Milan et Zoé

Chapitre 1

Milan plonge sur moi et me plaque au sol. Le bruit de balle sifflant au-dessus de nos têtes me perce les tympans. La scène se déroule au ralenti dans ma tête tandis qu'en réalité, elle se joue en quelques secondes. Le garde du corps de mon père, le future président des Etats-Unis, me recouvre de son corps en acier trempé, me protégeant du coup de feu. Ce n'est pas que je me plaigne d'être sous un mec musclé, hyper sexy et tout et tout, mais le lieu n'est pas vraiment intime.

"- Comment ça va Zoé ? Il me demande.

- Super, sauf que j'ai l'impression d'avoir pris quatre-vingts kilos. Je réponds.

- Maitresse Zoé Harrington, toutes mes excuses. Je ne voulais que te sauver la vie. Il dit.

- Si tu continues de m'encrasser, je vais succomber à cause de toi." Je dis.

Milan me laisse enfin respirer. Il me tend la main. Je l'attrape et me retrouve sur mes deux pieds. Ses yeux couleur lagon me scrutent étrangement. Pour éviter de plonger dans cet échange visuel trop intense, je lui donne une petite précision sur mon métier.

"- On dit Maitre pour une avocate aussi. Milan, maitresse, c'est le terme pour..."

Je m'interromps avant de dire une bêtise. Milan attend la fin de ma définition, mais il ne l'aurait pas. Je plaide tous les jours, mais à cet instant, les mots me manquent. Le contre coup du choc resonne soudain en moi. Le déroulé de la journée remonte par vague dans l'ordre chronologique. Les mots fusent dans mon esprit comme les titres. "Papa, élection, campagne, meeting, discours, Pam, coup de feu." je pense. Le dernier titre est l'épisode qui dure le moins longtemps en temps, et le plus long en termes de pages écrites. Un autre grand titre passe devant mes yeux. Milan Taylor.

"- Zoé, je dois te mettre à l'abris." Il me dit.

Décidément le temps a une distorsion aujourd'hui. Mes pensées m'ont occupée à peine dix secondes et j'ai l'impression qu'il s'est écoulé deux heures.

"- Mademoiselle Harrington !" Dit Milan.

Sa voix grave me fait frissonner et je sursaute. Milan perce mes pensées.

"- Tu as besoin de te remettre de tes émotions, viens." Il dit.

Il m'enserre et m'entraine vers l'arrière-salle. A l'abri, Milan m'oblige à m'asseoir sur une chaise.

"- ça va, je vais bien. Je dis.

- Normal, après un choc, l'endorphine est encore présente dans ton corps. Il dit.

- Merci Dr Milan Taylor." Je réponds.

Il m'adresse un sourire torve. Dans le même élan, il se touche le cou et s'aperçoit qu'il a perdu sa chaine.

"- Je crois que je te l'ai arrachée quand tu m'as poussée à terre. Je dis.

- C'est sans importance. Il dit.

- Les anciens militaires sont attachés à leur médaille. Je comprends que tu veuilles la retrouver. Je lâche.

- Ce n'est rien, je t'ai dit." Il répond d'une voix plus dure.

Si j'étais militaire, je me mettrais au garde à vous, mais je suis avocate, alors...

"- Ok, ce n'est qu'un bout de ferraille. Ça m'a toujours fasciné l'intérêt que vous, les anciens militaires, portez à cet objet." Je lance

Ma réflexion n'est pas très bien accueillie par Milan. Toutefois, il serre les dents, et ne dit rien... Sa main cherche machinalement sa chaine avec sa plaque. Puis je vois briller quelque chose sous sa cravate. Ma main plonge dans son cou et retire la chaine. Pendant que j'extirpe le bijou, je sens sa pomme d'Adam se bloquer au passage de mes doigts.