6 - Le vιѕαɢe dυ мeɴѕoɴɢe

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Tirant sa valise derrière elle jusqu'à passer la porte d'entrée, elle l'abandonna finalement contre un mur de la grande salle de réception, tel que leur intima Izuku avant de rejoindre le salon principal.
Retenant les tremblements internes qui secouaient sa poitrine, Ochaco s'appliquait à maitriser son souffle, comme le lui avait appris le commissaire Yagi en personne lors de mises en situation visant à entrainer son travail d'infiltration.
Soudain, elle pensait à lui, qui devait probablement se ronger les ongles et les doigts en songeant à ses deux enquêteurs, livrés à eux même entre les murs du Parador, priant pour que tout se déroule sans incidents majeurs.

A côté d'elle, Denki semblait plus rigide que d'habitude, bien que conservant son sourire habituel, et sa petite répartie propre à lui, qu'il se permettait de ressortir de temps à autres pour apaiser les ondes d'angoisses que sa collègue diffusait involontairement dans toute la pièce.
Puis, marchant pour la deuxième fois sur cette moquette rouge bordeaux, que ses semelles déformaient momentanément sous ses pas, elle avala sa salive pour se donner le courage nécessaire.
Maintenant qu'elle s'apprêtait à rencontrer les autres habitants de l'hôtel, une terreur sourde vibrait dans son ventre, lui insinuant des menaces nouvelles et des inquiétudes profondes quant à l'accueil qu'elle recevrait de la part de ces inconnus.

Toutefois, il lui fallait garder la tête haute, surtout ne pas perdre la face.
Dans cet hôtel, tout le monde était son ennemi, et n'importe quel habitant pouvait la démasquer si elle ne s'accrochait pas suffisamment bien à sa couverture.
Alors, donnant plus de confiance à ses gestes, suivant de près le propriétaire des lieux et la stature délicate d'Eijiro qui se tenait entre eux deux, elle s'obligea à ne pas baisser le regard en entrant dans le salon, et coula un regard entier sur l'ensemble des occupants de la salle, qu'elle rencontrait enfin.
La réunion prenait des airs d'assemblée générale, tandis qu'une vingtaine de personnes se tenaient là, autour de la grande table ovale en bois verni.

Des visages tous différents les uns des autres, des regards plus ou moins rassurants et des expressions parfois joviales, d'autre fois carrément fermées.
Aussi, sur un des bout de la tablée, elle reconnut sans mal les traits du dénommé "Katchan", assit bien droit et beaucoup plus éveillé que lors de leur dernière entrevue.
Cette fois, il maintenait ses épaules hautes et confiantes, les yeux rivés vers les deux nouveaux arrivants avec un aplomb menaçant.

Ses cheveux blonds ne gênaient plus ses paupières, ses mains posées sur la table lui donnaient des allures de conquérant, et cette nouvelle posture de lui même tranchait complètement avec celle observée dans le salon privé.
Les lignes de sa mâchoire trahissaient presque une forme de haine, ou de colère sans fin, alors même qu'il ne les connaissait pas.

_ Bien ! trancha Izuku en restant debout aux côtés des nouveaux arrivants. S'il vous plaît, je vous demande de faire un accueil chaleureux à Ochaco et à Denki. Ils vont dès aujourd'hui vivre sous ce toit à nos côtes, et feront officiellement partie intégrante de la communauté à compter de ce soir. Je me charge des présentations, et je vous laisserais faire connaissance en suivant.

Ainsi, il prit le temps d'énoncer tous les noms un par un, accompagné d'un petit commentaire sur le caractère ou les passions de chacun.
La liste s'étirait au total à dix neuf personnes en réalité, sans compter Denki et Ochaco eux mêmes.
Cette dernière du reste, s'efforça de retenir les identités aussi fort que possible, avec la détermination de les inscrire dans son nouveau carnet une fois dans sa chambre pour être sûr de ne pas les oublier, et également pour en garder une trace certaine.

Enfin, elle put s'accorder le temps de découvrir sa chambre, cette pièce personnelle qu'Eijiro lui avait indiquée plus tôt, et qui s'étendait sur un peu plus de dix mètres carré.
Elle présentait un lit à baldaquin, datant clairement des débuts de l'hôtel, mais dont le style avait plutôt bien vieilli.
Bien que montrant quelques traces de fatigue et d'usure, le bois du cadran conservait son odeur artisanale, et les empreintes gravées de plusieurs arabesques vraisemblablement dessinées à la main.
Dessus, un matelas plus moderne, mais pas de première fraîcheur non plus, se pavanait dans des draps blancs, sous une couverture fine pliée en quatre, qui attendait sûrement la fin de l'été pour reprendre du service.

Iɴтrα Mυroѕ ☣ ʰᵃˡˡᵒʷᵉᵉᶰ ˢʰᵒʳᵗ ˢᵗᵒʳʸOù les histoires vivent. Découvrez maintenant