Chapitre 3

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Milan ramasse les déchets de notre repas et les dépose dans une poubelle. Il inspecte les environs d'un coup d'œil circulaire. En revenant vers moi, il s'installe de nouveau sur le banc en face de moi. C'est comme une avancé phénoménale, car jusque-là, à part dans les lieux clos comme la chambre d'hôtel ou chez moi, Il mange toujours à distance. J'apprécie qu'il fasse cet effort. Mais encore une fois, ce n'est que pour être pardonné. Moi, je ne regrette pas notre baiser. Ce qui me chagrine est qu'il m'ait abandonnée.

Puisqu'il faut oublier notre baiser et m'interrogatoire que ne mène, je me pose le dos contre un arbre et j'attrape un livre que j'avais jamais eu le temps de finir. Je profite de cette soirée pour décompresser. Il est encore beau. Il faut tôt. Milan semble disposé à ne pas m'imposer son couvre-feu stupide. J'inspire donc à fond et lis.

J'ai grapiller minute par minute pour obliger Milan à me laisser bouquiner tranquille. Une jolie lune ronde illumine le parc. Les lampadaires dispensent une douce lumière sur les allées. Je ne me suis pas sentie aussi bien depuis des mois. Mon travail au sien du cabinet me prend tout mon temps. Et la nuit, je pense aux affaires à traiter le jour. Autant dire que je n'ai pas une minute à moi.

Cette pause au parc est tombée à point nommé. Elle me permet de réfléchir à mon avenir proche. Je ferme les yeux et me délecte de l'instant présent. Je n'ai plus aucune envie de lire, je ne veux que succomber au bonheur de ne rien faire. Si je pouvais, je dormirais sur ce tapis de verdure, emmitouflée d'un halo lunaire. Seulement les rêves ont une durée de vie limitée. Soit vous vous réveillez et vous tombez dans votre lit. Soit un garde du corps interrompt vos flâneries.

"- On rentre. Dit Milan.

- Déjà ! Je dis.

- lève-toi Zoé, on rentre à l'hôtel. Il répond.

- Hey, tout doux !" Je lance.

J'effleure le bas de son pantalon sans le vouloir. Il trésaille imperceptiblement.

"- Je ne me donne pas au premier venu, MR. Tu as l'air bien pressé tout à coup." Je dis.

Ma tentative pour le déridé échoue lamentablement. Milan ne prend même pas la peine de répéter une troisième fois, ni même de me répondre. Il m'empoigne par le bras et me soulève. Durant une fraction de seconde, mes pieds nus ne touchent même plus le sol. Il s'aperçoit qu'il m'a bousculé.

"- Excuse moi." Il marmonne.

Sa voix est à peine audible. De toute façon son excuse ne vaut rien. Elle est sortie comme ça. Il est à l'affut, les muscles bandés sous sa veste. Pour une fois, il avant troquer son costume de garde du corps pour une tenue de ville. Les deux lui vont très bien. Mais revenons à la situation actuelle. Je me montre malléable et me chausse avant qu'il m'entraine autre part pieds nus. La mine fermée, Milan porte son attention au loin dans le parc. J'essaie de diriger mon regard dans le même sens, mais je ne vois rien.

Il est tard à présent et les lieux sont vides. Le joyeux brouhaha des enfants jouant, et les crie des mères les rappelant à l'ordre ont cessé depuis longtemps. Il n'y a qu'un silence enveloppant, les bruissements des insectes et nos respirations. Le calme ne parait plus serein. Il renferme quelque chose de mystérieux. Quelque chose d'inquiétant. Tout est trop silencieux d'un seul coup. Il semble que même le microcosmos animalier ait senti un danger. Et moi, je pressens un épisode identique à celui du meeting. Le souvenir de la balle rasant mes cheveux me rappelle que Milan est là pour me protéger. Et si j'ai besoin de protection, ce n'est pas pour rien au final.

"- Quelqu'un nous suit ? Je demande.

- Parle moins fort. Il dit.

- je ne vois personne. Je chuchote.

Milan et ZoéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant