Je cherchais un titre pour aborder le sujet des descriptions et une scène m'est venue à l'esprit : une personne non-voyante est assise sur un banc de parc et sourit. Vous arrivez à ses côtés, intrigué, et vous vous asseyez en silence. La femme tourne sa tête doucement vers vous et vous dit: "Fermez les yeux et décrivez-moi ce que vous voyez..."
Vous restez là, sans mots, les yeux toujours ouverts et vous vous dites que c'est là une bien étrange demande et pourtant, comme vous aspirez à devenir écrivain, vous vous dites que l'expérience en vaudrait peut-être la peine.
Puis, vous fermez les yeux et commencez à décrire l'environnement qui vous entoure. Vous vous sentez emporté, ennivré...
Voilà ce que l'on doit vivre lorsqu'on décrit une scène, un paysage, un visage, des couleurs, et ainsi de suite. Remarquez que cet exercice ne s'applique pas seulement au sens de la vue mais aussi à celui de l'odorat, de l'ouie, du toucher et du goût.
Nous vivons dans un monde où nos sens sont constamment sollicités. Durant nos heures d'éveil, des centaines de milliards de petites informations sont envoyées à notre cerveau qui n'en digère qu'une infime partie et interprète le reste par habitude, par expérience et par déduction. Il existe des mots plus scientifiques pour expliquer ce phénomène mais c'est une réalité.
Or, lorsque nous nous installons devant notre écran et que nous commençons à écrire, nous sommes soudain submergés par tout ce qu'on pourrait et voudrait dire. Et les mots se bousculent, tout s'embrouille et on s'écarte parfois du chemin où nous voulions amener notre lecteur (et nous-même, il va sans dire).
Or, cette façon d'aborder les descriptions, introduite plus haut, est une des méthodes que je chéris lorsque je me sens submergé par les nombreuses images qui me viennent.
C'est un peu comme prendre du recul et observer avant de poser un seul mot.
Évidemment, cette façon de faire permet de se concentrer sur l'essentiel, pour le plaisir du lecteur qui vous remerciera de l'épargner en matière de descriptions soit trop longues, soit inutiles.
Si vous avez déjà lu des classiques de la littérature française comme Émile Zola, Victor Hugo ou encore Proust, vous avez été exposé à une orgie de mots, souvent empaquetés dans de longs et pénibles paragraphes à déchiffrer, garnis de mots savants ou d'expressions aujourd'hui désuètes. Loin de moi de vouloir dénigrer ces grandes oeuvres qui sont d'une richesse inestimable. Mais, ils sont d'une autre époque. Une époque où le lecteur ne connaissait pas la télévision, le cinéma, le Web. Ce monde aujourd'hui révolu vivait de ces descriptions somptueuses des tissus, de chaque pierre et ornement de l'architecture, des pétales de fleurs, et de tout ce qui pouvait illustrer (en mots) le roman, afin de le rendre plus vrai.
Aujourd'hui, il n'est plus nécessaire d'étaler la moitié du dictionnaire dans un roman de cinq cent pages pour épater la galerie. Votre lecteur se lassera bien assez vite.
Ce n'est, de toute façon pas le cas, dans le milieu du roman contemporain et c'est un peu dommage, malgré tout. Car, il y a eu un effet contraire qui s'est produit: le minimalisme.
Cette maladie est hélas trop répendue dans les romans du vingt-et-unième siècle. On écrit en pensant que le lecteur s'imaginera bien de quoi aura l'air le coucher de soleil ou la rue achalandée en ne plaçant que quelques mots et en se concentrant sur le dialogue, abordé dans un des chapitres précédents.
Il faut prendre le temps de décrire les scènes que vous présentez, de faire un peu de cinéma, si je puis m'exprimer ainsi.
Si vous êtes amateur de cinéma, prenez quelques minutes pour chercher sur le Web un scénario de film ou de série. Qu'y découvrez-vous? Des dialogues seulement? Non, évidemment. Le dialogue est très important dans le septième art, j'en conviens, mais vous remarquerez que le scénariste prend le temps de décrire les lieux, les mouvements, les couleurs, qui sont en quelque sorte des guides pour le réalisateur ou le metteur en scène qui en rajoutera pour donner vie à ce qui doit être raconté à l'écran.
Vous êtes à la fois le scénariste et le réalisateur, lorsque vous écrivez. Oui, vous pouvez brièvement décrire que l'automobile tourne au coin de la rue, mais est-elle bondée de passants? La chaussée est-elle glissante, luisante après une petite pluie d'automne? Y a-t-il d'autres voitures, en grand nombre ou plutôt rares?
Tout ce que vous décrivez dans cette description doit non seulement être pertinent pour votre histoire, mais doit ajouter une troisième dimension à l'écriture, comme si vous filmiez la chose et que vous la transcriviez sur papier, bonifiant le scénario de base.
Les sens, dans nos vies, dans notre quotidien, jouent un rôle important dans la façon dont percevons le monde. Il faut donc savoir décrire ce que ressentent nos personnages, ce qu'ils voient, entendent, touchent, sentent et goûtent afin de les rendre plus vivants.
J'y reviendrais plus loin, car c'est un sujet très complexe à explorer.
Je tiens à remercier toutes les personnes q ui m'ont envoyé de gentils mots d'encouragement concernant cet ouvrage que je partage avec vous en toute simplicité.
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Bonne écriture et à bientôt!
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