cacher ou que j'ai honte. J'ai jamais été là dedans. J'ai toujours été à la Pride, j'ai fait toutes les manifs pour les droits LGBT... Alors je m'en veux de pas faire ma part. Mais je sais pas, c'est beaucoup. Ma tête partout sur les réseaux, les gens qui fantasment qui je suis... Ça me fait peur.
- Je te comprends je crois. Ça doit être bizarre, devenir célèbre du jour au lendemain... Comment tu as su que tu étais attiré par les hommes toi ?
- Je suis pas vraiment un exemple. J'ai pas eu de grande révélation. J'ai jamais regardé les filles. Et très vite j'ai rencontré d'autres garçons comme moi. J'ai eu des modèles, je gravitais dans un milieu où c'était OK d'être homo... Et toi ? Comment c'était ?
- Assez compliqué pour moi en grandissant. J'ai eu du mal à admettre qui j'étais. Ça se faisait pas chez moi. Mais je suis tombé amoureux d'un garçon dans mon équipe de foot. Cliché non, dit il en souriant ? Moi je le regardais depuis longtemps... Dans son short court, ses cheveux longs... Il était tellement beau. Je me sentais dégueulasse d'avoir des idées pareil. Je pensais que j'étais tordu, fou, je voyais bien comment on traitait les pedes dans mon quartier. Au mieux on les insultait. S'ils avaient pas trop de bol on leur cassait la gueule. Et si vraiment ils avaient une mauvaise étoile, on les retrouvait mort dans un coin.
Joseph gardait le silence. Il écoutait Ricardo avec attention. Il mesurait le privilège qui était le sien. Ricardo reprit :
- Un soir après l'entraînement je faisais partie des derniers dans les vestiaires. Je me douchais, je pensais que j'étais seule. Et José, c'est comme ça qu'il s'appelait, est venu me rejoindre sous les douches. Je te fais pas un dessin, dit il dans un sourire. C'est la première fois que j'embrassais un garçon. Et la première fois que j'en suçais un, dit il en riant, rapidement rejoint de Joseph.
- On se retrouvait souvent derrière le stade après l'entraînement de foot. Il n'y passait jamais personne. Je crois que j'étais amoureux pour la première fois. Qu'est ce qu'il était beau... Il avait les cheveux bouclés un peu comme toi. Mais très noirs et la peau plus sombre... Il avait un peu les mêmes yeux que toi quand j'y pense.
On a finit par se faire attraper. Un type qui connaissait nos parents nous a dénoncé. Putain ce qu'on s'est pris dans la gueule... Mes parents m'ont foutu dehors après m'avoir éclaté la figure. José lui il a jamais voulu me reparler.
J'ai dû me démerder. J'avais 16 ans. J'ai fait des trucs dont je suis pas très fier, qui auraient vraiment pu m'attirer des emmerdes. Alors quand je voyais des célébrités gay, je me disais que c'était possible. C'est peut être idiot. Ça me permettait de m'évader, de me donner du courage, de me dire qu'on pouvait être heureux et mener une belle vie en étant comme moi...
Ricardo parlait en regardant droit devant lui mais Joseph avait remarqué ses yeux humides. L'anglais posa une main sur la cuisse du brésilien pour le réconforter. Ses mots avaient touché quelque chose au fond de Joseph.

- On s'arrête boire un verre ?
Pas si innocemment, Joseph s'était dirigé vers West Hollywood, le quartier LGBT historique de LA. Les deux hommes s'installèrent à une table et descendirent quelques bières en riant.
- Je vais m'arrêter là sinon aucun des deux ne sera en état de ramener l'autre, souria Ricardo.
- Tu fais bien. Parce que j'ai l'intention de continuer à picoler, parce que je voudrais qu'on aille danser après.

Ricardo tentait d'apprendre des pas de samba à Joseph sans grand succès mais l'anglais riait à gorge déployée et dansait sans se soucier de rien. Il tenait Ricardo par la taille et les deux hommes s'embrassaient joyeusement.
- Joseph tu sais qu'on peut nous voir, les gens te reconnaissent.
- Je m'en fous, j'ai pas envie de me cacher. J'ai envie de profiter.

No More Good GuysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant