Chapitre 1

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Chapitre 1 : Réunion

Je lui ai toujours dit qu'il n'y arriverait pas, qu'il n'a pas l'étoffe de devenir patron. Il a passé les dix dernières années à essayer de démentir mais il s'agit bien d'une vérité absolue.

Ça se remarque assez facilement. Surtout aujourd'hui, lorsqu'il essaie de présenter sa nouvelle technique marketing. Jamais sa présentation n'aurait été finalisée à temps sans l'aide d'Irwin. Il n'aurait même pas réussi à créer un PowerPoint lui-même. Il n'a jamais réussi à tenir un planning, à faire les choses correctement – même à l'université il utilisait son charme pour que les autres effectuent son travail à sa place. Il n'en a rien à faire des apparences, de la mention sur son diplôme. Je suis certaine que sa seule source de motivation était d'essayer de me surpasser, mais il n'a jamais réussi à ne serait-ce que m'égaler.

Sa présence parmi nous est encore un mystère à mes yeux.

Soudainement, une main apparue devant mes yeux et un claquement de doigt irritant me sorti de mes pensées. Devant moi, deux iris noires fronçaient les sourcils et attendaient une réaction.

« T'écoutes ? » demanda-t-il, visiblement agacé.

« Pas vraiment, » lançais-je, haussant un sourcil. « Mais j'attends que tu termines ton explication illogique et irréalisable pour voir jusqu'où va ta connerie. »

Ses yeux ne me quittaient pas, sévère, la mâchoire tendue. Le voir dans cet état m'avait toujours rendue euphorique, divertie par son manque de maitrise de lui-même. Lui qui voulait toujours contrôler sa vie ne réussissait jamais à contrôler ses émotions. Contrairement à moi. J'avoue aimer ce pouvoir, me sentir supérieure à lui.

« Continue, vas-y, » terminais-je.

Ses yeux se plissaient. Mon estime montait à l'instar de sa malice.

« Tiens, puisque tu sembles tout savoir, vas-y, éclaire ma lanterne. »

Me grattant la gorge, je repris le document constitué plus tôt dans la semaine et parcourait les éléments importants qu'il avait oublié.

« Pour des raisons évidentes, il faut que notre produit réponde aux critères établis. Donc, pour que notre produit remplisse les éléments du cahier des charges. Il ne faut pas oublier que les normes européennes diffèrent des normes américaines et japonaises. »

Se tenant debout face à moi, il se redressa, me surplombant totalement. Pensait-il vraiment m'impressionner avec son demi-sourire arrogant ?

« Donc toi, tout ce qui t'intéresse c'est le cahier des charges ? On le connait par cœur, on sait tous ce qu'on doit faire. Ce n'est pas important, les normes resteront les mêmes. Là, ce qui nous intéresse, c'est comment le vendre. C'est ça le sujet de la réunion. »

Foutaises. Il ne sait même pas où commencer.

« Et comment tu fais passer la frontière à ton produit si tu ne respectes déjà par les normes ? »

« Mais ce n'est que des détails ! »

« C'est un détail que le produit passe la frontière ? »

« On a l'habitude de gérer ce genre de choses ! » souffla-t-il bruyamment. « Et puis, ça ne sert à rien que le produit passe la frontière si on n'arrive pas à le vendre. »

« Et comment tu veux vendre un produit si tu n'as aucun échantillon ? »

« Mais, Alexis, écoutes... »

Un raclement de gorge l'interrompit et Monsieur Miller, le chef de l'entreprise, prit la parole.

« Oui, bon, continuez Monsieur Espinosa. Madame Williams, s'il vous plait, soyez plus attentive. »

La tubéreuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant