No More Good Guys

When My Boy Walks Down The Street

Joseph s'était a nouveau réveillé à côté de Ricardo. Cela commençait à devenir une habitude. Les cocktails et les bières de la veille cognaient les uns contre les autres entre ses tempes.
- Oh je vais avoir une tête moi sur les photos putain...
- Tu dis n'importe quoi, t'es toujours très beau répondit Ricardo en l'embrassant.
- C'est l'alcool qui t'embrume la vue Ric' continua Joseph en s'allongent sur son amant.
- Ric'? C'est nouveau ça, rit le brésilien.
- Embrasse moi et tais toi.
- Tu vas être à la bourre.
- J'ai un pilote de génie.

Ils allaient faire le shooting avant l'interview. Alors Joseph regardait son reflet depuis bien trop longtemps pendant qu'on corrigeait son teint de gueule de bois, ses cernes des heures de sexe et qu'on coiffait savamment ses boucles.
Les tenues étaient plus sobres que ce dont il avait l'habitude. Si dans la vie, le t shirt basket et l'occasionnel costume étaient son uniforme, il appréciait particulierement de tenter des tenues plus originales et travaillées.
On lui proposait des costumes de grands couturiers, très sophistiqués et modernes, des couleurs sobres, neutres naturelles. Le twist était dans les accessoires, des bagues, des colliers, des bottes, des baskets à plate-forme, du vernis à ongles et l'absence de chemise. Parfois des hauts en transparence, néons...

Poser devant l'objectif lui venait naturellement. Il avait l'habitude des caméras, d'être regardé et ne se prenait que peu au sérieux. Il pouvait passer du dandy, au male séducteur, en passant par le jeune premier ou le rebelle au yeux de braises. Il pouvait aussi faire l'imbécile et le clown. Ce qu'il faisait d'ailleurs régulièrement entre deux prises.
- Je crois que c'est dans la boîte.

Joseph était maintenant installé dans un grand salon avec le journaliste qui allait mener l'interview. Quelques personnes gravitaient autour d'eux, un téléphone à la main, un tas de papiers sous le bras, s'agitant devant une machine à café. Dans un coin de la pièce à la déco riche et sophistiquée, Ricardo gardait un œil séduit et protecteur sur son anglais.

Le journaliste commença par une série de questions assez bateaux sur Stranger Things et l'actualité de Quinn, puis enchaîna :
- Avez vous joué Eddie comme un personnage queer ?
- Je ne suis pas sûre de savoir comment jouer un personnage queer... Culturellement il en est assez loin. Dans l'imaginaire collectif je suis pas sûre que le rock et a plus forte raison le métal soient vus comme des éléments de la culture lgbt. Alors qu'on a eu de grandes figures comme Freddie Mercury ou Rob Halford... Après il y a clairement une composante de liberté et de dénonciation des codes chez Eddie qui peut être vécue comme queer. De la a vous dire que je n'ai rien instillé de moi dans Eddie, et un sous texte gay relatif... Peut être bien dit il avec un sourire. Et l'écriture m'a laissé cet espace, dans les silences où j'ai pu jouer avec des regards et un peu d'impro.
- Justement, parlant de vous, il y a eu récemment des photos volées dévoilées sur les réseaux et dans une certaine presse. Comment l'avez vous vécu ?
Joseph prit une grande inspiration.
- Et bien depuis la diffusion de la série ma vie à drastique ment changé. Enfin. Je vis toujours de la même façon mais maintenant on me reconnaît quand je vais faire mes courses ! Je suis épié quoi que je fasse. Donc ça n'a pas vraiment changé, sur cet aspect. Je savais à quoi m'attendre quand je suis allé dans ce club avec mon ami.
- Alors c'était presque programmé ?
- Programme non. Attendu, oui.
- Et qu'est ce que vous en attendiez justement ?
- Et bien, pas grand chose si ce n'est vivre ma vie sans avoir à me cacher. Si j'avais été Hetero je ne me serais jamais posé la question. Alors j' ai décidé que ça ne devrait pas être différent. Même si évidemment ça l'est. Être lgbt ça dit quelque chose de notre identité. Et pour moi, de mes valeurs et de mes combats.
- Vous êtes militants ?
- Non on peut pas dire ça. Mais j'ai une conscience des luttes. J'ai participé à plusieurs manifs, à des actions, j'ai distribué des tracts. Et évidemment je rate pas une Pride !
- Qu'est ce qui va changer pour vous maintenant ?
- J'espère que rien ne va changer, hormis le fait que je sois sortie à nouveau de placard, dit il en riant. Peut être qu'on me proposera des choses différentes. Je fais assez confiance aux réalisateurs pour ne pas me cantonner à un rôle. Les choses ont un peu changé maintenant. Il y a plein d'acteurs gay et lesbiennes qui ont une carrière passionnante.
- Vous êtes très apprécié des fans de Stranger Things et notamment du public Queer, vous allez devenir une icône pour ces gens là.
- Une icône je pense pas dit il en riant un peu gêné. Non c'est surtout que je me rends compte que j'ai vraiment une place privilégiée et que peut être quelque part je me sens redevable. On, enfin les gens avec une certaine notoriété, on peut pas se cacher, c'est trop important. Si je peux montrer à quelques jeunes, ou moins jeunes, qu'il y a rien de problématique ou honteux à être gay, qu'on peut vivre une vie tout à fait heureuse, alors je serai heureux moi même.
- Vous pensez que les personnes lgbt connu ont une responsabilité ?
- Je crois oui. Qu'à notre échelle on a quelque chose à faire. On peut pas se cacher et perpétuer une idée de honte. On se bat encore pour nos droits. Dans certains pays c'est encore synonyme de mort d'être LGBT. On peut pas faire comme si de rien.

Lorsque l'interview et le shooting furent terminés, Joseph rejoint Ricardo qui le regardait d'un œil charmé. Avec une main sur la taille de l'anglais, Ricardo le felicita :
- T'as été parfait, dit il en collant ses lèvres sur sa joue. Et dis donc devant un appareil photo tu te débrouilles bien ! J'aurais presque eu envie de te déshabiller...
- Arrête tes conneries répondit Joseph en l'embrassant. Mais si tu veux me déshabiller faut rentrer à l'hôtel ajouta t il avec un clin d'œil.

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Beaucoup d'attente pour un chapitre un peu court. Mais Jamie revient dans l'épisode suivant !